Besancenot licencie un employé modèle !

Publié le 29 mars 2008 par Lebuzzquotidien
Il est bien le premier à se faire virer par... Besancenot ! Christian Picquet était permanent de la LCR depuis vingt-huit ans. Il vient de se faire licencier par la direction pour divergence d'opinion. Explication.
A l'aube de sa rénovation, le Parti d'Olivier Besancenot ferait-il le ménage à grands coups de karcher dans ses propres rangs ? Christian Picquet, leader du courant minoritaire, qui conteste les choix stratégiques de la direction, vient d'être licencié de son poste de permanent. Ce militant convaincu a toujours combattu contre la personnalisation du Parti autour d'Olivier Besancenot, qu'il estime pourtant beaucoup, et pour l'ouverture de la LCR à d'autres courants. Alain Krivine promet un reclassement à cette figure du Parti et assure qu'il n'y a « pas de répression politique à la Ligue ». Mais après une vie entière vouée à la cause, le coup est rude pour ce trotskyste de la première heure.
Marianne2.fr : Depuis combien de temps étiez-vous permanent de la LCR ?
Christian Picquet : Je suis entré à la Ligue en 1968 et je suis permanent depuis vingt-huit ans. J'ai tenu la boutique même quand on n'était plus très nombreux. En 1995, on n'a même pas pu se présenter aux présidentielle et n'était pas plus que de quatre permanents !
Pierre-François Grond, de la direction de la LCR, explique que «Personne n'est permanent à vie ». Votre longévité dans le bureau est une exception ?
CP : Non, Alain Krivine par exemple a fait parti de la direction toute sa vie. Maintenant, il est parlementaire européen, ce qui lui assure une fonction.
Mais après une tant d'années passées à la LCR, qu'est-ce que vous allez faire ?
CP : Je ne m'attends pas à recevoir des offres d'embauche de grands patrons dès ce soir. Mon CV n'est pas vraiment celui dont raffolent les employeurs… Plus sérieusement, c'est vrai que c'est un coup dur. Ils me coupent les vivres. Le licenciement d'un dirigeant du Parti pour des raisons politiques est un événement sans précédent, je ne m'y attendais pas du tout. Au moment où je vous parle, je suis toujours salarié de Rouge, le journal de la LCR. On ne m'a pas encore signifié officiellement mon licenciement. Et pour la suite… il y a quand même une tradition de solidarité dans ce parti sur laquelle je crois pouvoir compter.
Pourquoi pensez-vous que Unir, le courant que vous dirigez à la Ligue, dérange la direction au point qu'ils vous licencient ?
CP : Unir s'est créé en 2006 alors que se formait le projet d'une candidature unitaire à la présidentielle soutenue par la Ligue, le PCF et les altermondialistes. La candidature unitaire a échoué, mais nous militons depuis pour que la Ligue s'inscrive dans un cadre plus large, pluraliste, qui englobe d'autres courants politiques. Nous souhaitons faire alliance avec des formations et des courants de la gauche du PS, du PCF, des unitaires, des gens de LO…pour créer un grand parti de gauche anticapitaliste. Notre projet a rassemblé 14% des voix au dernier Congrès de LCR : un peu plus de 400 militants l'ont approuvé. La direction semble effrayée par nos divergences, mais leur réaction m'inquiète beaucoup…
Pourquoi ?
CP : C'est une rupture fondamentale avec la tradition de débats de la Ligue ! Olivier Besancenot proclame partout : « Je vais faire un nouveau parti anticapitaliste avec ceux qui veulent se représenter eux-mêmes », or son premier geste est de licencier le débat interne ! Dans son nouveau parti, il va peut-être y avoir des gens qui vont poser les mêmes questions que nous. Que leur répondra-t-il? Cette volonté de normaliser le Parti, d'en faire ce que ne sont même plus le PCF ou LO, est très gave et nuit beaucoup à notre image.
Allez-vous quitter la LCR ?
CP : Sûrement pas ! J'ai reçu des dizaines de messages de soutien depuis hier : de personnalités politiques d'autres partis, de militants de chez nous… A la direction, certains aimeraient sûrement me voir partir mais je vais continuer à combattre pour mes idées et à respecter ce Parti qui est autant celui des gens qui militent à Unir que celui de la direction. Je refuse que la Ligue devienne comme le PS, qu'on bave sur les camarades devant les caméras. Je vais donc continuer à participer à des débats et à militer comme je l'ai toujours fait. Cette après-midi j'ai publié une tribune dans Le Monde que je cosigne avec des gens de gauche comme Marc Dolez (député PS) et Roger Martelli (PCF) : ce ne sera pas la dernière, je vous le promets!
Source: marianne2.fr