Avocat du TSCG, sale métier… pour un blogueur

Publié le 09 octobre 2012 par Mister Gdec

Les montebourgeois – bon sang, même eux ?! – tenteraient ils d’inventer eux aussi la formule de la ratification du TSCG faute de mieux ? Misérable labeur, qui fait honte à la sueur de nos fronts. Car de Bruxelles à Lisbonne en passant par Maastricht, Amsterdam et Nice, c’est toujours cette même logique si exclusivement financière et si strictement inféodée aux intérêts dominants, que nous dénonçons sans relâche malgré notre attachement à l’idée de l’Europe, à nos yeux forcément plus sociale,  qui avance et l’emporte… toujours par abandon et manque d’ambition, faute de mieux, encore et encore.

 Coûte que coûte, vaille que vaille, ce rouleau compresseur totalement antidémocratique écrase peu à peu toute velléité de contestation des peuples, pourtant principalement concernés. Et jamais, Ô grand jamais, on ne leur demanderait leurs avis, on ne tiendrait compte de leur refus, préférant les faire passer en cas d’échec des (rares) consultations nationales pour ce qu’ils ne sont plus, à l’heure d’internet : des ignorants, peu ou mal éclairés, ingrats,  qui ne comprennent pas à quel point ce que l’élite a décidé, seule,  était bon ou moins pire pour eux ? Et cela même quand ils se sont eux-mêmes  trompés, ces fiers eurocrates un peu trop sûrs d’eux et incapables de toute remise en question, mus par la seule idéologie de leur doxa libérale, le doigt dans l’œil jusqu’au coude levé par des crises si successives qu’elles deviennent la règle et par d’autres joyeusetés comme cette dette qui ne cesse de s’empiffrer de notre inaction collective face à de mauvaises décisions oligarchiques ? Reprenons le contrôle de nos vies, des décisions qui nous concernent, et construisons nous un avenir meilleur et plus conforme  à nos aspirations que cet avenir si pauvrement austéritaire, c’est-à-dire limité aux seules contingences financières. Donc encore plus pauvre que pauvre.

Partout en Europe, et plus particulièrement là où les peuples sont confrontés le plus durement aux politiques d’austérité mises en œuvre par leurs gouvernements pour satisfaire aux critères européens de stabilité,  la population concernée exprime son désaccord de manière de plus en plus visible, comme ici en Espagne. Les mesures de rigueur à répétition finissent par en lasser plus d’un, et ne semblent plus avoir pour seul intérêt que d’attiser la colère des peuples.

Aussi, quand  il m’est donné, ainsi qu’à d’autres (que j’ai vu réagir de manière plus ou moins virulente sur twitter samedi)  de lire, effaré, le titre d’un billet qui tend à absoudre la position hollandaise vis-à-vis du TSCG alors que les socialistes sont en train de manger leur chapeau et de se renier sur le sujet, tout en reconnaissant que ce traité est une ânerie, forcément, je tire sans sommation (ce Rimbus, il nous tend la perche !) puis je dégaine mes arguments.

Tout d’abord, à propos de celui qui consiste à laisser à penser au lecteur que le processus est inéluctable, avec ou sans nous, français. Dans ce cas, il va falloir que notre jeune ami blogueur nous explique pourquoi donc, si cela est vrai, alors que les efforts des uns et des autres ( et non des moindres, dont d’autrefois plus rouges…) n’y suffisaient plus, Ayrault lui-même s’est-il senti obligé de mettre les mains dans le cambouis (ce qui ne lui ressemble guère) et va jusqu’à perdre un temps que j’imagine précieux à tenter de convaincre lui-même des députés socialistes hésitants, majoritairement installés dans l’aile gauche du grand salon du PS ? Eux qui feraient mieux de venir se serrer avec nous sur la petite banquette, certes usagée, mais rouge du Front de Gauche, où ils auraient plus chaud…

Ensuite, je pense que si la France était en capacité de dire NON,  loin d’être inutile, ce refus constituerait un  signe attendu de ralliement pour bon nombre de peuples européens, tant ils se sentent trahis par leurs gouvernements, et cette ratification apparaissant comme si peu démocratique. Désolé, Rimbus, mais un seul exemple, Irlandais, de la part d’un pays dont on sait à quel point il a tant reçu et continue d’attendre encore de l’Europe ne m’apparait comme un exemple très suffisant. Et suffisamment constructif. Je pourrais en effet dans ce cas proposer un autre exemple, à mes yeux bien plus instructif et prometteur. Je veux parler de celui constitué par une simple différence de lettre, comme j’en plaisantais il y a peu sur twitter : l’Islande, dont la population, à l’inverse, ne s’est pas laissée bêtement acculer dans la même voie sans issue que la nôtre, et a su au bon moment prendre le contrôle de la situation. La démarche populaire a d’ailleurs porté ses fruits, et comme chacun peut le savoir, ils ne s’en portent que bien mieux.

Concernant  la proposition « d’accepter de rester dans le jeu, en considérant que ce traité (comme les critères de maastricht) n’est qu’un vœu pieux, avec l’espoir de faire évoluer les choses dans le futur »  tout en tablant sur un très éventuel changement de gouvernement allemand dans un an relève d’ une forme d’ ânerie que je réprouve. N’est-ce pas en effet cette voie qui a été suivie depuis le début, avec les conséquences à mes yeux désastreuses que l’on connait ? Ratifier un texte en faisant semblant, sans en accepter le contenu, voilà qui m’apparait en outre d’une grande étrangeté. Stratégie, dite vous ? Duplicité et volonté de trahir sa parole dès le moment venu,  bien davantage ! Je pense qu’on peut peut-être se dispenser de ce qui m’apparait comme une vilénie envers nos compatriotes européens.

« Par contre, sortir des négociations c’est prendre le risque d’être isolé et de ne plus pouvoir influer sur le cours des choses pour atténuer les effets pernicieux du TSCG. » Qui a dit qu’il faille sortir des négociations ? Et pourquoi pas de l’Europe, tant qu’on y est, pour jouer au grand méchant loup, comme a tenté de le faire également Ayrault, jouant sur les peurs de chacun, sur le registre de la fin du (d’un !) monde ? Trop de mécontentements, d’insatisfactions nationales et de protestations populaires se font jour pour ne pas espérer qu’une autre Europe puisse être construite sur des bases moins funestes, ayant valeur d’exemple pour d’autres, même engagés dans ce processus néfaste.

« … le refuser aurait des conséquences tout à fait préjudiciables, que ce soit face aux créanciers qui assurent notre budget de fonctionnement (hausse des taux d’intérêts, dégradation des agences de notations etc.)… Mais enfin,  Rimbus, ne me dis pas que tu n’as jamais entendu parler de la notion de dette illégitime, et de la nécessité insurmontable aux yeux de beaucoup de sa renégociation, qui nécessite de toute évidence un audit citoyen, idée pour laquelle je milite également, tant cette perception tronquée de l’économie médiatiquement enfoncée de force dans les esprits impréparés relève d’ une formidable escroquerie populaire ? Car c’est franchement méconnaitre le sujet de la composition détaillée de ladite dette, qui est loin de n’être que la nôtre….

« … pour notre position diplomatique européenne et notre influence. » Ne penses-tu pas, justement, que nous aurions davantage d’influence si  nous cessions enfin de jouer les moutons, de suivre en bêlant l’exemple allemand (qui en matière sociale n’en est franchement pas un, il  n’y a vraiment pas de miracle…) et que nous prenions enfin l’initiative de stopper une course folle qui ne mène que dans une impasse de l’avis de beaucoup ? Ne nous en sentirions nous pas plus fiers, que d’impulser une autre logique, donnant le signal que des peuples désespérés attendent tant ? Cette voie plus difficile me semble néanmoins bien plus noble et porteuse d’avenir que ta bête résignation.

Reste les questions posées par clumsi, ici, qui méritent une réponse honnête (moi, je les connais… Suffit de googliser  :

« Comment s’est passé le vote sur le Traité de Lisbonne ?
Les Irlandais n’ont-ils pas voté contre en 2008 ?
Le référendum n’a-t-il pas été « annulé » par un nouveau référendum en 2009 ?
 »

Enfin, cerise sur le gâteau de mes divergences d’avec toi, je n’ai pas la mémoire courte et me revient une certaine promesse, qui devrait en faire réfléchir plus d’un, car ce n’est peut-être pas la première qu’il trahira, ce qui augure bien mal de la suite que tu proposes en prétendant changer ensuite le cours des choses du TSCG :

« La proposition n° 11/60 du candidat Hollande prévoyait de renégocier les accords issus du Conseil européen du 9 décembre 2011 (mandat de la BCE, Euro-obligations, arbitrage entre croissance et niveau de déficit budgétaire). Mais à ce jour il n’y a une aucune modification du traité, et le texte soumis au parlement est le même que celui signé en mars 2012 » (source) CQFD.