Beau parleur de Jesse Kellerman

Par Mpidelph @MPIDelph

Beau parleur sort en librairie aujourd’hui même. J’ai eu l’opportunité de découvrir le nouveau roman de Jesse Kellerman en avant-première et j’en remercie chaleureusement les Editions des Deux Terres.

J. Kellerman nous entraine cette fois sur les montagnes russes de la chance, la malchance et du destin. Ce livre est réellement structuré tel un train fou : montée, descente en conséquence, virage inévitable sauf que là il n’y a pas de gare à la fin du circuit où le voyageur descend les jambes tremblantes mais heureux des sensations vécues.

Joseph Geist est un éternel thésard en philosophie. Il vient d’être mit dehors par sa compagne et se retrouve avec son sac, quelques vêtements et sa statuette de la moitié de la tête de Nietzsche à devoir squatter le canapé d’un ami. Sa directrice de thèse lui coupe les vivres en mettant un terme à 8 ans de thèses n’avançant pas et ressemblant plus à un amas de sources, citations et réflexions éparses. Joseph est très plaintif, très victimaire, il est passif face à ce qui lui arrive et ne semble pas envisager la remise en cause, j’ai, à ce moment, eu bien envie de le secouer !

En répondant à une petite annonce il devient, contre paiement, le compagnon de conversation d’Alma une vieille femme demeurant dans une grande et belle demeure et ayant pour seul famille un neveu raté. Ils parlent de philosophie, ils dissertent, ils réfléchissent, ils analysent.

Alma, vivant seule dans cette grande maison, lui propose de le loger en échange de menus services. L’offre tombe à pic pour Joseph !

Joseph s’attache beaucoup à Alma, il voit en elle un égal intellectuel sentiment qu’il rencontre avec peu de gens. Il s’attache tellement à Alma que attitude opportuniste de Eric son neveu qui vient quotidiennement réclamer de l’argent le révulse. Eric est un personnage ambigu, être sans envergure et sans ambition mais au comportement hypnotisant et retord. Alma est malade, elle souffre de crise extrêmement douloureuse et pour Eric la solution est simple : si Alma meurt elle ne souffre plus…. et lui récupère le pactole mais cela est sans compter sur l’honnêteté et la loyauté de Joseph.
Je ne peu en dire plus sans révéler l’intrigue du livre mais malgré un début très lent tout s’emballe d’un coup et un puit sans fond semble s’ouvrir sous nos pieds !

Toutes la dernières parties est très allégorique. La souffrance physique serait-elle un moyen d’expier nos actes ? La renonciation aux soins serait-elle un suicide à petit feu ?

L’auteur utilise un parti pris intéressant : toutes les scènes où Joseph perd pied son écrite à la 2ème personne du pluriel. C’est nous qui sommes mis en cause comme si nous avions le contrôle de l’action… et de ces conséquences.

J’ai lu précédemment Meurtre et obsession et Jusqu’à la folie du même auteur sans être pleinement convaincu mais celui-ci fut un plaisir à lire. J’ai trouvé le début très long mais avec du recul cette longueur participe grandement à l’impression d’être ensuite happée par les événements. L’auteur à su faire évoluer le personnage de Joseph de manière radicale sans tomber dans l’excès. Eric par contre est assez caricaturale et j’aurai aimé avoir plus d’éléments notamment sur sa relation avec Alma et leur histoire familiale.

Dans ces remerciements l’auteur écrit “Une fois de plus, ce livre est autant l’œuvre de ma femme que la mienne“. Je trouve cela très beau et tendre.

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Beau Parleur de Jesse Kellerman

Editeur : Editions des Deux Terres

Traductrice : Julie Sibony

ISBN : 978-2-84893-124-1

Parution : octobre 2012

Prix : 21 €

Pages : 344


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