To The Moon, 16bits d’émotions

Publié le 09 octobre 2012 par Benoit B.

Jusqu’à présent, je pensais que le seul moyen de pleurer avec 16bits impliquait un gang bang dans une cave, heureusement, je me "fourvoyais grave ma race" comme disent les Académiciens racaille. Car oui, en dépit de mon cœur de caillasse et mes larmes lyophilisées, le jeu To The Moon, qui semble pourtant sorti tout droit du cadavre d’une Super Nes, est parvenu à me faire pleurer. Enfin… pleurer, je devrais plutôt dire déverser un torrent de larmes mêlant tour à tour tristesse, joie puis retristesse derrière ! C’est simple, je n’avais pas autant chialé depuis mes 8 ans et "L’histoire sans fin" :

Les plus sadiques d’entre vous peuvent également montrer à leurs mioches/neveux/petit cousin l’Incroyable voyage en coupant les 10 dernières minutes monstres.

L’expérience est d’ailleurs extrêmement troublante puisqu’elle m’a fait prendre conscience d’une chose : avant To The Moon, AUCUN jeu vidéo n’était parvenu à cet exploit. Bon, j’ai bien versé une larme quand, pour la 15 000ème fois, J0j0 l’IA mongolo d’une mission d’escorte lambda est allé faire l’amour à mes ennemis au lieu de rester sagement derrière mon corps musclé et ma sulfateuse mais, c’était de la rage !!! C’est différent !

J’ai également chialé dans Final Fantasy VII quand Aeris meure mais ça ne compte pas vu que c’était uniquement lié au fait que le jeu venait de buter MA MEILLEURE HEALEUSE §§ Je vais faire comment maintenant BANDE DE SADIQUES !!1 Et puis POURQUOI LA PLUME DE PHENIX MARCHE PAS SUR SON GROS FION ?!!!1 ELLE FONCTIONNE SUR LES CHIENS MUTANTS ET LES GROS MANCHOTS MOCHES ALORS POURQUOI PAS ELLE !! C’EST NIMPORTE QUOI ARGNEUGUNENHGGUFUFGUD §§

En fait, le plus proche que j’ai jamais été d’avoir un début de larmes de tristesse c’est avec Shadow of the Colossus qui a effleuré les vannes de mes émotions sans jamais parvenir à en actionner le levier tout rouillé. Bref, autant dire que jusque là, j’étais puceau de la chialerie avec les jeux vidéo.

C’est pourquoi je vais tenter de vous expliquer, en vous révélant aussi peu de choses que possible de l’histoire, pourquoi "To The Moon" est aux jeux vidéo ce que Mark Gormley est à la chanson : une perle rare et magnifique !


To The Moon : Pourquoi ça rokse ?
To The Moon raconte l’histoire de deux scientifiques ayant pour mission d’exaucer le rêve d’un vieil homme sur son lit de mort. Celui-ci veut aller sur la lune mais, comme il va bientôt clamser et que la NASA a une politique étrange à base de "on préfère que nos cosmonautes ne soient pas des cadavres merci", les choses ne sont pas gagnées d’avance. Heureusement, pour accomplir cet exploit, ils disposent d’une machine leur permettant d’entrer dans l’esprit de leur patient pour en modifier les souvenirs clés de son passé. Ils vont donc simplement lui faire croire qu’il y est parvenu.

Cette machine est le seul élément futuriste de l’histoire et n’est, au final, qu’un simple prétexte pour raconter une histoire humaine sensible et d’une grande richesse qui fait se poser beaucoup de question et notamment "a quel point ma vie aurait changée si j’avais pris d’autres décisions " ? A partir de là, les deux scientifiques vont remonter dans le passé de leur patient et chaque bond leur permettra de dévoiler toujours plus de sa personnalité et des mystères entourant sa vie.

Vous vous demandez probablement, "Bon, ça va le ouin ouin, en gros ce jeu c’est juste le fils mutant d’Inception et Eternal Sunshine of the trucmuchepourquoionfaitdestitresarallonge sauce Zelda moche, je ne vois pas ce qu’il a de si extraordinaire ou émouvant dans un vieux tas de pixels !" ce qui me brise le <3 (cœur ou cul voir cornet de glace selon votre dictionnaire smilie > francais). La grande force de To The Moon réside dans son histoire. Quasiment chaque dialogue, chaque réaction sonne vrai et n’est pas forcée pour le plaisir. Certes, certains échanges comiques sont parfois un peu ridicules mais ils permettent de contraster l’histoire, d’éviter que le jeu ne se prenne trop au sérieux et ne se transforme en film français philosophico-pouet-pouet "je ne fais pas un film pour divertir mais pour faire réfléchir m’voyez".

La structure "retour dans le temps" du récit est également magnifiquement exécutée. Distillant les révélations avec soin, on en vient progressivement à se rendre compte que chaque petit détail de l’histoire à un sens et ce, sans que le jeu n’insulte l’intelligence de ses joueurs en lui mâchant le travail de réflexion. L’émotion du jeu (et sa force) réside en grande partie dans cette découverte progressive qui parvient à transformer notre opinion des personnages du tout au tout au détour d’un simple mot ou point de vue. Croyez moi, jamais aucune peluche d’ornithorynque ou lapin en origami ne vous feront autant d’effet que dans To The Moon.

Cette manière subtile de dévoiler l’histoire est ce qui me fait dire que "To The Moon" a gagné mes larmes et ne me les à pas arrachées au détour d’une astuce de mise en scène et d’un coup de violon magique (même si ça aide). Le fait que l’on découvre les rêves des personnages, qui ils sont vraiment et pourquoi ils agissent comme ils le font fait que, lorsqu’enfin tous les éléments tombent en place et que l’on touche du doigt l’ampleur de la tragédie, on ne peut que chialer comme une grosse loque ou, du moins, ressentir un petit pincement au cœur pour les plus badass d’entre vous ! C’est un récit qui hante car il sonne vrai et touche à des sujet durs avec sensibilité. Que celui qui a dit "Ouais bah les prostiputes aussi mouarfmouarfmouarf" se dénonce !!"

D’ailleurs, mon torrent de larmes s’est déclenché au cours d’une scène "joyeuse" et "innocente" mais qui prend une toute autre dimension quand on en comprend les implications grâce au voyage à rebours dans le passé du patient. A partir de ce point je n’ai juste pas pu stopper mes larmes, qui menaçaient pourtant depuis un moment, et ça a été Niagara dans ma gueule et invasion du blob dégueulasse dans mon nez pendant plus d’une heure à tel point que même mon chat s’en est inquiété !!
  • OUIIIIIIIIIIIN *SNIRFL SNIRFL* FEST TELLEMENT BEAU ET FTRISTE A LA FOIS *SNIRFL SNIRFL*

  • Chat : Miaou ?

  • OUI MON CHATON *Bruit de glaire* MIAOU ! BWOUIIOUINOUIN ! TU AS FARPAITEMENT RAIVON *SNIRFL SNIRFL*

  • Chat : *Non mais il comprend rien cet esclave en bois ! JE T’AI DIT D’ARRËTER TON GENERATEUR A MORVE ET DE M’ADMIRER §§ Après ça et seulement après ça, je t’autoriserais à me redonner des croquettes !!*

Bestiole ingrate !

Vous l’avez probablement remarqué, je n’ai toujours pas parlé du gameplay et ce, pour une raison toute simple, "To The Moon" n’est pas vraiment un jeu mais plutôt une histoire interactive. Certes, certains éléments de Point & Click du pauvre se retrouvent par ci par là et les transitions entre chaque souvenir implique un petit jeu d’énigme mais c’est bien tout. Cela en rebutera probablement certains, d’autant plus que le jeu est handicapé par ses propres origines (il a été réalisé sous RPG maker) qui rendent les perso peu maniables obligeant parfois à des orientations au poil de cul pour récupérer certains objets. Vous êtes prévenus
Autre "défaut", le jeu est court, environ 3h-4h mais, si l’on considère qu’il ne coute que 8 euros (chopable sur Steam ou chez l'éditeur), soit une place de cinéma ou deux kebabs, la pilule passe mieux. Et puis, au moins vous vous épargnerez une éventuelle daubasse sur grand écran ou une gastro tout en restant tranquille, slip au vent, devant votre pc !

Je pourrais aussi vous parler de la musique, magnifiquement utilisée par le jeu, mais j’ai déjà l’impression d’avoir survendu ce jeu. J’espère juste que cela n’enlèvera pas de son impact à l’histoire, que vous n’en attendrez pas trop après cet étalage de fayotage. Je me suis longtemps posé la question de savoir si j’en faisais en article et puis, le simple fait que les émotions réafflux et que j’ai la gorge nouée rien qu’en repensant à l’histoire me confirme que punaise oui ! Si je motive ne serait ce qu’une personne à tester cette pépite et qu’il en ressort ému alors j’aurais fait ma bonne action pour les 50 ans à venir je pourrais retourner cracher sur des films de daube ou couiner "Lé JV Cété mieu avan" l’esprit en paix.


Voili voilou ! Un article assez inhabituel et plus court que d’habitude (et donc plus à l’image de mon pénis diront certaines mauvaises langues !!!) mais bon, une goutte de tendresse dans cet océan de cynisme et de vil sarcasme, ça ne peut pas faire de mal.


Deux images sans rapport comme l’exige mon contrat

Tiens, vu que c’est l’occasion, avez-vous déjà pleuré autrement que de rage dans un jeux-vidéo ?