Savages d’oliver stone : la drogue ne dort jamais

Par Acrossthedays @AcrossTheDays

« Chon et Ben, deux cultivateurs de marijuana affrontent un cartel de la drogue mexicain qui a capturé Ophelia, leur copine commune ».

Le retour d’Oliver Stone

Deux ans après Wall Street : l’Argent ne dort jamais – la suite du célèbre film Wall Street avec Michael Douglas et Charlie Sheen de 1987 – Oliver Stone revient avec un film assez déconcertant sur le monde de la drogue. En amateur de joints, gauchiste assumé et ouvertement pour la légalisation des drogues douces comme dures, le réalisateur américain a déclare « Je suis content que son commerce augmente ! C’est comme le bon vin : les gens finissent par découvrir sa vraie valeur ». Le film est adapté du livre homonyme de Don Winslow (que je n’ai pas encore terminé de lire), au style d’écriture assez surprenant, le tout dans un anglais familier et comportant des extraits de scénario : assez original.

Le pitch est le suivant : deux amis, Ben et Chon sont les producteurs de la meilleure weed du monde. Jaloux, un cartel de drogue mexicain va s’intéresser à leur produit, et leur proposer de marcher avec eux. Les deux jeunes vont refuser et les choses vont bientôt tourner au vinaigre. Leur petit amie est enlevée : la guerre entre les deux camps est alors déclarée. Bien loin d’être original, le scénario est en réalité plutôt bien ficelé.

Présentations

Habitué à signer des films dénonciateurs (Platoon et Né un 4 juillet pour la guerre du Vietnam ; JFK, Nixon, W : l’Improbable Président pour les scandales politiques), Oliver Stone a réalisé pas moins de 21 films sur une période d’une trentaine d’années. Cependant, même s’il se déclare pour la légalisation du cannabis, on ne parvient pas réellement à cerner sa position tout au long du film.

Comme le suggère son affiche –  très largement inspiré de celle de Babel d’Alejandro González Inárritu - Savages s’intéresse tout d’abord à des personnages. Trois personnages principaux : Ben, Chon et O. (Ophelia), au cœur d’un triangle amoureux (on va finir par croire que c’est à la mode, comme dans Sur La Route de Walter Salles), respectivement incarnés par Aaron Johnson (Kick-Ass), Taylor Kitsch (amateur de navets apparemment : Battleship, John Carter) et Blake Lively (Gossip Girl, The Town). Le casting est complété par des acteurs de renom comme Benicio del Toro en homme de main (qui livre ici une performance hors norme), Salma Hayek en baronne de la drogue, ou encore John Travolta en agent fédéral.

Un nouveau souffle

Ce qui est assez étonnant, c’est qu’à partir d’un scénario assez peu original, se dégage du film une atmosphère nouvelle : un film où cohabite de l’amour, de la violence, de l’action, de l’amitié, et tout cela servi par une photographie irréprochable, qui nous rappelle quelques passages de U Turn, Ici Commence l’Enfer sorti en 1997 (les accélérés, les couleurs vives, le noir et blanc, les plans bancales, etc.). S’annonçant dès la première scène – des décapitations à la tronçonneuse – comme un film assez dur, Savages réussit à nous faire frémir à plusieurs reprises, tant les scènes de violence sont réalistes et bien filmées.  Difficile de se dire que le film est l’œuvre d’un réalisateur de 66 ans : un rythme soutenu tout au long du film et un renouveau apporté par des acteurs de la nouvelle génération (même s’il faut l’avouer, la prestation la plus impressionnante est celle de Benicio del Toro, véritablement effrayant tout au long du film). Rebondissements intéressants, paysages superbes et dialogues assez savoureux (en V.O. s’il vous plaît !) viennent ponctuer ce film qui vaut le détour : un bon divertissement et quelques moments de cinéma : Savages n’est pas un chef-d’œuvre, mais permet d’avoir un nouveau regard sur un sujet plus que jamais d’actualité (comme Traffic de Steven Soderbergh a pu le faire quelques années plus tôt).