Ferveur ou solitude ? Le célibat en Égypte ancienne !

Par Aimejc @aime_ankh

Un sage parla !

"Si vous voulez mesurer la valeur d’une Civilisation,

regardez d’abord comment elle a traité

les femmes,

les pauvres

et

les faibles"

Épreuve ?

Surtout quand il fut subi par une jeune fille !

Célibat ?

Synonyme de solitude...

Synonyme d'exclusion...

Nonobstant, lorsqu'il fut le corollaire d'une condition religieuse, il pouvait, le célibat, être associé au prestige ainsi qu'à la puissance !

Le célibat ne fut pas considéré comme une situation normale en Égypte ancienne et les célibataires furent plus ou moins réprouvés !

Peinture de la chambre funéraire de "Userhet".

N'est-elle pas sublime ?

Hypogée coloré, les peintures sont parfois bien abîmées mais les couleurs sont vives !

Vallée des nobles...

Cette nécropole renferme pas moins de 400 tombes !

 Ces tombes s’étalent dans l'ancien village de Gurna...

Elles datent de la 6e dynastie à la période gréco-romaine...

L'Hypogée TT56 d'Userhet peut être trouvé dans la zone du village de Sheikh Abd 'el-Gournah, au sud de la tombe de Ramose (TT55)...

Le tombeau est peint avec des scènes insolites et de nombreux sujets, bien que sa décoration n'était pas complète !

L'origine probable du "mariage" Kemet...

Ainsi le mariage fut bien le ciment de la société antique égyptienne...

Il devait la structurée !

Très souvent les légendes attribuaient l'institution du mariage au fondateur de la nation... (?)

Le pharaon Ménès, premier roi de Kemet, serait donc le créateur du mariage, dans son pays du moins !

D'ailleurs, le terme même de mariage n'existait pas en égyptien !

Cette union se concrétisait par la cohabitation des époux... 

"Les noces" avaient bien un but :

- La reproduction qui assurait la survie de l'espèce,

- La transmission du nom,

- La transmission du patrimoine le cas échéant,

- Mais encore plus essentiel, la continuité du culte des ancêtres !

Cette dernière notion fut bien probablement l'une des plus importantes dans cette société antique et cela compte tenu du poids de la religion !

Les célibataires furent dépourvus d'héritiers.

Ce furent ces derniers qui accomplissaient pour lui les rites funéraires dont lui même l'avait certainement effectué pour ses parents ! 

Un obstacle qui fut de taille ! 

Celui du voyage après la mort...

Il devait se dérouler dans de bonnes conditions !

Dans ce cas, il devait s'agir de conditions subies, réprouvées qui valaient plus ou moins à l'intéressé l'exclusion et la réprobation de la communauté : anathème que partageait d'ailleurs la vieille fille ainsi que la prostituée !

Les informations sont très peu abondantes afin de mentionner ce fait dans la société ! La situation dite "normale" étant bien le mariage : du moins c'est lui que nous retrouvons le plus répandu dans les sources...

De fait il est bien difficile d'entrevoir le célibat aux travers des bas reliefs !

Même au niveau des fresques...

Même au niveau des vestiges retrouvés dans les sépultures...

Nonobstant, quelques indices nous sont parvenus !

Quand les filles semblaient se languir !

Ainsi, subi, le célibat assurait la solitude !

Quels furent donc, par conséquent, les intéressées ?

Celles qui par définition trouvaient difficilement l'élu :

- Les malheureuses atteintes de malformations ou de difformités,

- Les handicapées,

- Celles frappées de maladies héréditaires,

- Les jeunes filles dont le physique étaient particulièrement disgracieuses,

- Ou encore celles qui se trouvaient trop pauvres,

- Trop inhibées,

- A l'inverse, trop délurées,

- Celles qui n'éprouvaient aucun attrait... Pour le sexe opposé,

- ...

Constatez vous-même, les raisons furent bien nombreuses !

Les jeunes filles qui voyaient les années se succéder...

Sans qu'aucune proposition de mariage ne leur fût faite... Celles là, elles devaient particulièrement se désespérer...

Alors, afin de :

- "Conjurer" le sort,

- De retrouver l'espoir perdu,

- De s'attirer la bonne fortune aussi,...

Il semble bien qu'il devait ne leur rester que :

- La prière !

- Les pratiques magiques !

- ...

La prière à Hathor...

Elles, les filles, adressaient bien certainement leurs suppliques à Hathor !

Cette divinité qui était censée protéger les Femmes d'une manière générale...

Netjeret de l'Amour...

Netjeret du bonheur...

Netjeret des unions et mariages...

Elle assurait la fertilité et il était même dit qu'elle "accueillait les prières de chaque jeune femme qui pleurait" !

Afin d'obtenir un prétendant, on pouvait se rendre en pèlerinage à son sanctuaire principal situé à Dendérah !



Source

© Bernard Gagnon

Voici le temple d'Hathor à Dendérah.

Tous les ans pendant le mois d' Epiphi (mi-mai / mi-juin) les Égyptiens massés sur les berges du Nil voyaient remonter la barque du ntrt qui quittait Dendérah pour aller rejoindre son époux à Edfou afin de célébrer le mariage sacré "la bonne rencontre" avec Horus...


Source

Hathor au niveau du mont Horeb...

C'est l’endroit, dans le Sinaï, où Moïse aurait reçut les Tables de la loi, lors de l’épisode de l’Exode, décrit dans la Bible...

En mars 1906, Sir W.M. Flinders Petrie découvrit les ruines d’un temple Égyptien, au premier abord assez classique, mais qui allait s’avérer très mystérieux, le temple de Sérâbît El Khâdim... 

Les pratiques magiques ! 

Elles pouvaient aussi employer des charmes...

Ceci afin d' "ensorceler" un être aimé...

Attirer dans leurs filets un jeune homme indifférent ou amoureux d'une autre...

On pouvait ainsi envoûter une statuette en cire ou en terre cuite afin d'écarter une adversaire !

Enfin, mieux valait éviter ce qui pouvait faire obstacle à une union !

Ainsi il fut interdit aux jeunes vierges de ramasser ou de faire la cueillette des amandes car elles pouvaient risquer de perdre leur virginité et de tomber enceinte...

Les divines adoratrices...

Quand le célibat s'accompagnait du pouvoir...

Entre célibat féminin et célibat religieux...

Les divines adoratrices d'Amon furent :

- Des épouses divines,

- Des épouses terrestres,

- Des épouses réelles et fictives à la fois du nétèr Amon : un titre qui survécu pendant près d'un demi-millénaire !

Elles eurent un pouvoir bien plus spirituel que temporel et limité aux environs de Thèbes !

Cependant, afin d'être symbolique, leur charge n'en impliquait pas moins un rôle non négligeable dans le domaine politique jusqu'à atteindre une stature quasi royale !

Certaines furent parvenues à évincer et même éliminer le grand prêtres d'Amon à Karnak ! La charge avait peu à peu été confiée à l'une des filles de pharaon. Celle-ci se sacrifiait afin d'être voué à un célibat définitif !

Pour elles pas de mariage !

Pour elles pas d'enfant...

Elles se devaient de se consacrer exclusivement à Amon !

Son amour...

Son union avec Amon...

Rester vierge, puisque ces épousailles étaient par définitions virtuelles !

En absence de descendants, ces divines adoratrices se succédaient par le biais de l'adoption et leur choix était soumis à la décision du prince.

Comme de véritables souveraines, les divines adoratrices recevaient leur titre lors d'une cérémonie instituée à Thèbes et possédaient des terres dont la surface sera d'ailleurs  croissante puisqu'elle atteindra au fil du temps près de 1 000 hectares. Semblables à des reines, elles se déplaçaient avec leur cour et étaient servies par un personnel important.

Enfin, précisons qu'elles ont constitué de véritables dynasties... 

Terminons aujourd'hui avec ce superbe poème d'amour !

Extrait du papyrus Chester Beatty I...

Édite par Alain Gardiner et intitulé "Grande joie du coeur".


Pour se représenter la femme de l'Égypte ancienne, rien ne vaut un petit poème d'amour, faisant une sorte d'hymne à la féminité !

"Tu es la Grande Joie du Cœur, l'unique, la bien-aimée, la sans pareille, la plus belle du monde.

L'unique, la bien-aimée, la sans pareille,

La plus belle du monde,

Regarde-la, telle l'étoile étincelante de l'an nouveau

Au seuil d'une bonne année.

Celle dont brille la grâce,

Dont la peau luit d'un tendre reflet.

Elle possède des yeux au regard limpide

Et des lèvres au doux parler.

Jamais parole superflue ne sort de sa bouche.

Elle, dont le cou est long, la poitrine lumineuse,

Est dotée d'une chevelure couleur de lapis-lazuli poli.

Ses bras surpassent l'éclat de l'or,

Ses doigts sont semblables aux calices de lotus,

Celle dont les jambes défendent la beauté,

Celle à la démarche empreinte de noblesse

Lorsque à terre elle pose les pieds.

De son baiser me prend le cœur !

Elle fait que le cou de tous les hommes

 Se tourne pour la regarder,

 Et chacun de ceux qu'elle salue est heureux :

 Il se sent, alors, le premier des jeunes gens.

 Lorsque de sa demeure elle sort,

On croit, alors, voir Celle-qui-est-l'Unique !"

Magnifique peinture d'une femme...

Épouse de Sennefer dans une tombe de la vallée des nobles, à Louxor.

A suivre...


Désinences... prochainement sur le même sujet à savoir le célibat ...

-... 

A fin d'en connaître davantage, je vous invite à consulter :

   • Sources...

"Mariage et divorce dans l'Egypte ancienne" de Handoussa, Tohfa : L'étude des Papyrus et des Ostraca a beaucoup contribuée aux recherches sociopolitiques, historiques mais aussi juridiques.


Manniche, Lise. Sexual Life in Ancient Egypt. Kegan Paul International. London & New York. 1997.

Pascal Vernus, Dictionnaire amoureux de l'Égypte pharaonique, Paris, Plon, 2009

Desroches-Noblecourt, C., La femme au temps des pharaons, Stock, Paris,1986. 

   Sitographie... 

Wikipedia  

   Taggé avec :

Femmes en Égypte ancienne !

Aphorismes...   

Ceci pour autoriser et provoquer d'autres pensées !

Aucune prétention...

Ne prétend pas tout dire... 

"Seule une véritable connaissance du passé peut entretenir la conscience,

le sentiment d’une continuité historique,

indispensable à la consolidation d’un Etat multinational"

Cheikh Anta Diop, L’Unité culturelle de l’Afrique noire, 1959.

"Il est très malaisé de parler beaucoup

 sans dire quelque chose de trop."

Louis XIV

  "La vérité

a des visages différents

et

parfois contradictoires"
Juan Marsé

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Ferveur ou solitude ? Le célibat en Égypte ancienne !  


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