Aurélie Boullet sort Zoé Shepard du placard

Publié le 19 septembre 2012 par Bordeaux7

Deux ans après le succès de son pamphlet sur les fonctionnaires, Aurélie Boullet, alias Zoé Shepard, endosse une nouvelle fois son costume de chevalier blanc de la fonction publique territoriale pour dénoncer la «placardisation».


En 2010, son premier ouvrage «Absolument dé-bor-dée», satire caustique de l’administration et de ses moeurs tiré à 400.000 exemplaires, lui avait attiré les projecteurs et les ennuis : malgré le pseudo, des collègues du conseil régional d’Aquitaine avaient reconnu son style mordant et elle avait écopé de quatre mois de suspension pour manquement à l’obligation de réserve. C’est durant cette période qu’elle a écrit son deuxième livre, une manière pour elle de ne pas «déprimer» et de «faire quelque chose de constructif».
«Ta carrière est finie», comme le premier livre, dépeint une mairie de région parisienne, bien qu’il s’inspire de moments vécus au sein du conseil régional d’Aquitaine, lors d’une période de «placardisation», expérimentée dès le début de sa carrière. A l’automne 2008, alors qu’elle est chargée de mission au sein de la délégation européenne et internationale du conseil régional, «un changement de hiérarchie» a marqué le début de la «satellisation», raconte cette fan d’Amélie Nothomb: «J’ai été peu à peu écartée» des activités du service avec «de moins en moins de dossiers». Cela a été «très dur à vivre», «on est très isolé, un cordon sanitaire s’installe autour de nous, on n’a personne à qui parler, on a l’impression que les gens sont au courant des raisons pour lesquelles on est placardisé mais on n’a aucune réponse de la hiérarchie (...) c’est super malsain», confie Aurélie Boullet.
Administration sclérosée
Pourtant, pour arriver à ce poste, elle s’était battue. Fille d’enseignante, elle a «trimé comme un bourrin» pour intégrer, après une maîtrise d’histoire et l’Institut d’études politiques (IEP) de Bordeaux, le prestigieux Institut national des études territoriales (INET), qui lui a ensuite permis d’intégrer la fonction publique.
«On me reprochait des problèmes relationnels car au niveau de la compétence on aurait eu du mal à trouver quelque chose qui n’allait pas», lance la jeune femme. Les situations dépeintes sont pourtant «très en deçà de la vérité», dit-elle en avouant qu’elle voulait surtout avec son livre «faire rire des gens qui ne sont pas dans une situation drôle tous les jours». Militante, la trentenaire gracile qui a toujours voulu «bosser pour l’intérêt général», espère que son deuxième opus «participera» à faire changer «cette administration sclérosée à l’intérieur». «Le service public ne pourra jamais s’améliorer tant qu’on jettera un voile pudique sur ses défauts», soutient celle qui a en horreur «le népotisme, à l’origine de toutes le dérives, et le clientélisme (...) les deux maux des collectivités d’aujourd’hui». «Elle est trop dans le dénigrement systématique pour que ce soit constructif», regrette cependant une de ses collègues qui ne souhaite pas être nommée. Depuis son retour au sein de la collectivité, en janvier 2011, cette haut fonctionnaire qui se dit apolitique est «chargée de mission grand emprunt et programmes européens». «Limite, le livre m’a servi à sortir du placard», ironise-t-elle, sans s’inquiéter des nouveaux déboires ou du succès qu’elle lui devra.• Avec AFP

Photo AFP Patrick Bernard

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