Comment Raphaël est devenu divin

Publié le 14 octobre 2012 par Delanopolis
Regroupant pour l'essentiel des oeuvres montrées en temps ordinaires au Louvre et au Prado, l'exposition sur les dernières années de Raphaël au Louvre présente néanmoins d'inédites pièces de choix, notamment le portrait récemment redécouvert de Laurent de Médicis. Une visite vous permettra surtout de faire une expérience mystique qui vous fera comprendre pourquoi et comment Raffaello Santi est devenu le divin Raphaël. Rendez-vous dans la dernière salle, où sont rassemblés une quinzaine de portraits peints par l'artiste. Contrairement aux fresques et scènes religieuses, le travail y est essentiellement de sa main. Giulio Romano ou Luca Penni y sont peu intervenus.

Mettez-vous face aux sublimissimes portraits de Castiglione, d'Andrea Navagero et Agostino Beazzano ou du cardinal Dovizzi de Bibbiena.

Pivotez lentement sur vous-mêmes en scrutant ces hommes droit dans les yeux. Ils ne vous lâchent jamais du regard. Vous êtes au centre de tout.

Soudain, vous comprenez que la relation entre les modèles et le peintre entendait toucher en réalité un troisième larron, invisible : vous-même. Elevé à cette intensité, le rapport pictural montre que, dans toute relation entre deux êtres, c'est la communauté des hommes qui est en jeu, ceux d'hier, d'aujourd'hui et de demain. L'affirmation absolue de l'individu dans son originalité est transposable d'être en être, elle seule est universelle. Et les idéologies collectivistes sont bonnes pour la poubelle.

Pour l'avoir compris et nous l'avoir fait sentir, Raphaël est devenu dieu, ce qu'il y a de commun entre toutes choses. Et, dans son dernier auto-portrait, main sur l'épaule de Romano, il passe le relais de ce secret à son élève, peu de temps avant de mourir, à 37 ans.