Le roman et le film noirs sont des références communes. Le dessin d’illustration et de bande-dessinée est leur métier. Jean-Claude Götting et Jacques de Loustal étaient faits pour s’entendre ; la preuve par Pigalle 62.27, première collaboration de ces deux grands noms de la bande dessinée.
Au scénar était Götting ; une fois n’est pas coutume. Au dessin, était Loustal ; comme le veut la coutume. Götting signe souvent les scénarios de ses propres albums dessinés, jamais ceux des autres. Jacques de Loustal n’écrit jamais même s’il entretient une relation passionnée avec la littérature ; en particulier celle de ses scénaristes ; en particulier Paringaux qui a signé la plupart de ses scénarios ; en particulier Le Sang des Voyous, la référence que le dessinateur a gardée en tête au moment d’élaborer Pigalle 62.27.
La couleur est très importante dans le travail de Loustal car « la couleur, c’est le traitement de la lumière et la lumière c’est l’ambiance. » Et dieu sait que ses dessins marchent à l’ambiance. La couleur s’est donc imposée rapidement pour cette histoire écrite par Götting, même si le dessinateur reconnaît que la tentation du noir et blanc l’a quelque peu titillé : « C’est vrai que la référence de ce genre de récit, c’est le cinéma français d’après-guerre, en noir et blanc et que Götting l’aurait dessiné en noir et blanc, mais je ne voulais pas m’interdire la couleur sous ce prétexte. Cela aurait vraiment trop fait exercice de style. » Une solution intermédiaire l’a bien effleuré : « faire du noir et blanc, sauf quand Antoine saigne du nez, ce qui lui arrive dès qu’il stresse. » Mais à nouveau, la couleur s’est vite imposée d’elle-même : « Quand j’ai commencé à dessiner, j’ai tout de suite naturellement pris des teintes sépia. Puis, quand je me suis attaqué aux scènes de Pigalle la nuit, il m’a fallu de la couleur, beaucoup de couleurs. Sans ça, ça n’aurait pas été Pigalle. »
Si vous désirez vous replonger dans l’ambiance, vous savez ce qu’il vous reste à faire…
Retrouvez le blog de S