Rien que pour vos nez !

Publié le 10 octobre 2012 par Delanopolis
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1 – Astuces de présentation ou budget carrément truqué ?

Fidèle à goût pour l’ambiguïté, le pouvoir « hollandais » a présenté un budget dont plus personne ne sait, en dehors de ceux qui l’ont préparé, s’il se traduit ou non par des économies réelles, dans quelle mesure les impôts vont augmenter vraiment et s’il est sincère, c'est-à-dire construit sur des hypothèses économiques réalistes. Ainsi, à chaque ligne de la loi de finances ou presque, le gouvernement joue des évolutions en volume (inflation déduite) ou en valeur pour désorienter le lecteur.

Cette chronique ne se prête pas à des développements approfondis sur le sujet mais remarquons tout de même que :

- le déficit prévu de l’Etat pour 2013 au sens de la loi de finances s’élève à 52,5 milliards d’euros auxquels il faut rajouter 9,5 milliards pour nos contributions à venir au titre du MES/FESF ainsi qu’au budget de la Banque européenne d’investissement. Le gouvernement ne s’en vante pas, car cela pourrait faire vociférer davantage les Mélenchonistes et autres euro-sceptiques, mais le respect du fameux critère de 3 % impose un tour de vis d’autant plus rigoureux qu’il doit tenir compte de cette participation au sauvetage de l’Espagne, du Portugal, de la Grèce, etc. Toutes choses égales par ailleurs, sans ces contributions, la moitié des hausses d’impôt auraient pu être évitées. Bref, c’est davantage d’austérité en France pour rendre supportable l’austérité chez nos voisins. Quid si nos partenaires de galère ne parviennent pas à verser leurs propres contributions ? Ne parlez pas de malheur, por favor …

- le montant des ressources fiscales supplémentaires s’élève à la somme colossale de 25 milliards d’euros, qui néglige aussi bien l’hypothèse d’une fuite devant l’impôt que celle d’une récession qui s’installerait. Des anticipations hautement optimistes donc au regard des effets du coup de massue donné aux contribuables …

- Il y a bel et bien un serrage d’écrou énergique sur les dépenses, qu’Hollande & co évitent de faire valoir pour ne pas échauder davantage leur clientèle électorale de fonctionnaires. En effet, les dépenses de l’Etat baissent de 2 milliards en euros courants, ce qui ne tient pas compte de l’inflation. Leur réduction sera donc en réalité nettement plus importante. Les investissements sont les premiers sacrifiés. Mais qui se soucie encore de l’avenir en France ? Pour autant, les crédits de fonctionnement baissent aussi et les annonces de créations d’emplois dans l’éducation, la justice ou la police sont irréalistes au regard de ces rigoureuses ambitions. A contrario, les réductions dans les autres ministères sont probablement sous-estimées. Quand syndicats et personnels vont l’apprendre, cela va leur faire un drôle d’effet …

- Tout cet édifice est bâti sur une prévision de croissance dont l’élément le plus dynamique est une reprise vigoureuse des exportations (+ 4, 5 %) dont ne voit pas ce qui la provoquerait, dans un contexte international peu porteur et avec le maintien d’un taux de change de l’euro surévalué. Un commerce extérieur moins dynamique que prévu et le respect des 3 % de déficit se volatilise …

- De nombreuses recettes sont surestimées, comme le produit de la réforme de la « niche Copé » ou celui de la lutte contre la fraude fiscale …

- Pourquoi cet écran de fumée ? Le seul espoir d’Hollande & co pour limiter la dérive des finances publiques est d’emprunter massivement, en début d’année prochaine, à des taux très faibles avant que les investisseurs ne se réveillent et ne comprennent que cette présentation budgétaire leur fut jouée sur un air de pipeau. Comme le Trésor devra lever plus de 170 milliards d’euros en 2013, il lui faut justifier le plus longtemps possible du respect des 3 % de déficit afin de rassurer les prêteurs, même si cela ne tient pas la route. Espérons que tous ces financiers ennemis ne s’en rendent pas compte !


2 – « Dégage ! » : Hollande est-il menacé par un futur «printemps français» ?

Les reculades «hollandaises» ont commencé à la première menace de manifestation importante. Le cochon de payeur, contribuable de son état, était censé, dans la culture politique de la gauche, se laisser égorger sans pousser de cris. Ils ne sont pas capables de descendre dans la rue, ce sont des privilégiés un peu froussards, suggérait la doxa du pouvoir. Qu’ils remplissent leurs déclarations et signent leurs chèques avec un peu de honte et de crainte.

Las ! Les entrepreneurs, du moins ceux qui tentent de subsister en France, sont des jeunes et des moins jeunes, habitués à ferrailler dans un environnement difficile, s’étant péniblement constitué un capital putatif à encaisser lors de la vente de leur société. Et voilà qu’on veut les tondre à ras. Quant aux auto-entrepreneurs, ils sont les vrais prolétaires d’aujourd’hui. Les Pigeons se sont donc multipliés sur Internet plus vite que les emplois dans une intercommunalité socialiste, c’est dire. Le gouvernement était menacé d’une sorte de grippe aviaire.

L’appel à manifester risquait de donner des idées à tous ceux qui réalisent qu’un taux de spoliation - pardon d’imposition - sur l’épargne à plus de 50 % dans le meilleur des cas, si l’on inclut l’inflation pour les obligations et les risques de moins-values pour les actions, est inacceptable. Adieu veaux, vaches, épargne-retraite, assurance-vie, start-up et business-angels ...

Plus grave encore, quand les ménages vont comprendre ce que signifie le financement par la CSG du «choc de compétitivité», un bruit de casseroles risque de résonner dans toutes les villes de France. Car le «peuple», figure aux contours flous, n’est pas que de «gauche» et la révolte non plus.

En théorie, ces «Ulcérés» ne peuvent fraterniser avec les «Indignés», leurs pendants de gauche. La jonction de ces deux groupes de mécontents paraît peu probable et assure une certaine quiétude au pouvoir. Mais sait-on jamais ... Qu’un désespéré, chômeur ou petit patron, s’immole et la mayonnaise du courroux peut soudain monter. Hollande et ses démembrements ont donc préféré lâcher promptement du lest. Moscovici, Pellerin et Cahuzac se marchaient sur les pieds pour annoncer que tout était encore sujet à négociation. C’est avec angoisse, désormais, que le gouvernement va scruter les effets de chaque goutte d’eau versée dans le vase du ras-le-bol populaire. Il n’y a pas qu’à Tunis qu’un printemps agité est vite arrivé ...






3 - Valls, Tigre de papier

Valls, nouveau Clemenceau ou Rodomont de service ? Reconnaissons d’abord que ses références doivent peu à celles de la gauche. Apostrophé d’un balcon d’Echirolles sur les questions de sécurité, le président normal a adopté la gestuelle sarkozienne et bredouillé des formules convenues sur le retour de la paix civile dans les banlieues. Mais ne nous trompons pas, selon Valls, la comparaison entre les deux chefs d’Etat s'arrête là : "Cela n'a rien à voir ... il est venu comme un père, pas uniquement comme le président de la République, s'adresser à ces familles ... il incarne l'autorité. Notre société a besoin de repères, de règles, d'interdits".

Bref, pour le ministre de l’intérieur, l’autorité «hollandaise» est celle d’un pater familias national. Sévère mais juste, sa seule apparition apaise et rassure. Elle n’a pas besoin de jets de Kärcher pour s’affirmer. Curieusement, la dernière fois qu’une autorité républicaine a repris ce thème du chef de l’Etat aux pouvoirs socio-thaumaturges c’était sous ... Pétain ! De Gaulle, qui s’amusait qu’on le soupçonne d’entamer une carrière de dictateur à 68 ans, a toujours réfuté ce type de rapprochements douteux. C’est pour cela qu’il a refusé par avance le maréchalat, le Panthéon ou les funérailles nationales.

Abusant de cette rhétorique, vantant les mérites politiques des règles et des interdits, Valls braconne sans états d’âme sur les terres de la droite et épargne pour le moment sa cote de popularité de la déroute de son camp. Il essaie de se raccrocher à la geste de Clemenceau, ministre de l’Intérieur à poigne issu de la gauche et premier flic de France, un exercice déjà tenté par Chevènement en son temps. N’oublions pas que l’actuel occupant de la place Beauvau était le communicant attitré du PS puis du Premier ministre Jospin pendant dix ans.

Le problème est qu’il s’inscrit dans une politique qui, d’alternatives à la prison en salles de shoot, le laisse seul à agiter des thèmes répressifs au sein du gouvernement. Plus inquiétante encore pour lui serait l’apparition d’une version moins scénarisée de l’arrestation de terroristes vivant à Cannes ou à Strasbourg mais opérant à Sarcelles et préparant à coup sûr des assassinats puisqu’ils se sont fait couper la barbe. Une preuve indiscutable de leurs mauvaises intentions, c’est certain. Espérons qu’on ne nous serve pas une resucée des Irlandais de Vincennes, haut fait de la geste répressive mitterrandienne mais vraie baudruche, ce serait fâcheux !

Quoi qu’il en soit, n’ayant que peu de soutiens parmi les caciques du PS, risquant la jalousie de ses chefs, suspect aux médias de gauche, misant sur une popularité qui, en réalité, légitime le discours de ses adversaires, Valls a toute chance de terminer, au mieux, en Chevènement plutôt qu’en Clemenceau. Son Charybde sera la bavure et son Scylla la montée de la délinquance.

4 – Quand la Cour des Comptes s’intéresse à Sciences-Po

Loin de moi l’idée de défendre le bilan de feu Richard Descoings à qui on peut reprocher deux choses, par-delà les habituels gaspillages administratifs : un discours fondé sur l’apologie du management et du secteur privé pour mieux masquer la hausse vertigineuse de l’aide de l’Etat et un coup de canif au principe républicain de l’admission sur épreuves écrites anonymes sous prétexte d’évaluer les dossiers ou de permettre aux élèves issus de Zep d’intégrer l’IEP de Paris. Dans les deux cas, il s’agissait d’un détournement pervers d’intentions prétendument nobles.


Pour autant, la «fuite» d’un rapport aussi tardif que virulent de la Cour des comptes, dénonçant certaines de ces dérives, à un moment où un de ses membres ambitionne d’en devenir le directeur est une étrange coïncidence, n’est-ce pas ? Avec un de ses anciens à l’Elysée, l’institution de la rue Cambon a décidément le vent en poupe …

5 – Le Président SMS et la Première Twitteuse de France

C’est par SMS, paraît-il, que le président normal et connecté s’est enquis des motifs de la colère des « Pigeons » et a donné instruction de les examiner avec bienveillance. Au même moment, Valérie Compagne-Première regrettait son Tweet anti-Ségolène.

Score à la mi-temps : SMS 1 – Tweet 0.