Cruising

Publié le 27 septembre 2012 par Olivier Walmacq

Un jeune flic, désireux de monter en grade, doit infiltrer le milieu gay underground où sévi un tueur...

La critique SM de Borat

Non malheureusement, je ne parlerais pas de Killer Joe, diffusé à l'arraché depuis début septembre. Mais c'est tout de même l'occasion de parler de son auteur William Friedkin, réalisateur des incontournables French Connection et de L'exorciste mais pas que. Ainsi en 1980 et après le désastre financier du Convoi de la peur (le film qui l'a grillé à Hollywood et toujours invisible à la vente, au point que le réalisateur est actuellement en procédure avec Universal et Paramount pour valoir ses droits), le voilà encore dans le scandale avec Cruising ou La chasse en France. Tout part à vrai dire du sujet même du film: le milieu gay underground. Un sujet chaud surtout que ce dernier est encore très marginalisé et qui entraînera des manifestations durant le tournage. Al Pacino s'investira beaucoup mais suite à l'insuccès du film (vous aurez du mal à le trouver en DVD et à la télé aussi malgré que je l'ai vu sur Arte, qui plus est en seconde partie de soirée) et du bordel autour, il a plutôt changé de fusil d'épaule. Pas sûr qu'il vous réponde gentillement en évoquant ce film. Dommage car on ressent réellement l'investissement de l'acteur dans ce film.

Outre Pacino, on retrouve également Paul Sorvino, Karen Allen et Joe "Maniac" Spinell. A l'image de L'exorciste d'une certaine manière, Cruising met assez rapidemment mal à l'aise. Pas à cause du mouvement gay SM, ça ce n'est pas vraiment grave. Mais bel et bien par l'ambiguité du film et sa violence. Friedkin filme partout et ne se gêne pas pour montrer les détails les plus glauques. C'est d'ailleurs pour cela que le film a fait autant scandale. La censure n'a pas fait de cadeau au film comme très souvent dans la carrière de Friedkin (Killer Joe a par exemple écopé d'un NC-17, soit une interdiction encore plus grande que le Rated, qui l'empêche d'être vu par les jeunes de moins de 17 ans). Ainsi les scènes de sexe sont filmées sans retenu, de manière cru aussi percutantes que l'acte réel. Et que ça coupe, ça saigne beaucoup. Un tueur s'en prend à des gay à tendeance SM. Il les bayonne, les attache, avant de les tuer au couteau. Personne n'arrive à l'identifier et les meurtres ne cessent de continuer. Le commissaire a alors l'idée de faire monter en grade un jeune rookie efficace en lui donnant une mission d'infiltration dans le milieu gay underground de New York.

Sauf que notre flic est tout ce qu'il y a de plus hétéro, avec notamment une fiancée. Pas question pour lui d'avoir une quelconque relation sexuelle avec un homosexuel et cela même s'il n'est pas homophobe. Il prend alors un appartement dans le coin, s'insère progressivement dans le milieu, fait des rencontres et finit par trouver des gens plus ou moins suspects. Si certains ne le sont pas (l'interrogatoire sauvage qui finalement ne servira à rien), d'autres semblent plus étrange. Le final est particulièrement ambigue. (Attention spoilers) Si Pacino tuera bel et bien le principal suspect ou tout du moins celui qu'il pense, le meurtre de son collocataire n'est pas élucidé. Cela continue dans le fait que Pacino se regarde dans le miroir. On ne sait pas si il l'a tué ou si c'est quelqu'un d'autre ou si le mec qu'il a poignardé est le vrai coupable. Un dilemme habile et digne de Friedkin. (fin du spoiler) Une mise en abîme d'un personnage qu'on a du mal à cerner dans ses actions et même dans son investigation. Un rôle parfait pour Pacino qui s'en sort à merveille. Sorvino est très bien également. Rajoutez à cela une excellente bande son.

Un polar malsain et violent avec un personnage principal plus ou moins sale sur ses mains.

Note: 17.5/20

un film choc et l'un de mes préférés de Friedkin: étrange que ce film soit aussi méconnu