Deux semaines durant, montre en main, Antoine NimporteQui cherchera en vain à revoir sa (nouvelle) dulcinée. L'épuisant de messages abscons. Exaspérant son Facebook de commentaires injustes grandiloquents et profondément incohérents. S'emmêlant d'ailleurs joyeusement les pinceaux. Écrivant Delphine, puis Violaine, puis Jade, puis Reine et Trésor quand, simplement, il eut été préférable de l'appeler Laetitia. Allant même jusqu'à neutraliser complètement le répondeur de la belle d'une longue et pénible tirade pourtant explicitement destinée à Rose. C'est moi m'man décroches s't'plait... Allant même jusqu'à promettre. Allant même jusqu'à jurer. Allant même jusqu'à sévèrement s'énerver. Et jusqu'à déclarer. Jusqu'à proférer. Confesser. Saperlipopéter. S'accaparer. S'arc-bouter. S'emporter. S'exaspérer. S'exagérer le propos. S'écarteler la conscience. Se claquemurer le raisonnement. Se répéter les arguments. Se renfrogner le tempérament. Justifier l'emportement. Se briser le moral en beauté. Dix mille fragments, définitivement éparpillés. Soixante dix sept ans de malheurs et un naufrage irrémédiable. Puis brusquement se calmer. Respirer. S'amplifier. Lentement s'immoler. S'oublier. Par la fenêtre, c'était comme une cascade de promesses... Errances rêvées sur des plages balayées de lune et d'étoiles. Somnolences tropicales étourdies des couleurs de l'été. S'ébrouer... Inspirer. Antoine se souviendra peut-être, un jour, avoir bien failli perdre patience. Bien failli basculer dans la folie. Bien failli jeter l'éponge. Et puis un jour, soleil. Aurore naissante sur des flots parfumés. Papillons de lumière. Coccinelles et farandoles de fleurs. Silence... Antoine croit comprendre, dans l'étrange légèreté de l'air qu'il respire, le silence attendri des oiseaux, que Laetitia est enfin de retour. Antoine croit comprendre, au murmure gourmand qu'accompagne l'ombre fuyante qui traverse la cour, que la silhouette aperçue est la sienne.*2013, si ce tweet est posté l’an prochain, ce qui semble probable