De Florange à Fessenheim, on nous prend pour des c...s.

Publié le 02 octobre 2012 par Juan
Jean-Luc Mélenchon était dans son rôle quand il défendait une autre voie, contre l'austérité en Europe. Mais ses explications restaient confuses quand il s'agissait de justifier pourquoi la France pouvait donc encore s'endetter sans compter.
Arnaud Montebourg était dans son rôle quand il fallait défendre Florange. Mais que peut donc ce ministre contre un millionnaire indien qui avait décidé de planter le site pour mieux concentrer ses capacités ?
La Commission européenne était dans son rôle quand elle terminait enfin son enquête sur la sûreté des centrales. Mais pourquoi donc son rapport sort-il si tard ? Le Figaro livre quelques conclusions - provisoires: 19 centrales ne sont pas sûres.
Dormez tranquille, braves gens.
Lutte finale ?
Lundi 1er octobre, Jean-Luc Mélenchon revenait sur la manifestation de gauche, la veille, contre le Traité européen. Il était sur France Inter pour faire sa pédagogie. Nicolas Beytout, éditocrate libéral, fut mis en pièces, littéralement, quand il invoqua le cout du travail prétendument trop élevé en France comme cause de la crise: «  ce n'est pas une crise de cout du travail mais un crise de cout du capital ! » répliqua Mélenchon. Il était très bon.
Mais l'ex-candidat du Front de Gauche à la présidentielle était moins convaincant sur ces explications à propos de la dette. Sa thèse est simple: l'austérité en Grèce comme ailleurs est une catastrophe. Même des « économistes » libéraux comme François Lenglet (rappelez-vous, c'est le chauve qui interrogeait les candidats de la présidentielle sur France 2 dans l'émission Des Paroles et des Actes) en conviennent. La Grèce aurait du faire faillite. Alourdir sa dette - et les remboursements qui s'en suivent- tous les trimestres depuis 3 ans ne fait qu'aggraver l'état du pays.
Son gouvernement prévoit une sixième année de récession pour l'an prochain. Et tout le monde s'accroche à son maintien dans la zone euro.
Tartufferie politique
Le parallèle que Mélenchon dresse avec la situation française n'est pas évident: la rigueur annoncée par François Hollande n'est pas de même nature (fiscale et économique) que celle pratiquée chez nos voisins latins.
Lundi, il voulait aussi convaincre que la France pouvait tout à fait s'endetter davantage. Pour mémoire, l'endettement public a dépassé 91% du PIB au trimestre précédent. Et c'est justement cette comparaison qui agace Mélenchon.  Selon lui, il ne faut pas comparer ce stock de dette (soit 1.750 milliards environ) avec le la production annuelle (le PIB). Il a pris l'exemple des ménages: pour ces derniers, les banques définissent leur plafond d'endettement en évaluant leur capacité de remboursement par rapport à leurs revenus, le taux maximal d'endettement étant généralement fixé à 33%.
Et Mélenchon d'expliquer alors que dans le cas de la France, les 50 milliards d'euros annuellement consacrés au service de la dette sont donc ridiculement faibles par rapport aux 2.000 milliards de PIB. 
Mais ce raisonnement a ses limites. Primo, il faudrait donc comparer ces 50 milliards aux seules recettes publiques, soit un peu plus de 1.000 milliards d'euros (Etat, collectivités locales, Sécurité sociale, ...). Secundo, on doit retrancher les autres remboursements et charges incompressibles (retraite, chômage, indemnité maladie, etc), qui réduisent d'autant le taux maximal d'emprunt.
En fait, le niveau supportable d'endettement d'un pays n'a pas grand chose à voir avec celui des ménages. La comparaison est même surprenante dans le bouche d'un tel homme politique. Il devrait relire les Economistes Atterrés, par ailleurs de farouches opposants au Traité.
Tartufferie industrielle
A Florange, c'était le choc. La direction d'Arcelor-Mittal a prévenu qu'elle fermerait les deux hauts-fourneaux. Pour Montebourg, Mittal concède d'attendre le 1er décembre, le temps de trouver un repreneur.
Une tartufferie puisque le délai est trop court. Pire, le plan social des quelque 629 salariés du site sera activé mi-octobre.
Montebourg a nommé Pascal Faure, auteur d'un rapport sur le sujet, pour trouver un repreneur. Une mission impossible. 
Tartufferie atomiste
Dans 19 autres sites, c'était aussi le choc. Et une autre tartufferie. La Commission européenne dénonce des failles de sécurité dans 19 centrales nucléaires françaises, sans pour autant réclamer leur fermeture.
On hallucine...
« Chacun des 58 réacteurs nucléaires d'EDF affiche des défaillances, d'incidence variable, à l'issue de contrôles de sécurité systématiques menés par l'Union européenne (UE), selon un bilan encore confidentiel, obtenu par Le Figaro. » Le document, révélé par le Figaro, est une épreuve de travail, qui précise: « les 19 centrales manquent d'instruments de mesure sismique adaptés aux exigences post-Fukushima. Sans exception non plus, les équipements de secours en cas d'accident ne sont pas adéquatement protégés des éléments; à la différence des réacteurs allemands, britanniques, espagnols ou suédois. ».
Rappelez-vous les grandes déclarations sarkofrançaises après la catastrophe de Fukushima. Un débat national raté sur les enjeux de sûreté, des outrances en tous genres pendant la campagne, un prétendu audit franco-français qui conclue que tout va bien ou presque,... Tout ça pour rien.
Après la campagne, voici qu'on apprend que nos belles centrales sont défaillantes.
De qui le nucléaire est-il l'avenir ?