Le prix de l'inégalité par Joseph Stiglitz

Publié le 28 septembre 2012 par Copeau @Contrepoints

Dans Le Prix de l'Inégalité (Les liens qui libèrent, 2012), Joseph Stiglitz ne fait que ressasser des théories étatistes et égalitaristes aussi fausses qu'abjectes.

Par Baptiste Créteur.

Quand on est économiste, qu'on a reçu un Nobel et que c'est la crise, on a une belle opportunité pour sortir un livre. Joseph Stiglitz a choisi "Le prix de l'inégalité" pour donner son avis, que l'on peut résumer en quelques mots : la consommation est faible parce que les inégalités s'accroissent et que les revenus des pauvres diminuent, la faute aux crédits qu'on ne veut plus leur consentir parce qu'ils ne pourraient pas les rembourser et aux salaires et transferts sociaux trop faibles. La faute des riches, qui ne veulent pas prêter ou donner leur argent sans contrepartie.

Donc, la solution, d'après le prix Nobel d'économie, c'est d'augmenter le salaire minimum, de taxer les riches pour donner aux pauvres, et d'accorder un pouvoir plus grand aux syndicats pour être bien sûr que les salaires augmentent. Notre Robin des Bois des temps modernes estime que le fait que les revenus des riches ont augmenté plus vite que ceux des pauvres est d'autant plus problématique que les revenus des plus riches ne ruissellent plus vers les plus pauvres, et est lié au fait qu'aujourd'hui « la richesse d'une personne ne dépend plus de sa contribution à la société mais de sa capacité à s'accaparer les revenus des autres ». Évidemment, pour lui, le meilleur moyen d'éviter que des individus ne s'accaparent les richesses des autres, c'est d'augmenter les transferts sociaux et d'obliger les banques à accorder des crédits à des gens qui ne pourront jamais les rembourser… Mieux vaut, dans la grande forêt de Sherwood mondiale, octroyer aux pauvres l'argent des riches que laisser les riches gagner plus d'argent que les pauvres. Ça n'a jamais aidé une économie à mieux fonctionner, mais ça peut faire vendre des livres (s'il reste quelques sous aux pauvres) et gagner des élections.

D'un point de vue utilitariste, ce qu'oublie Stiglitz, c'est que l'augmentation des salaires ne sert à rien si la productivité n'augmente pas elle aussi. Augmenter le salaire minimum, c'est le moyen le plus sûr de priver les individus les moins productifs d'un emploi et les rendre dépendants des transferts sociaux, dont le financement pèsera sur la compétitivité des entreprises. Quand Stiglitz affirme que l'argent des riches est moins utile à l'économie car ils épargnent plus, il néglige également l'investissement et l'entrepreneuriat que cet argent pourrait financer.

Du point de vue des principes, Robin des Bois propose que les riches soient spoliés de leurs revenus (qu'ils ne méritent pas, bien entendu) pour mieux financer son fantasme d'une société égalitaire. L’État est pour lui le bon génie qui corrige les erreurs d'un marché forcément défaillant car ne fonctionnant pas comme il le souhaiterait : « Dans une économie moderne, l'État établit et fait respecter les règles du jeu. Il donne aussi les ressources. Et par le biais des impôts et des dépenses sociales, corrige la répartition du revenu qui émerge du marché. ».

La différence fondamentale entre l'allocation par le marché et l'allocation par l’État, c'est que le marché repose sur le consentement des individus là où l’État repose sur la coercition. Or, le seul critère de moralité des revenus est l'absence de coercition, pas le niveau d'inégalités.

Et non content de vouloir choisir comment dépenser l'argent de ceux qui le gagnent, monsieur le prix Nobel veut choisir comment ils le gagnent : la finance serait le secteur le plus lucratif et attirerait les plus brillants, qu'il faudrait plutôt orienter vers la recherche, la médecine et, évidemment, le service public, jugé "indispensable à l'économie".

Joseph Stiglitz ne fait donc que ressasser des théories étatistes et égalitaristes aussi fausses qu'abjectes pour pondre des mesures anti-crise et, accessoirement, un livre. Comme vous, monsieur Stiglitz, "je suis sûr qu'il n'est pas trop tard pour que ce pays change de cap et retrouve les principes essentiels d'équité sur lesquels il a été fondé", et cela suppose de ne pas vouloir faire payer aux individus le prix de l'égalité :

"La nouvelle "théorie de la justice" demande que les hommes contrecarrent "l'injustice" de la nature en instituant parmi les hommes une injustice inconcevable au point d'en devenir obscène : priver "ceux que la nature a favorisés" (i.e. les talentueux, les intelligents, les créatifs) du droit aux bienfaits de leur travail (i.e. du droit à la vie) – et accorder aux incompétents, aux stupides, aux paresseux, le droit de jouir sans effort de récompenses qu'ils n'auraient pas pu produire, pas pu imaginer, et dont ils ne sauraient pas quoi faire." (Ayn Rand, "Philosophy : Who Needs It")

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