[Critique DVD] Le privé

Par Gicquel

En pleine nuit, Terry Lennox demande à son ami Philip Marlowe qui est détective privé, de le conduire de toute urgence au Mexique. Marlowe accepte mais à son retour, la police l'attend. La femme de Lennox, Sylvia a en effet été retrouvée assassinée


"Le Privé" de Robert Altman

Avec : Elliott Gould, Nina Van Pallandt

Sortie le 02 octobre 2012

Distribué par Potemkine films

Durée : 121 minutes

Nombre de : 1

Film classé : Tous publics

Le film :

Les bonus :

Je ne sais pas dans quelle mesure Altman respecte Chandler. Esprit es-tu là, me demandais-je, en me remémorant un peu ce que fut Marlowe sur papier roman et le profile qu’il nous offre dans cette adaptation pas piquée des hannetons.
Mais moi j’aime bien ce personnage de cinéma, un détective complètement décalé par rapport à son temps et à la réalité qu’il est censé appréhender. Un brin mariole. Mais sous ses allures de rigolo, Marlowe n’est pas si tendre qu’il y paraît. Le monde tourne autour de lui, et  semble lui filer entre les doigts. Semble, simplement…
Avec un tel loustic parfaitement filmé par l’auteur de M.A.S.H, on ne s’ennuie pas un instant, surtout que tous les autres personnages de l’affaire, sont eux aussi à prendre avec des pincettes. Un écrivain alcoolique qui disparaît et que son épouse fait rechercher, sans vraiment s’inquiéter , un petit truand de seconde zone qui se dessape pour mieux dénicher la vérité ou bien encore un gardien de propriétés pour riches, dont le petit rôle mérite malgré tout un grand coup de chapeau.

 Et comme l’histoire qui s’embobine autour de cette belle compagnie présente elle aussi un réel intérêt (mais au début, on est en droit de se poser la question) Altman nous livre là un excellent film policier, un peu noir sur les bords et avec plein de rebondissements au milieu. Ce n’est pas le grand frisson, ni le suspense extrême, mais un mélange des deux qui personnellement m’a bien amusé, en savourant toujours la fluidité de la caméra.
Ce qui permet aux comédiens cette  liberté totale (alors que l’improvisation ne semble pas de mise) au cœur d’une mise en scène ad-hoc. C’est-à-dire qu’elle épouse parfaitement l’esprit du personnage principal, faussement décontracté, afin de pousser l’énigme au plus profond de l’abyme.
Le résultat nous révèle une Amérique en porte à faux (il faut voir les filles gentiment évaporées qui se promènent près de l’appartement du héros) avec ses hippies noyés dans les souvenirs et ses happy few englués dans des paradis artificiels. Elliot Gould qui trimballe tout ça sur ses épaules est génial. Dans la panoplie des détectives au cinéma, son Marlowe est hors concours, hors catégorie. A prendre ou à laisser. Moi, je n’hésite pas une seconde

 LES SUPPLEMENTS

  • « Rip Van Marlowe » 25 mn

Robert Altman parle de son film et surtout de ses acteurs (comme il en parle bien) en réponse aux commentaires eux aussi pertinents d’Elliot Gould qui tout en expliquant son personnage, révèle un comédien surprenant.

  • « Vilmos Zsigmond Flashes, The Long Goodbye » 14 mn

C’est l’interview du directeur de la photographie, qui sauf erreur de ma part n’est disponible qu’en V.O.

  • Entretien avec Jean-Baptiste Thoret 22 mn

L’historien et critique de cinéma évoque un film ultra-codé, qu’il resitue bien dans le contexte historique des USA et de la contre culture de l’époque. Il s’interroge aussi sur la manière d’adapter  Chandler, la transposition du roman dans l’Amérique du moment; Trahison ou pas  ?

En bref

Le film

Un excellent film policier qui sur les pas de Chandler donne une version très personnelle du détective fétiche du romancier. Elliot Gould dans ce Marlowe là est très à l'aise , face à une caméra d'une fluidité resplendissante. On ne regarde pas un film, on est dans le film

Les bonus

Quelques éclairages intéressants de la part du réalisateur et de son comédien, plus le point de vue d'un historien , ça le fait, sans patatras