Grossesse: Le stress chronique accroît le risque de dépression post-partum

Publié le 16 octobre 2012 par Santelog @santelog

L'expérience de la grossesse est favorable à l'apprentissage, la mémoire et à l'humeur, en raison d'une augmentation des connexions des cellules du cerveau dans les régions associées à ces fonctions. Mais cette étude chez l'animal, de l'Ohio State University, montre que le stress chronique pendant la grossesse pourrait réduire ces bénéfices cérébraux liés la maternité. Des conclusions présentées à la réunion annuelle de la Society for Neuroscience (New Orleans) qui contribuent à expliquer la dépression post-partum.

Dans cette expérience, des rats gravides ont été stressés deux fois par jour durant leur gestation, soit en réduisant leur mobilité, soit en les mettant dans l'eau. Les animaux stressés ont montré des signes classiques des effets du stress, comme un gain de poids inférieur à la normale, des glandes surrénales plus volumineuses, révélant une production plus importante d'hormones du stress. Les mères stressées ont également donné naissance à des petits à moindre poids de naissance.

Moins d'interaction physique avec leurs petits, c'est, dans cette nouvelle recherche, le comportement observé chez ces rats stressés, un comportement analogue au comportement humain observé chez les mères qui souffrent de dépression post-partum : « Les mères stressées n'étaient pas très bonnes mères», racontent les auteurs. Après séparation avec leurs petits pendant 30 minutes, les mères non stressées allaient chercher leurs bébés, pour les mettre dans leur nid et les soigner, mais pas les mères stressées. «Ces résultats chez le rat rappellent certains des symptômes observés chez les femmes souffrant de dépression post-partum ».

Moins d'épines dendritiques dans l'hippocampe et le cortex préfrontal : Les chercheurs ont plus particulièrement étudié les épines dendritiques (visuel ci-dessus), des excroissances des cellules du cerveau utilisées pour échanger les informations entre neurones. L'auteur principal, Benedetta Leuner de l'Ohio State University, avait déjà montré par de précédentes études sur l'animal, une augmentation de 20% des épines dendritiques dans les cerveaux des mères, ainsi que l'association de cette augmentation avec une amélioration de la fonction cognitive. L'examen du cerveau des animaux, montre ici que les rats exposés à un stress chronique ne développent pas ces épines dendritiques supplémentaires dans l'hippocampe et le cortex préfrontal, et que leur cerveau ressemble davantage à celui de rats témoins qui n'avaient jamais connu la maternité. Les chercheurs suggèrent ainsi, sur l'animal, que le stress réduit la plasticité du cerveau et accroît la susceptibilité à la dépression.

Le stress durant la grossesse, prédicteur de dépression post-partum : D'autres études ont suggéré un certain nombre de facteurs de risque à la dépression post-partum, dont les fluctuations hormonales, les antécédents de maladie mentale et des facteurs environnementaux tels que le tabagisme ou un statut socio-économique peu élevé. Et si le stress était déjà reconnu comme l'un des facteurs prédictifs majeurs, cette étude explique les modifications cérébrales sous-jacentes à la dépression post-partum. Elle rappelle aussi que stress est dévastateur pour la mère mais aussi pour l'enfant : Les enfants de mères déprimées ont un développement cognitif et social retardé et sont plus susceptibles une fois adultes, de souffrir de dépression ou de d'anxiété.

Si les chercheurs ignorent encore le processus exact d'augmentation des épines dendritiques durant la maternité, ils viennent de montrer qu'elle disparaît avec le stress.

Source: Neuroscience 2012 via Eurekalert (AAAS) Mood Disorders: Animal Models of Stress and Depression

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