LA plus meilleure poussette du monde

Publié le 01 octobre 2012 par Lesimparfaites
Flashback d'il y a 10 ans de moi en train de magasiner une poussette.
(Vendeuse): Bonjour! Vous cherchez une poussette! Ohhh Super! Venez, je vais vous montrer mes nouveaux modèles. 
J'étais déjà perplexe. D'abord, qui crie de joie et d'excitation quand on annonce qu'on se cherche une poussette. Deuxièmement, je suis étonnée: il y a des «nouveaux modèles» de poussettes, année après année? Comme les voitures? Je me demande bien quelles innovations on peut bien trouver à ajouter au modèle de base, mais je ne dis rien. (en 2012, on trouve désormais des «modèles» avec un rechargeur de iPhone!)
Devant la rangée de poussettes toutes bien enlignées, j'ai comme un vertige.
(Vendeuse): Laissez-moi vous aider. Que cherchez-vous comme poussette? Que voulez faire avec?
(Moi): Promener bébé, j'imagine?
(Vendeuse): Avez-vous des critères, des couleurs préférées, des fontionnalités spéciales? Vous savez, certains modèles permettent d'enlever les roues, d'autres se plient d'une main, d'autres....
(Moi): Je veux une poussette pas trop grosse, légère car je veux pouvoir la lever sans me faire un tour de rein, qui ne prend pas toute la place dans ma valise d'auto, que je suis capable de fermer sans avoir l'air d'Elvis Gratton à la plage, avec des roues qui n'accrochent pas partout.
(Vendeuse): Vous avez une marque préférée?
(Moi): euhhh non! Je veux une poussette... Juste une poussette.
(Vendeuse): Et parlez-moi de votre budget?
(Moi): Moins cher que mon paiement de prêt d'auto, svp!  En bas de 150$, ça doit être possible.
Je l'ai eu ma poussette. Une simple Graco avec un rabais de 20$ parce que c'était le modèle de l'an dernier. Elle a tenu la route pour mes deux enfants. Mais, j'ai déçu la vendeuse. J'ai compris que son excitation quand je lui ai dit que je voulais une poussette était qu'elle était payée à la commission et qu'elle espérait me vendre une poussette valant au moins cinq fois plus chère.
Si la scène s'était déroulée cette année, elle aurait pu se terminer ainsi:
(Vendeuse 2012): Vous savez, vous pouvez payer votre poussette sur 12 mois. On a maintenant un super plan! Ainsi, vous allez pouvoir avoir LA plus meilleure poussette du monde.
Eh oui! J'ai vu une publicité d'une boutique où on incite les parents à payer leur poussette sur 12 mois. De fait, on les incite aussi à se procurer une poussette dont ils n'ont peut-être pas besoin. On grossit leurs besoins, on les transforme pour leur faire croire qu'ils ont absolument besoin de pousser leur bébé dans une poussette deluxe, avec le nom d'une marque imprimée en gros sur le côté, pour être de bons parents pour leur futur bébé à naître. Souvent, pour bien des parents avec une voiture, une poussette est un moyen de transport alternatif. On ne la prend pas chaque jour. On ne fait pas nos courses avec. On ne fait pas de sport extrême avec; on se promène dans un centre d'achats ou sur un trottoir bien déneigé (qui sort prendre une marche dans la pluie ou la neige à moins d'y être obligée?).
Mais la poussette reste l'un des premiers objets qu'on achète quand on est enceinte. Et on veut bien faire. On est hésitant. On ne connait pas trop le marché. Et ça, les vendeurs le savent. Ils en profitent parfois (ahhh souvent, même!). Et ils nous incitent à acheter une poussette qu'on regrettera: elle pèse une tonne (on reste au deuxième étage!), elle est si énorme que dans le coffre de l'auto, il ne reste plus de place pour l'épicerie (imaginez quand on partira en vacances!), elle a des roues immenses difficilement maniables (vous allez en écraser des talons...), etc. Mais on veut bien faire et on se laisse convaincre qu'on en a besoin. On dit que c'est un excellent choix pour notre bébé et on devient gaga. Et puis, on a vu les voisines, les cousines, les amies, les vedettes des magazines à potins pousser leur poupon dans une poussette top «tendance». On se dit «pourquoi pas nous?». Et on l'achète. Et si en plus, on nous divise le prix en 12 pour nous faire croire que c'est ultra facile, on risque de la vouloir encore plus et se convaincre encore plus.
Les futurs parents sont des cibles tellement faciles. Ils sont sensibles, prêts à tout pour leur bébé. On les manipule tellement facilement. C'est triste. Parce que le prix qu'on paie pour notre poussette ne garantit rien et ne prouve rien. On a les moyens, la poussette nous convient? Super! Le prix nous donne des chaleurs? On dit «non» et c'est tout. On ne peut pas se mettre la corde au cou, être dans la marde les prochains mois avec notre salaire coupé en formule «congé de maternité» pour être fière de promener notre poussette.... euh de promener notre enfant en poussette.  Une question de priorité qu'on dit? Et surtout de gros bon sens.