Pourquoi je suis une blogueuse de loin ?

Par Jeuneanecdotique
29 septembre 2012

Au début de mon blog, j'avais 1001 idées et j'écrivais un article par jour. Et puis, soudainement, la blogosphère a sans doute eu envie que je m'en désintéresse, que j'y perde un peu en plaisir. Maintenant, j'écris moins. Je meurs d'envie, à chaque phrase, de peser mes mots ; je ne le fais pas, parce que mon blog se veut « honnête » depuis ses débuts. Mais pour pouvoir garder un minimum de sincérité, je me sens maintenant complètement observée et flippée avant de cliquer sur « publier ».
J'aime mon blog. C'est mon bébé. Mais maintenant, il passe toujours après. Après mon travail, après mes cours, après ma famille, après mon copain. Ce n'est pas plus mal, parce qu'un blog n'est pas un ami et ne mérite sûrement pas qu'on lui offre tout notre temps. Il n'empêche que je n'aurais profité qu'un petit mois de la passion des débuts.
Pourquoi je suis une bloggeuse de loin, maintenant ?
En plus d'avoir reçu des réactions totalement décevantes (non, ce n'est pas le mot, je dirais plutôt : blessantes) sur un article au sujet que je considérais comme léger (oui, pour moi, vouloir partir de chez ses parents n'est pas un crime et je ne vais pas me tailler les veines si j'y reste cinq ans de plus), j'ai pris conscience après que ce « débat » n'était qu'un débat parmi d'autres. J'ai été dans une sorte de flottement pendant quelques jours, j'ai déserté la scène du crime (Hellocoton) pendant quelques temps, puis j'y suis revenue, et j'ai oublié.
Et c'est à ce moment là que je me suis rendue compte que je n'étais qu'un pauvre grain de riz parmi d'autres. Moi, je m'étais sentie blessée, alors que les commentatrices avaient déjà oublié cinq minutes après mon existence. C'est hyper simple, en fait ! J'ai été aussi très en colère de constater que pour des articles honnêtes, d'autres se faisaient lyncher, rabaisser, et limite harceler de commentaires moralisateurs. Je me suis demandée si les gens qui postent des commentaires agressifs pour faire comprendre à quelqu'un à quel point ses idées sont connes se pensaient mieux que leur cible, avec leur comportement plus que limite.
Je pense que lorsqu'on est pas d'accord avec un article, on peut réagir de plusieurs manières :
- On ne dit rien. C'est ce que je fais. A moins de lire des trucs vraiment graves à base de « tuez-moi tous ces arabes, franchement on est en France ou bien ?? », je préfère rester muette. Je n'aurais aucun intérêt à aller critiquer un article qui ne rentre pas dans mes convictions. On pourrait bien sûr discuter, mais souvent, je préfère laisser la personne tranquille.
- On écrit tranquillement pourquoi l'article ne nous a pas plu. C'est simple, rapide, limite agréable.
- On s'attaque à la personne, et si on est d'humeur, on peut même faire de petites attaques personnelles qui humilieront la personne visée, mais aussi « l'attaqueur », parce que s'abaisser à ça en public, j'aurais juste un tout petit peu honte quand même.
Après ma propre histoire, j'ai assisté à trois polémiques. Chaque fois, des commentatrices se montraient complètement incapables de rester respectueuses envers la blogueuse. Je trouve qu'il est courageux d'exposer ses opinions sur son blog et d'ouvrir ses idées aux autres, même si ce sont des idées telles que « pourquoi je trouve ça intolérable de fumer pendant une grossesse » « pourquoi j'ai laissé pleurer mon bébé » « pourquoi je n'aime pas le nail art » ou même « pourquoi j'aimerais partir de chez mes parents ». Alors, quitte à ne pas être d'accord : respectons l'auteur. Merde. Si nous ne le faisons pas pour l'auteur, faisons-le au moins pour nous, pour ne pas montrer à tout le monde à quel point nous manquons de tact. Les rares fois dans ma vie où je me suis montrée méchante (pour diverses raisons personnelles), je peux vous dire que je me suis tapée la honte de ma vie une fois ma colère passée. Vous pariez que ceux qui crachent à la gueule d'une blogueuse n'en ressentent aucune honte ?
J'ai observé un étrange phénomène en assistant à ces polémiques (j'arrivais souvent après la bataille, donc je lisais tout d'une traite) : ce sont toujours les mêmes qui reviennent. Je sais, c'est con, mais sur trois polémiques, il y en a deux où les commentaires moralisateurs venaient des mêmes personnes, et l'autre en avait une en commun avec moi. Je me suis sentie assez bizarre, en fait. Je me suis demandée pourquoi on ne préférait pas plutôt aller commenter les articles sympas, plutôt que d'aller dénigrer régulièrement ceux qui ne nous plaisent pas. Lorsqu'on y met aucun tact et qu'on cherche juste donc la merde, l'intérêt m'est complètement inconnu.
Dernier point. Un point qui me fait un peu hérisser les poils pubiens : relayer un article qui ne nous a pas plu. What is the fuque ?
« Non mais franchement, allez voir cet article, pfff » (là, c'est la version la plus polie que j'ai pu voir, après il y a aussi celles qui présentent clairement le travail d'une autre comme un immonde caca)
Non mais non, quoi. Je ne comprends pas. Je ne comprends pas. On s'en fout que tu sois pas d'accord, que tes convictions soient différentes de celles de cette personne et de son entourage, ce n'est pas sympa de faire ça. Je dois avoir l'air d'une gosse de cinq ans qui dit « ça se fait pas, tu m'as volé ma poupée ! », mais franchement c'est tout ce qui me vient à l'esprit. J'ai beau avoir lu des tas d'articles qui me dérangeaient, en plus de ne pas aller clamer à l'auteur que son article était inutile, jamais je n'aurais eu l'idée de le poster sur facebook ou twitter et de quémander les critiques sur cet article. Moi, ça me dérange. J'ai vu parfois des articles qui ne me plaisaient pas être partagés un peu partout pour montrer à quel point l'auteur c'est une biatch, et j'avais beau ne pas être d'accord avec ses idées, je ne pouvais m'empêcher d'être de son côté. Parce qu'elle ne le méritait sûrement pas, aussi différentes ses idées pouvaient être des miennes. Lorsque j'ai vu qu'on avait relayé mon article sur twitter, et que les réflexions allaient du « je lui foutrais bien des baffes » au « omg, j'y crois pas », en passant par le « ses parents auraient le cœur crevé s'ils lisaient son article », voilà ma tête :


L'argument principal et percutant de mes « adversaires » étaient mon affolante immaturité : je ne nie pas qu'à 19 ans, on ne sait encore rien de la vie, mais je me suis quand même demandée quelle était leur notion d'immaturité s'il leur semblait totalement naturel de dire que je méritais des baffes et de me tacler sur un réseau social, alors qu'il est tout de même plus honnête (à défaut d'être respectable) d'aller biatcher sous l'article en question plutôt que dix kilomètres plus loin, dans notre coin avec nos copines de papotages.
Non, j'avoue, sur le coup j'ai été aussi gamine qu'on le pensait. Certains avis négatifs ne m'ont pas plus heurtée que ça, parce qu'ils ne m'attaquaient pas personnellement. Mais les autres, je les aurais bien mangé avec du ketchup pour les faire disparaître de ma page Hellocoton.
Ce jour-là, j'aurais aimé ne pas être en Une. J'aurais aimé ne pas lire sur le twitter d'Hellocoton des messages tels que « C'est quoi cette crise d'ado en Une ? ». J'aurais aimé ne pas perdre foi en ce monde bisounours qu'est la blogosphère, avec ses petits cœurs et sa notion de partage et d'amour (là, j'abuse).
Je me suis également rendue compte, à les lire, qu'elles n'avaient pas dû lire mes autres articles pour me juger aussi sévèrement, alors que je n'étais pas la personne décrite.
Elles n'avaient pas dû lire l'article où je disais vouloir que mes parents soient fiers de moi. Elles n'avaient pas dû lire que pour faire leur fierté, je m'étais totalement laissée de côté, au point d'aggraver ma grosse grosse déprime qui durait déjà depuis trois longues années. Elles n'avaient pas dû lire cet article où je parlais brièvement des crises d'hystérie de mon père, et de sa dépression, pour oser me dire « non mais y a des familles avec des pères dépressifs ou alcoolos, je ne vois pas de quoi tu te plains » (oui...). Elles ne devaient sans doute pas savoir que mon père avait déjà voulu quitter la maison car il ne supportait pas de me voir triste sans arrêt. Elles ne devaient pas savoir que mes parents avaient failli se séparer, et que lorsque ma mère claquait la porte pour aller se changer les idées, c'est sur moi que mon père s'énervait. Elles ne devaient pas savoir que j'ai déjà écourté mes vacances pour aller chercher mes parents à l'aéroport, que je donne régulièrement des billets à ma mère pour qu'elle puisse aller faire des courses parce que sa banque lui bloque sa carte 9 mois sur 12, et que ma mère est ce qui rapproche le plus d'une confidente pour moi. Non, elles ne devaient pas le savoir, parce qu'elles se sont basées uniquement sur un putain d'article dans lequel je parle de paquet de chips, de cuisine ouverte, de mur de chambre, de télévision, et de bouteilles de parfum. Elles ne savaient pas, et je vous parie même qu'elles n'en ont rien à branler, et pourtant elles ont jugé. Elles ont pensé que c'était largement suffisant pour me taxer de fille indigne, irrespectueuse, ingrate, et immature qui n'a pas conscience de sa chance (alors que j'avais quand même préciser les aimer énormément et leur être reconnaissante - mais on trie pour ne retirer que le mauvais, ça va plus vite).
Je devrais sans doute faire des articles de dix pages, histoire que personne ne les lise, mais qu'au moins ils soient bien complets, de ma naissance jusqu'à y a cinq minutes lorsque j'étais aux chiottes.
Je dois paraître agressive. Mon but était pourtant d'être douce. Ce qui m'a décidée à écrire, ce n'est pas ce qu'on m'a fait à moi. Après tout, je m'étais remise en un jour. Ce qui m'a gênée, c'est qu'en plus d'avoir eu à le subir, j'y ai beaucoup assisté par la suite, et ça me les hache menues.
Complètement.
Stop.
MERDE.
N'attaquons pas personnellement quelqu'un dont on ne connaît que le blog (le blog quoi, aussi honnête qu'on soit sur un blog, ça reste un blog, on a un comportement qui n'est pas similaire sur internet, dans notre façon d'écrire, et en communauté!). Ne nous prenons pas pour des justicières : si ça nous tient vraiment à cœur, go aller faire des études de droit et devenir avocat histoire de défendre les pires injustices de ce monde. Ne parlons pas comme si nous connaissions la vie de cette personne plus qu'elle ne la connaît elle-même : ça fait sûrement mature de dire que mes parents en auraient le cœur crevé, mais il s'avère que non, vu qu'ils sont au courant depuis longtemps de mon projet, de mes réticences, de ce que je reproche à la vie en cohabitation et surtout de qui je suis. Et ils m'acceptent, pour couronner le tout. Merde, nous sommes presque une famille aimante, même si on se tape dessus dès qu'un paquet de gâteau disparaît et qu'on essaie parfois mutuellement de se jarter de l'appartement pour pouvoir rabouler les friends.
Je fais une redite, avec cet article, parce qu'on pourrait finalement venir me reprocher la même chose que la dernière fois. Mais maintenant, je vous le rappelle : je suis une blogueuse de loin. J'aime bloguer, j'apprécie énormément certaines blogueuses, mais en essayant de relativiser l'importance du mauvais rencontré sur Hellocoton, j'ai malheureusement été contrainte de relativiser le bon aussi. Et le résultat, c'est que mon blog, vous pourrez le tweeter autant que vous voulez pour dire à quel point mes articles ne servent à rien et que je fais bien de vouloir les supprimer (oui, une blogueuse est capable de dire ça à une autre, on lui dira la même chose sur son travail pour voir...), eh bien, je serai triste de loin. Et par conséquent, peu triste.
Alors c'est open bar. Insultez-moi.
Moi, je pars câliner mon chien. Il a eu la malchance de naître sans la capacité de parler et avec un physique de peluche : une petite minute de silence pour ce pauvre choupinou qui va subir dans de très proches minutes mes violentes effusions d'amour.
Je lance dès à présent le « PEACE MOUVEMENT » sur les blogs. Aimons-nous. Oublions tout. Arrêtons d'être pestes.
(on parie combien qu'un SI BEAUbien sûr – message d'amour ne sera relayé par personne, par contre? Huhu)
(je suis mauvaise, mais je suis crevée)
(et être crevée, ça excuse tout)
(alors, chut)
(être une fille, aussi, ça excuse tout)
(et être derrière un écran d'ordi, aussi ;) (et puis je tiens quand même à dire merci à toutes les blogueuses respectueuses et choupinettes, même celles qui n'aiment pas certains de mes articles, parce qu'elles sont juste tip top)










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