le loup : une partie de la solution contre la prolifération des sangliers en Europe?

Par Baudouindementen @BuvetteAlpages

Contre la prolifération des sangliers en Europe : « Des solutions plutôt locales que nationales »

La France agricole présente une étude en français, publiée sur le site d'Elo (European Landowners' Organisation) qui se penche sur les conséquences de « l'explosion démographique du sanglier en Europe » et tente d'apporter par son analyse des pistes de réponses à ces invasions qui constituent un véritable fléau pour les terres agricoles, et qui inquiète à présent certaines zones urbaines dans l'UE.
 
« L’exceptionnelle explosion du grand gibier notamment du sanglier, dans la plupart des pays européens », que l'étude attribue tant à l'évolution des emblavements des cultures refuges qu'au changement climatique ou une régulation déficiente par la prédation ou la chasse, « génère des difficultés de gestion qui concernent à la fois les villes et le milieu rural », préviennent les auteurs.
 
Le sanglier, « devenu un animal de moins en moins timoré vis-à-vis de l’homme », est « de plus en plus considéré comme invasif » dans la mesure où l'explosion de leur nombre est telle (« augmentation de quatre ou cinq fois en moyenne par pays en vingt ans ») que les « pressions sur les différents territoires agricoles et urbains ainsi que sur les infrastructures routières, sont devenues trop importantes », précise l'étude.
 
Sur ce terrain la surpopulation du sanglier sauvage affecte plus particulièrement l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, l'Espagne, la France, l'Italie, le Luxembourg et le Portugal, selon le document.
 
Ces invasions croissantes sous-tendent des problèmes d'ordre économique, notamment dans les cultures où les dommages « augmentent chaque année », sanitaire avec « un risque de prolifération de maladies » ou humain avec l’augmentation du risque des accidents routiers induits par l'animal d'un gabarit conséquent et robuste.
 
« Tous ces problèmes nécessitent une intervention rapide pour endiguer ce phénomène », martèle l'étude. Mais déjà ses auteurs ont constaté que « l’utilisation d’un nourrissage dissuasif bien ciblé (l'agrainage, NDLR), une pratique de tirs moins restrictive et une pratique agricole plus réfléchie sont des solutions envisageables pour une réduction efficace de ces populations » de sangliers.
 
En zones rurales, l'étude constate que les populations de sangliers profitent de la progression importante durant les vingt dernières années de trois des cultures les plus influentes pour leur régime alimentaire, leur croissance, et leur quiétude y compris vis-à-vis des chasseurs, « à savoir le maïs, le colza et la moutarde ». La progression de cette dernière a offert aux sangliers un couvert végétal refuge en hiver.
 
Alors que dans le passé « les corridors et trames vertes entre les bois » étaient « principalement formés de prairies », ils sont à présent « également constitués de cultures de moyenne hauteur, permettant au sanglier de se déplacer discrètement d’une forêt à l’autre, sans risque », explique l'étude.
 
L'étude relève que le problème de la prolifération des sangliers en Europe « a besoin de solutions locales, plutôt que (d'une solution) nationale », dans une « approche équilibrée utilisant diverses mesures. La suppression du nourrissage, qui n’est pas accompagnée par une décision d’augmentation des périodes annuelles de chasse, ne résoudra pas le problème de la surpopulation des sangliers, des dégâts croissants des cultures et des accidents sur les routes. Plus qu’une politique d’interdiction du nourrissage dissuasif, il est nécessaire de trouver des solutions avec l’ensemble des acteurs parties prenantes de ce problème », conclue l'étude.

Les propositions de l'étude

  • acceptation d’une période de prélèvement intensif transitoire, le temps de ramener les populations à un niveau équilibré,
  • agrainage dissuasif en période sensible pour les cultures, et pour préserver les prairies,
  • extensions des périodes de chasse,
  • mise en place de cultures faunistiques, du type pollinisateur pour améliorer la biodiversité et les populations d’insectes en bordure des forêts, facilitant également le tir,
  • mise en place de corridors de tir parallèles ou non au semis,
  • garantir des espaces de quiétude pour le gibier dans les différentes forêts,
  • inciter à une meilleure collaboration entre les différents acteurs du milieu rural,
  • éliminer toutes sortes de restriction de tir,
  • monitorage sur plusieurs saisons.

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Introduction de l'étude

L’exceptionnelle explosion du grand gibier notamment du sanglier, dans la plupart des pays européens, génère des difficultés de gestion qui concernent à la fois les villes et le milieu rural. L’augmentation des populations de sangliers dans toute l’Europe, est la conséquence de plusieurs facteurs cumulés.
En effet, le phénomène d’emblavement des cultures a augmenté et varié le type de territoires occupés par le sanglier qui a su massivement profiter de ces nouveaux couverts tranquilles. Les terres agricoles, qui auparavant n’étaient pas un habitat naturel pour le sanglier, le sont devenues, car il y trouve le refuge, la quiétude et la nourriture qui lui font défaut dans d’autres habitats.


En l’absence d’un véritable prédateur, le sanglier doté d’un taux de reproduction élevé se développe de manière exponentielle. Dans certaines régions seulement, le loup est l’unique prédateur apte à réguler l’augmentation du sanglier.

Néanmoins, cette fonction est en général assurée par l’intervention des chasseurs qui, par le biais du prélèvement, peuvent endiguer cette explosion démographique.
In fine, le changement climatique a un impact considérable et indiscutable dans l’évolution des populations de sangliers en Europe.
Le sanglier est de plus en plus considéré comme invasif et est devenu un animal de moins en moins timoré vis à vis de l’homme. Nombreux sont les cas de sangliers retrouvés dans les villes européennes à fouiller dans les poubelles à la recherche de nourriture laissée par l’homme. Il est considéré aussi comme invasif sans doute dans le milieu agricole, car le sanglier trouve dans les cultures des lieux de nourriture et de quiétude, ce qui engendre de coûteux dégâts pour les exploitants agricoles.
L’explosion du nombre de sanglier est telle que les pressions sur les différents territoires agricoles et urbains ainsi que sur les infrastructures routières, sont devenues trop importantes. Les problèmes liés à cette augmentation exceptionnelle (augmentation de 4 à 5 fois en moyenne par pays en 20 ans) sont de plusieurs ordres :

  • Economique : les dommages dans les cultures augmentent chaque année.
  • Sanitaire : il existe un risque de prolifération de maladies, telles que la grippe porcine, le streptocoque suis ou encore la brucellose (brucella suis biovar).
  • Humain : L’augmentation des accidents routiers représente aujourd’hui un risque sans précédent.
Tous ces problèmes nécessitent une intervention rapide pour endiguer ce phénomène. Il faut donc analyser les facteurs clefs de cette augmentation, afin d’identifier les mesures les plus efficaces à mettre en place à moyen terme, en concertation avec les différentes parties prenantes et leur collaboration (Partenariat Public Privé - PPP) pour une meilleure gestion de ces populations.

Les pays européens vont répondre à cette problématique en s’attaquant principalement à la question de la gestion humaine. C’est pourquoi, nous allons aborder la question des pratiques humaines liées à la chasse et plus particulièrement le tir éthique et le nourrissage. Nous verrons que les politiques agissent de manières différentes et à des niveaux différents sur les pratiques humaines avec plus ou moins de succès. Les solutions sont souvent liées à un  ensemble de facteurs, mais la concertation est primordiale lorsqu’il s’agit de trouver un équilibre pour le contrôle de population d’une espèce.
L’ensemble des parties prenantes (politique, communauté des chasseurs, agriculteurs et environnementalistes), est à même d’identifier les objectifs à atteindre et les moyens à mettre en oeuvre pour résoudre cette équation à plusieurs inconnues. Ces solutions doivent être inscrites, dans un cadre temporel en adéquation avec les caractéristiques de l’espèce et les périodes d’action possibles.
Nous avons constaté que l’utilisation d’un nourrissage dissuasif bien ciblé, une pratique de tirs moins restrictive et une pratique agricole plus réfléchie, sont des solutions envisageables pour une réduction efficace de ces populations.

Commentaire de la Buvette des Alpages

Et pourquoi ne pas ramener un équilibre dans les écosystèmes en permettant aux prédateurs de reprendre la place qu'ils occupaient et devraient occuper au sommet de la pyramide alimentaire. Actuellement, le chasseur a horreur de la concurrence !

Dans l’Ouest et le Centre de la Pologne, une étude, réalisée entre 2002 et 2009 a permis de connaître le régime alimentaire du loup qui se compose de 94,8 % d’ongulés sauvages (42,8 % de chevreuil, 22,6 % de sanglier et 22,2 % de cerf).

En France, le programme d’étude de l’impact de la prédation par le loup sur les proies sauvages a permis de quantifier spatialement la pression de prédation au sein du territoire de la meute étudiée.

C’est en mettant en rapport cette pression de prédation avec le suivi des ongulés marqués qu’il sera possible d’interpréter au mieux l’interaction entre la prédation et les taux de survie de ces ongulés."

"Une analyse synthétique des données de régime alimentaire du loup en France a été réalisée, à partir de l’ensemble des fèces disponibles. La comparaison de la fréquence d’apparition des différentes espèces proies entre les meutes, et au sein des meutes au cours du temps, permet de décrire précisément les stratégies alimentaires du loup. Enfin, une méthode d’analyse génétique du régime alimentaire de ces grands carnivores est en phase exploratoire et vise, en particulier, à vérifier les possibilités de distinction d’espèces génétiquement proches (mouton/mouflon, par exemple)."

Vous pouvez lire un résumé de cette étude dans le bulletin du réseau loup n°27. Voici un extrait de l'article intitulé "Au menu du loup : un bilan du régime alimentaire dans différentes meutes de France. Une technique d’analyse fastidieuse mais qui révèle son intérêt sur le long terme."
"Ainsi le régime alimentaire est composé en moyenne (pour toutes les meutes) de 76% d’ongulés sauvages et de 16% de proies domestiques (ovins bovins et caprins compris). Les autres proies (marmottes et lagomorphes pour l’essentiel) restent anecdotiques dans leur représentativité (<2%).
En revanche, une des meutes du Mercantour, «Vésubie-Roya» se démarque nettement du patron général avec une forte proportion d'ongulés domestiques (46 %), ce qui rejoint les mesures réalisées par les constats de dommages (>100 attaques par an). La présence quasi-continue des ovins en extérieur durant l’année, associée au fait que sur cette zone figurent 3 unités pastorales identifiées comme «foyers d’attaques» (c’est-à-dire que même en tenant compte de la quantité d’ovins présents et de leur durée d’exposition au risque de prédation, ces unités sont très fréquemment attaquées) permettent d’expliquer cette différence par rapport aux autres territoires de loups sur lesquels est mis en oeuvre un pastoralisme essentiellement basé sur la transhumance estivale."

Le loup est au sommet de la chaîne alimentaire dans son écosystème

« Le loup est au sommet de la chaîne alimentaire dans son écosystème, il n’est la proie d’aucune autre espèce (pour les adultes au moins). Carnivore opportuniste, il adapte son régime alimentaire à la région où il vit, à la saison, au type et à la densité des proies. Il consomme préférentiellement des ongulés (en France : Cerf, Chevreuil, Chamois et Isard, Mouflon, Bouquetin, Sanglier…) mais ne dédaigne pas des proies plus petites comme les lagomorphes, les rongeurs, les oiseaux, les reptiles… L’espèce majoritaire du régime alimentaire d’un loup est en général l’espèce la plus abondante de la région, à condition que sa prédation ne soit pas trop dangereuse.

Le loup peut également se nourrir, selon les conditions, de carcasses, de fruits ou même de détritus. Un loup a besoin en moyenne de consommer chaque jour 17% de son poids en viande, soit 4 à 5 kg pour un loup européen. Et il n’hésite pas à consommer des fruits, sources de vitamines, et de l’herbe utilisée surtout comme purgatif.

Les diverses études réalisées sur le régime alimentaire du loup semblent montrer qu’il chasse de préférence des ongulés sauvages. Cependant, il s’attaque également en zone d’élevage aux troupeaux domestiques et particulièrement aux petits ruminants. La proportion de proies domestiques dans son régime alimentaire est généralement faible mais varie selon la saison (plus importante pendant les estives) et selon la région, en fonction notamment de la densité en ongulés sauvages. »

(Extrait du Plan National sur le loup 2008-2012)

D'autres absurdités

Dans le Haut-Doubs, on élimine les renards et on se plaint de la "pullulation" des campagnols. Un seul renard assure chaque année à lui seul la destruction de 6.000 à 10.000 rongeurs : c'est donc un véritable auxiliaire de l'agriculture. Mais dans le Haut-Doubs, le renard est classé... nuisible. On lui préfère la "mort au rat".

La lutte chimique, engagée expérimentalement dans les années 1970 avec l’usage de la bromadiolone, s’étend et débouche très rapidement sur des bavures : les prescriptions d’emploi ne sont pas respectées et le poison provoque une important mortalité d’espèces non cibles. En 1989/1999, l'ONC récolte 846 dépouilles d'animaux sauvages, dont 373 sont analysées et 267 se révèlent positives à la bromadiolone. Les principales espèces concernées sont la buse, le renard, le milan royal et le sanglier. Le lien de causalité entre bromadiolone et mortalité est ainsi établi de manière indiscutable.

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