L’écureuil du Vel d’Hiv

Publié le 20 septembre 2012 par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

1940, Paris est occupé. La famille Ancelin (Sam, brillant pistard au Vel d’hiv, Eddie, journaliste de l’ombre) affronte cette période difficile sous le regard de leur père…

Scénario et dessin de Christian Lax

Public conseillé : Adulte et adolescent

Style : récit historique et intime Paru chez Futuropolis, le 27/09/2012 Share


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L’histoire

Paris, mai 1940. Les années noires de l’occupation tombent sur Paris. Sam et Eddie, deux frères que tout oppose, affrontent chacun à leur façon, cette période difficile sous le regard de leur père.
Sam, l’aîné, brillant et populaire coureur cycliste (pistard) fait la fierté de son père. Surnommé l’écureuil, du fait de son agilité, il embale le public et défend l’honneur français à sa façon.
Eddie, le cadet, handicapé du bras et de la jambe gauche, est rejeté par son père, le docteur Ancelin. Tandis que leur mère s’active dans un réseau d’aide aux enfants juifs, le docteur passe ses nuits à se perdre dans le jeu avec des officiers allemands. Les années passent. Tant bien que mal, Sam continu son métier de cycliste au Vel’ d’Hiv, tandis qu’Eddie devient journaliste en signant des brûlots antinazis, sous le pseudonyme de “L’écureuil”.

Ce que j’en pense

Avec L’écureuil du Vel d’Hiv, Christian Lax clôture sa trilogie consacré au vélo (après L’aigle sans orteils, et Pain d’alouette ). Comme dans les albums précédents, le vélo n’est qu’un prétexte. Utilisant tout ce décorum (souvent inconnu à son lecteur), il nous parle d’histoires personnelles, de vie quotidienne, de choix, et de destins dans la tourmente de la vie.
Un des thèmes de prédilection de cet auteur est la volonté de s’élever face au handicap. J’ignore d’où lui vient son sujet central, mais tout au long de sa trilogie cycliste, comme dans ce dernier album, Lax nous raconte avec simplicité la vie de gens ordinaires qui se forgent un destin extra-ordinaire.

Le Vélodrome d’hiver ?

Dans L’écureuil du Vel d’hiv, Lax nous brosse un portrait détaillé du petit monde du vélodrome d’hiver. En chroniquant l’occupation de Paris, jour après jour, il nous fait entrer dans l’intimité de ce lieu si particulier. Décrivant toujours avec respect la population d’aficionados qui vient voir tourner 6 jours durant leurs champions, Lax évoque ces 2 mondes qui cohabitent. D’un coté le peuple et les nantis, venus oublier les difficultés. De l’autre, les forçats de la piste : des héros populaires se donnant en spectacle pour l’argent, la gloire, ou la démonstration de force face à l’occupant.



Personnages

Au delà de cette description tout en finesse du Vel D’hiv, Lax nous raconte le destin de cette famille. Alternant entre la pleine lumière du coureur cycliste adulé et l’ombre du journaliste résistant, il nous raconte pas à pas la difficulté de vivre et l’amour fraternel au-delà des différences.
Avec pudeur, il convie à la tête des personnages principaux, le Vélodrome d’Hiver. Icône de son époque, lieu de fête, il servira autant de prison dans les pires heures, que de lieu de revanche sur l’envahisseur à travers un combat sportif.

Scénario

Lax alterne des scènes descriptives pour avancer dans le temps, avec des scènes plus intimes, nourries de dialogues qui apportent profondeur au récit. Toujours subtils, ses personnages sont complexes et humains. Tiraillés entre leur devoir et leur morale, ils sont décrits avec densité, profondeur et empathie.

Le dessin

Réaliste avant tout, Christian Lax est “juste”, tout autant par son dessin, que par son récit. Minimaliste dans son approche, il contrebalance un encrage et des crayonnés simples et efficaces, avec une belle palette de couleurs à l’aquarelle. Le résultat est une harmonie de camaïeux lumineux et dessaturés, ocres ou bleus, évoquant le temps de l’occupation. La douceur de ses couleurs est complétée par la force de son trait, efficace et dynamique. Les plans sont composés avec bonheur, là encore, chargés d’émotion et de retenue, comme Lax sait si bien le faire.

Pour résumer

Accompagnez la famille Ancelin dans un Paris occupé. Cycliste renommé comme Sam, journaliste de l’ombre comme Eddie ou docteur, malmené par le vice du jeu, il vous faudra faire des choix et en assumer les conséquences pour continuer à vivre. Dans L’écureuil du Vel d’Hiv, Lax nous livre une nouvelle fois un album empreint d’une pudique émotion. Inutile de s’intéresser au vélo pour le lire, Lax vous entrainera dans une période sombre de notre histoire en toute simplicité.


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