L’Espagne s’apprête à demander une aide de sauvetage à l’union Européenne

Publié le 26 septembre 2012 par Bourlingueur

Malmené par les marchés, bousculé par la Catalogne qui clame son droit à l’autodétermination et par la colère populaire qui grandit dans la rue, le gouvernement espagnol garde le cap sur la rigueur mais semble se résigner à l’inévitable: un sauvetage global de son économie.

Prochaine étape de la cure d’austérité destinée à remettre sur les rails les comptes du pays: le gouvernement de droite de Mariano Rajoy doit dévoiler jeudi son projet de budget 2013 assorti d’un nouveau plan de réformes, un ensemble perçu comme le préalable à un sauvetage financier.

Alors que l’économie espagnole peine à se redresser depuis l’éclatement de la bulle immobilière en 2008, la dernière mauvaise nouvelle est tombée mercredi, avec l’annonce par la Banque d’Espagne que le pays est resté en récession au troisième trimestre, le gouvernement tablant sur un recul du PIB de 1,5% en 2012.

Au même moment, la quatrième économie de la zone euro souffre d’un regain de tension sur les marchés, les investisseurs semblant s’impatienter devant ses réticences à solliciter son sauvetage financier: les taux d’emprunt à dix ans de l’Espagne sont repassés mercredi au-dessus du seuil des 6%.

La Bourse de Madrid plongeait, elle, de plus de 3%, entraînant avec elle la Bourse de Lisbonne (2,95%).

Et Mariano Rajoy, qui s’est toujours refusé à parler de « sauvetage », a fait un nouveau pas, dans un entretien au Wall Street Journal: si les taux d’emprunt de l’Espagne se maintenaient à un niveau « très élevé pendant trop longtemps », mettant en danger l’économie du pays et alourdissant sa dette, « je peux vous assurer à 100% que nous demanderions ce sauvetage », a-t-il dit.

Mais les conditions draconiennes imposées par Bruxelles, l’addition de 150 milliards d’euros d’économies prévues entre 2012 et 2014 pour réduire le déficit public à moins de 3%, alors que le pays ploie sous un chômage de 24,63%, font monter le mécontentement social.

Mardi soir, des affrontements d’une violence rare pour l’Espagne ont éclaté en marge d’une manifestation qui rassemblait des milliers « d’indignés » autour du Congrès des députés, aux cris de « démission », pour dénoncer une « démocratie séquestrée » par les marchés financiers.

Après des mois de manifestations le plus souvent calmes, encadrées par les syndicats, les scènes d’émeutes mettant aux prises des groupes de jeunes cagoulés aux forces de l’ordre, même si elles restent marginales, traduisent une exaspération grandissante.

« Il est évident que les coupes budgétaires génèrent un malaise important, et il est surprenant qu’il ne se passe pas davantage de choses dans les rues, compte tenu de la gravité de la situation », remarque l’analyste politique Josep Ramoneda.

« Les gens vivent sans horizon, il n’y a rien de pire pour la cohésion sociale qu’il n’y ait plus aucune sorte d’espoir, dans aucune direction », ajoute-t-il.

Autre rappel à l’ordre pour Mariano Rajoy: quelques heures plus tôt, le président de la Catalogne Artur Mas, un nationaliste pourtant modéré, lançait une bombe en annonçant des élections anticipées dans sa région pour le 25 novembre.

Il a été plus loin mercredi en affirmant qu’il n’hésiterait pas à braver l’opposition de Madrid en organisant un référendum sur l’autodétermination de la Catalogne.

Car dans cette région traditionnellement riche, poids lourd de l’Espagne avec 7,5 millions d’habitants, marquée par une solide identité culturelle, la crise économique a réveillé une forte poussée indépendantiste.

Aujourd’hui région la plus endettée du pays, avec une ardoise de presque 44 milliards d’euros, soit 22% de son PIB, la Catalogne accuse le gouvernement central d’être responsable de ses difficultés et a demandé en août à Madrid une aide financière de cinq milliards d’euros.

Elle n’est pas la seule des 17 régions autonomes du pays à avoir déjà appelé au secours: après Valence et de Murcie, c’est mardi l’Andalousie qui a annoncé se préparer à demander une aide de 4,9 milliards d’euros.

source: AFP