Pourquoi travailler ?

Publié le 27 mars 2008 par Jcgbb

On travaille toujours pour les autres – et c’est sans doute un des aspects les plus exigeants du travail. Celui pour qui l’intérêt des autres n’est pas un plaisir ou une valeur travaillera toujours à contrecœur, avec rancune ou aigreur.

Car si on y pense, la pratique d’un métier revient à exercer ses compétences, à dispenser un savoir ou à utiliser un savoir-faire qu’on possède déjà. On vient nous voir pour être soigné, acheter un bon livre ou pour écouter un cours. C’est parce qu’on est compétent qu’on vient à nous. C’est donc qu’il y a une perfection propre à la compétence qui en précède l’usage.

Certes, nous nous perfectionnons en pratiquant et l’exercice nous rend meilleurs. Mais lorsque nous devenons bons, lorsque nous maîtrisons suffisamment notre domaine, nous n’avons pas d’intérêt personnel à refaire encore ce que nous savons. Et notre travail devient la redondance superflue de ce que nous pouvons – d’où sa contrainte.

C’est la raison pour laquelle on nous paye. Car les autres profitent de ce que nous excellons à faire tout seul. En échange de quoi, ils nous donnent les moyens de notre subsistance. Il faut du temps pour devenir spécialiste et ce temps-là nous prive de la possibilité d’exceller ailleurs. D’où la nécessité du salaire et de l’argent. Mais s’il prend notre temps, il nous donne l’occasion d’un formidable échange. Car ferions-nous jamais attention aux autres en ne travaillant que pour nous ?

Notre travail nous fait vivre, mais il nous rend aussi complémentaires, voire indispensables les uns aux autres… Une vie sans travail serait peut-être tout simplement une vie sans échange, et à défaut d’une sympathie naturelle discutable, trouvons-nous au moins dans le travail un puissant facteur de lien social.