…plop! 3

Par Emia

6

Orlando se jette dans les bras de son père, tout mouillé, tout chaud, le coeur tressautant dans la gorge.

Frank, aveuglé par le soleil : « Qu’est-ce que… ? »

Le petit sanglote. Point de blessure visible. « J’ai donné un coup de couteau! » lance-t-il et redouble de pleurs.

« Il l’a coupé en deux ! » hurle Julie qui les a rejoints.

Marinette est sur l’escalier, couverte de sang elle aussi. « C’est le coussin, Docteur, le coussin gorgé de sang - »

Frank cherche à calmer son fils, à le prendre dans ses bras sans tacher sa chemise.

« On ne peut plus les arrêter le salon en est rempli ! » jappe Julie. « Orlando est allé chercher un couteau j’ai dit NON ORLANDO il m’a bousculée je suis tombée j’en avais MARRE ! Orlando l’a découpé parterre, il est MORT maintenant !!! » Elle reprend son souffle. « Papaa… », geint-elle.

7

Pendant ce temps, au volant de la 4×4, Elisabeth est arrêtée sur le quai Gustave-Ador. Tout autour d’elle, l’assourdissant vrombissement des moteurs lancés à plein régime. Chacun cherche à passer au plus vite l’ignoble couche de coussins écrasés, déchiquetés, explosés ; une fange sanguinolente couvre le bitume, les pelouses et les plates-bandes, d’où émergent de pauvres rosiers étêtés. Des silhouettes courent de-ci, de-là en agitant les bras ; ajoutant au tumulte, un hélicoptère tourne à basse altitude au-dessus des eaux démontées du lac.

Devant elle, une Porsche a quitté la route et s’est engagée sur la promenade du quai ; d’autres voitures la suivent ; Elisabeth gagne quelques mètres. Elle lâche le volant pour téléphoner à Frank, qui contient à peine son énervement. Il lui demande de rentrer, de ne quitter la route sous aucun prétexte, il lui dit aussi qu’Orlando est occupé à détruire les coussins avec l’aide de Marinette et de Julie pendant que lui, Frank, regarde le téléjournal, FLASH une pub dérape, Genève submergée par un sex-toy publicitaire ! Le cuddle-muddle échappe au contrôle de ses concepteurs et se multiplie de façon anarchique. Une bombe organique dévaste la ville : déjà 3 morts et 500 blessés. « Ca devait arriver » soupire-t-il -

«J’arrive mes chéris !» balbutie Elisabeth, en pensant à ses enfants.

Soudain, la voie est libre. D’un coup de pare-buffle, la 4×4 envoie promener une voiturette, dérape dans l’épaisse glu rougeâtre, redresse, retrouve la route, s’élance. Défilent platanes à gauche, villas à droite, épaves de voitures fumantes et ensanglantées ; des imprudents s’élancent à travers la chaussée, elle les évite de justesse.

… à suivre