[Critique] RESIDENT EVIL : RETRIBUTION

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Resident Evil : Retribution

Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Paul W.S. Anderson
Distribution : Milla Jovovich, Michelle Rodriguez, Kevin Durand, Sienna Guillory, Shawn Roberts, Oded Fehr, Colin Salmon, Aryana Engineer, Boris Kodjoe, Johann Urb, Li Bingbing…
Genre : Science-Fiction/Action/Horreur/saga
Date de sortie : 26 septembre 2012

Le Pitch :
À la suite de l’attaque menée par Jill Valentine sur le bateau Arcadia, Alice se fait capturer une fois de plus par Umbrella. Avec l’aide inattendue d’Albert Wesker et de son agen,t Ada Wong, Alice s’échappe de sa cellule et doit se frayer un chemin à travers les divers programmes et simulations virtuelles de la base sous-marine. Pendant ce temps, une équipe de choc envoyée par Wesker s’infiltre dans le complexe pour une mission de sauvetage, mais se voit confrontée à toute une armée de clones, de monstres et de zombies, qui infestent l’endroit. Mais les enjeux sont beaucoup plus cruciaux qu’ils ne l’imaginent: l’intelligence artificielle appelée la Reine Rouge contrôle ce qui reste d’Umbrella, et ses sombres desseins s’étendent au-delà de l’expérimentation. Sousr la surface d’un monde dévasté par le virus mortel qui a tout initié, une guerre se prépare. La dernière bataille de l’humanité…

La Critique :
Lors de la sortie du premier Resident Evil, l’outrage automatique des fans, du jeu qu’avait provoqué la production du film n’était pas sans mérite. Après tout, on y tenait beaucoup, à cette saga de survival horror, avec son ambiance à foutre les chocottes et le fun inhérent au massacre de zombies. Et voilà que déboule Paul W.S. Anderson, le mec qui avait déjà effacé les bons souvenirs des séries Alien et Predator avec un cross-over débile, pour venir détruire le souvenir des ces jeux auxquels on s’était tellement attachés. Il a eu le culot de jeter l’histoire des jeux à la poubelle pour imposer des nouveaux personnages, comme cette Alice qui se réveille toute nue au début de chaque film et qui n’a rien à voir avec les jeux. Comment a-t-il osé ?

Et bien, peut-être qu’il l’a fait, parce que le scénarii des jeux Resident Evil étaient tout simplement pourris.

Attention, cela ne veut pas dire que les scénarii des films ne sont pas également pourris, loin de là. Mais avec le bénéfice du recul, ce sont les films qui sont en train de gagner la partie. Avec cinq volets qui, même s’ils restent tous objectivement navrants sans être détestables, se sont progressivement améliorés au fil des épisodes, la saga de Paul W.S. Anderson a atteint un niveau presque admirable de cohérence. Là où on en est, il serait peut-être équitable d’affirmer que les films Resident Evil sont plus stables en tant qu’institution filmique de série B, que sont leurs antonymes sur consoles. Au moins maintenant, voir l’émergence d’un nouveau volet tous les deux ans ne fait plus rager. C’est plutôt comme décrocher les décorations de Noël : on ne sait pas si c’est vraiment nécessaire, mais c’est confortable et familier, et parfois il n’y a rien d’autre à faire.

Bref, si vous avez perdu le fil depuis Afterlife, et bien accrochez-vous bien, parce que dans ce nouveau volet, Resident Evil : Retribution, on ne rigole plus. Alice traverse une crise existentielle où elle doit explorer le sens de la vie. Elle embarque sur une quête religieuse à la recherche de réponses, pour découvrir les grands mystères de la vie et sera confrontée à une révélation bouleversante qui arrachera indiscutablement des larmes au spectateur. C’est le film le plus sérieux et le plus philosophique de la saga.

Mais non, je plaisante.

La recette demeure inchangée. À part un ou deux ingrédients assez bien trouvés, on retrouve tous les éléments de la série qui sont presque devenus des clichés d’eux-mêmes : Alice se fait capturer et se réveille à poil, les persos tant aimés du jeu prennent place sur la banquette arrière réservée aux personnages secondaires, des clins d’œil grossiers sont faits à la source d’inspiration et Umbrella continue d’organiser la gestion d’une planète morte avec des plans inutilement élaborés, sans but précis, et des fonds apparemment illimités (Sérieux, les gars, une armée d’hélicoptères ?! Où-est-ce qu’ils vont piocher leur matos après la fin du monde?). Niveau plagiat…pardon, « inspiration », Paul est en forme : Inception, Mondwest, et Blade Runner pour les univers de science-fiction, Aliens pour les monstres et les enjeux, Le Dernier Samouraï (sans déc.’) pour les scènes de combat, et encore et toujours Zombie de George Romero pour le reste.

Le récit se déroule comme si on avait adapté l’œuvre insincère d’un fanboy qui a passé ses nuits à griffonner tout ce qui lui passait par la tête, juste pour rire. Ce cinquième chapitre ne nous avance pas du tout en ce qui concerne la progression de l’intrigue, du moins pas avant la fin du film. Sinon, tout le reste du long-métrage est conçu comme une sorte de best-of replay de tous les éléments favoris des quatre derniers volets. Ne vous fiez pas au marketing : les vastes décors exotiques que proposent les bandes-annonces et les posters, pour donner un aspect international au film, sont en fait des simulations et des versions artificielles/clonées de personnages, d’endroits et de monstres vus auparavant. Embarquant sur son aventure favorite (s’échapper d’une base souterraine d’Umbrella), Alice passe de niveau en niveau après avoir affronté tout ce beau monde et gagné des boss-fight avec des créatures balèzes : comme dans un jeu vidéo en fait !

Soit Anderson n’a plus d’idée et donc se voit obligé de revisiter son travail périmé et nous rappeler les meilleurs (et pires) moments de la saga ; soit il a enfin une bonne trouvaille derrière la tête et tente maladroitement de la retranscrire à l’écran. Ou bien il a tout simplement perdu la boule : en voyant l’enthousiasme avec laquelle l’équipe mari-et-femme Anderson/Jovovich se jette dans la continuation de leur projet de famille qui devient de plus en plus bordélique et délirant, c’est entièrement possible.

Dommage que cette mise en scène intrigante n’aboutisse pas à grand-chose. C’est fun de revoir les personnages en carton des opus précédents dans des nouveaux rôles et on s’amuse beaucoup à voir une Michelle Rodriguez au sommet de sa forme mettre la raclée à tout le monde, mais il n’y a pas de vrai souffle narratif derrière. C’est juste une excuse pour faire plaisir aux fans. Une des simulations en particulier n’a aucune raison d’exister, si ce n’est pour permettre à Leon Kennedy de Resident Evil 4 de se taper une bonne fusillade avec les morts-vivants de Moscou : ça n’a aucune importance et c’est complètement insignifiant, mais c’est cool à voir. En cela, Po-Paul enchaîne toute une collection de séquences d’action aussi idiotes que défoulantes, toutes filmées dans le même style « Z’avez vu comme c’est cool ?! » : bastons au ralenti, course-poursuite en Rolls-Royce avec un monstre difforme, effets-spéciaux souvent foireux, gunfights et chorégraphies en 3D, etc.…

Bien sûr, Retribution n’est pas sans traîner de sérieux problèmes. Tous les personnages que l’on a pas déjà vu précédemment sont vides et inintéressants, et c’est d’ailleurs bizarre que Chris et Claire Redfield ne reviennent pas pour une autre virée, si on considère que le dernier épisode avait fait tout un plat au sujet de leur rencontre avec Albert Wesker. Et les jeux d’acteurs laissent beaucoup à désirer, à l’exception de Milla Jovovich, qui est parfaite dans le rôle de guerrière musclée qu’elle a perfectionné tout au long de la série. C’est bon de retrouver Sienna Guillory dans le nouvel uniforme ultra-moulant de Jill Valentine, mais sa prestation est tellement mauvaise, que l’on dirait qu’elle et Shawn Roberts (qui joue Wesker) sortent d’une parodie.

Cela fait plus de dix ans que la série squatte l’écran. On en est à cinq films et ce n’est toujours pas fini. Mais est-ce que Resident Evil : Retribution est mauvais ? Bien sûr, mais c’est le genre de navet high-tech et kitsch qui fait bien rigoler, même si ça se résume à Paul W.S. Anderson jouant dans son coin, parce qu’il veut juste faire sa meuf…euh, pardon, la teuf. D’ailleurs, tant qu’on y est, à quand l’intégration d’Alice dans les jeux? À ce stade, c’est de loin le personnage le plus intéressant de toute la licence et elle mérite aussi bien le statut d’icône que quelqu’un comme Wesker. Autant la rendre jouable sur console. Pensez-y, Capcom…

@ Daniel Rawnsley

Crédits photos : Constantin Film Verleih