Les petits cons d’Instagram

Par Blended @blendedph

Créé cet été seulement, vous connaissez pourtant déjà, forcément, Rich Kids Of Instagram. Le tumblr de l’année 2012.
Pour savoir que l’argent ne fait pas le bonheur, il vaut mieux en avoir, et beaucoup. Ils sont encore imberbes et pourtant ils dépensent votre salaire annuel en moins d’une seconde.

Notre première réaction, depuis quelques semaines, fut épidermique. Que ces gosses de riches jouissent d’étaler leur opulence sur la toile… Une proposition de loi devrait exister pour interdire (voir punir) ces enfants inconséquents. On pourrait alors créer le tumblr de la fessée publique. Chaque tête à claque aurait le droit à une immortalisation cul nu pour avoir osé semer des images ostentatoires sur le web. Une sorte de vengeance prolétaire.

Mais les semaines passant, cet indignation marxiste s’atténue. A parcourir les commentaires de réactions, on se demande ce qui gêne finalement le plus. Pourquoi tout ces rappels à la morale ? Après tout, êtes-vous sur que si votre compte en banque affichait 9 ou 10 chiffres vous iriez construire des hôpitaux en Afrique ?
Pourquoi parler d’enfants en déroute, en manque de repère, sans valeur à cause de l’argent ? Alors que le même discours apparaît aussi quand on parle des couches pauvres, délinquantes ou incultes.

Alors qu’est-ce qui vous dérange réellement chez ces gamins ? Ils jouissent de leur argent ? Et alors ? L’argent est aussi fait pour ça. Et quand vous allez au restaurant pour 70 euros, rappelez-vous que vous vous payez alors un luxe qu’une majorité de la planète ne pourra jamais atteindre.
Non, le vrai soucis de ce tumblr, c’est la vacuité. Quel est le but de tout ça ?
Que l’étalage de richesse est un objectif, comme un empereur voulant inspirer respect et déférence à son peuple. Ou alors, que cet étalage nourrisse les pages d’un roman de Jay McInnerney, alors on l’excuse. Mais ici, rien de tout ça. Simplement, une jeunesse qui s’ennuie. Qui cherche à choquer comme un gamin ferait une bêtise simplement pour qu’on le remarque.
Et c’est donc là que le bât blesse. Ces sales gosses ne cherchent qu’à narguer. Et c’est alors que notre réaction épidermique reprend le dessus et fait monter la température d’une mélanchonite aigüe basique et sans nuance.
Alors jeunes hommes, jeunes femmes, vous n’êtes que le fruit d’un système. Mais quand un arbre est pourri, leurs fruits ne sont bons qu’à finir écrasés.