Pourquoi je n'aime pas la Gauche Populaire

Publié le 01 octobre 2012 par La Bienveillante @Ema_Dellorto

Parce qu'elle me le rend bien.

Parce que si vous titillez le Gauche-Pop, il vous menace de vous outer : révéler votre "vraie" identité (à qui ?) sous le pseudo choisi pour arpenter les réseaux sociaux (j'ai des exemples et des preuves si souhaité). Une mentalité de collabo ? A se demander. A priori, à cette ligne, y en a un qui est déjà en route pour le commissariat.

Je ne les aime pas parce que mettre l'accent sur la situation des zones péri-urbaines abandonnées était salutaire et que nous les en remercions. Je les visite à l'occasion, c'est pas folichon, il y rêgne une tristesse que l'habitant de Colombes dont l'escalier de secours est régulièrement recouvert d'excréments ne connaît pas.

Je ne les aime pas parce qu'il leur faut opposer ces zones aux banlieues, alors qu'on ne peut décemment pas laisser des gens dans la peur de la balle perdue (ni trébucher dans un escalier couvert de merde). Les uns, contre les autres, bizarre pour des défenseurs d'une République une et indivisible.

Parce que sous couvert de protéger le "commun" des citoyens français, toute leur énergie est mobilisée à moquer le "bobo", ce type à la bourse bien garnie qui ne craint pas de vivre entouré d'Africains ou de Maghrébins. Ahahahahahah ! Coupable, je la fais courte, d'exciter la haine raciale des petites gens, de par son cosmopolitisme. La cible privilégiée de la Gauche Pop' qui gentiment comprend si bien l'électeur du Front National. Un peu de symétrie, mes amis, soyez aussi indulgents avec ces gens qui consacrent leurs dimanches à transformer une zone feuillue et morbide d'un quartier populaire en jardin partagé ouvert aux gamins qui traînent un peu trop dehors.

Parce que pour le Gauche Pop, le mariage homosexuel (qu'on soit pour ou contre) n'est pas une question de société, qui peu à peu s'est imposée dans le débat politique, en France mais aussi à l'étranger, fruit d'une longue histoire, Act Up, le PACS, le divorce, le Sida, la procréation médicament assistée, mais un coup des socialos pour faire passer leur impuissance face aux problématiques économiques. Vous l'apprendez, la théorie du mini-complot n'est jamais loin, à la gauche pop'.

Parce qu'en privé, ils font des blagues limites, très limites, qu'on ne le dit pas, qu'on le cache, parce qu'il faut toujours respecter les gens qui vous accueillent mais que trop c'est trop, le "Les gens pensent que j'ai des lunettes mais c'est parce que j'ai de grosses narines", énoncé à la Leeb est laid et je l'ai entendu dans la bouche de l'un des sois-disant "gentlemen" du mouvement.

Je ne les aime pas parce qu'ils ont les armes intellectuelles pour réfléchir finement aux questions de "repentance", car comment fait-on, en tant que fils de, pour apaiser la colère d'enfants dont les pères et mères ont été méprisés et humiliés par nos propres pères (pas le mien ! enfin !) ? Ils préfèrent passer un coup d'éponge sur le passé, "la colonisation, petit, t'étais même pas né, ne nous fait pas chier", alors qu'il s'agit d'un défi bien réel, naviguer entre notre respect, leur pardon et un futur qui ne serait pas plombé par les crimes d'antan.

Parce qu'ils ne voient pas le problème à s'exprimer dans les organes d'info du Bloc Identitaire, si c'est pas pour dire pareil, introduire des nuances mais quand même être approuvé par ledit courant. Ils vous rétorqueront que Le Pën s'exprime bien dans Le Monde. Pas faux, restons-en là si cela vous convient.

Parce qu'ils sont incapables de comprendre comment un ouvrier blanc au chômage dans l'impossibilité de payer les traites de sa maison de Chanteloup-les-Vignes et dont le budget est grêvé par sa facture d'essence continue à tolérer les étrangers sur son territoire. ALORS QUE LE BOBO DU MARCHE BIO RASPAIL LE NARGUE AVEC SA VESTE BURBERRY EN WAX.

Parce que le communautarisme je suis bien d'accord avec eux c'est flippant mais ne reconnaître ni genre, ni origine ethnique ou couleur de peau et les possibles conséquences de ces caractéristiques est au mieux naïf. Donc bête.

Parce qu'ils ne supportent pas d'être "objectivés" et qu'on leur fasse remarquer que Tadam ils sont blancs, mâles, aisés, habitent plutôt de beaux quartiers parisiens et qu'ils vous feront immédiatement la liste des étudiantes paumées qui comptent pour des femmes des noirs et des provinciaux engagés dans le mouvement. Mais, à leur tête, il y a quand même des mâles, blancs, aisés qui habitent les beaux quartiers parisiens. Et les conditions sociales de production de leur discours ne sont pas anodines. On attendrait d'un universitaire qu'il fasse preuve d'un peu de réflexivité. On l'attend encore.

Parce que ce serait si simple s'il fallait tout bonnement choisir entre une explication économique ou raciale pour comprendre les phénomènes d'exclusion, de stigmatisation, de domination. A la gauche pop', on ne chausse qu'une paire de lunettes pour décrypter le monde, avouez que c'est limité. 

Parce qu'ils ont beau répéter que "Dans la République, la seule identité commune, c’est la citoyenneté",   je trouve ça charmant, mais pas l'ombre d'une proposition politique pour fabriquer ce commun. Incantation ? Incantation.

Alors on a quoi ? Un courant protestataire ennemi de la subtilité, focalisé sur les éditoriaux de Libé, dont les membres vous expliqueront bientôt qu'ils cultivent des amitiés inter-raciales.

Et tout ça va diriger le centre de recherches politique (CEVIPOF) de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris.

Applaudissez.