Faut-il titriser les réserves d'or des États européens ?

Publié le 14 octobre 2012 par Copeau @Contrepoints

La crise de l'Euro ne disparaît pas. Faut-il envisager de titriser les réserves d'or des États européens pour régler la crise ?

Par Alex Korbel.

Après 34 mois, la crise des dettes publiques des États-membres mal gérés de la zone euro est toujours là.

Tout porte à croire que ni les gouvernements, ni la Banque centrale européenne (BCE) ne sont en mesure de faire quoi que ce soit pour apaiser les craintes justifiées des créditeurs et faire baisser le taux d’intérêt de leur dette.

C’est le moment qu’a choisi le World Gold Council – l’association représentative des industries aurifères – pour lancer une nouvelle idée : pourquoi ne pas commencer à utiliser l’or pour faire baisser ces taux d’intérêt ?

10 000 tonnes d’or dans les coffres des États-membres

On estime que les États-membres de la zone euro disposent d’environ 10 000 tonnes de réserves d’or. L’Italie et le Portugal, deux États parties prenantes de la crise actuelle, possèdent une portion significative de ces réserves.

Sans surprise, cette situation a amené certains à suggérer qu’il serait peut-être temps pour les gouvernements des États-membres en difficulté de penser à vendre une partie de leur réserve d’or. La valeur de l’or a grimpé en flèche au cours des dernières années et ces États ont un besoin immédiat d’une manne inattendue.

Mais le World Gold Council estime que ce serait une erreur. En dehors du fait qu’une vente massive d’or orienterait le prix de l’or à la baisse – ce qui irait à l’encontre de l’intérêt matériel des industries aurifères – la crise des dettes publiques de la zone euro est devenue si importante qu’un tel choix ne ferait qu’effleurer la surface du problème.

En effet, les réserves d’or des États-membres en crise (Portugal, Espagne, Grèce, Irlande et Italie) ne représentent que 3,3% de la somme des dettes publiques de ces États – sans même y inclure les dettes de leurs collectivités territoriales.

L’idée : des obligations souveraines adossées sur l’or 

Selon le World Gold Council, mieux vaudrait titriser une partie de ces réserves d’or par l’émission d’obligations d’État basées sur l’or. Cela pourrait se faire d’une manière uniforme, ou en incluant des tranches de risques différents.

Le point important est que l’or serait utilisé afin de fournir une sécurité supplémentaire aux obligations d’État, susceptible de rassurer les investisseurs qui n’ont plus confiance dans le bilan des États en difficulté.

Ce système a été utilisé à plusieurs reprises par le passé. Dans les années 1970, l’Italie et le Portugal ont utilisé leurs réserves d’or comme garantie pour obtenir des prêts de la Bundesbank, de la Banque des règlements internationaux et d’autres créanciers.

Que penser de cette proposition ? Sa mise en place serait positive pour l’industrie aurifère – du moins à moyen terme. Elle permettrait surtout à certains États-membres en difficulté de gagner du temps pour se reformer.

Il existe cependant un obstacle juridique sérieux à la mise en pratique de cette proposition. Ce sont les banques centrales européennes qui possèdent ces réserves d’or – pas les États.

La croissante désirabilité relative de l’or

Les investisseurs devraient toutefois prendre note de cette proposition car, même si elle demeure juridiquement infaisable, elle n’en est pas moins révélatrice.

Prenons du recul. Il y a dix ans, la majorité des investisseurs n’aurait jamais envisagé l’or comme collatéral.

Mais ces derniers mois, des institutions comme LCH.Clearnet, ICE et le Chicago Mercantile Exchange ont commencé à accepter l’or comme garantie pour les opérations sur dérivés. Cet été, le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire a publié un document qui suggère que l’or devrait être l’un des six éléments utilisés comme garantie pour les opérations sur dérivés, au même titre que les bons du Trésor.

Il ne s’agit pas d’une révolution, encore moins d’une étape vers la réapparition de l’étalon-or.

Mais cela montre qu’une lente évolution des mentalités est en cours : l’or n’est peut-être pas devenu plus désirable en lui-même, ce sont les autres classes d’actifs – comme par exemple les bons du Trésor – qui apparaissent de moins en moins sûres aux yeux des investisseurs.

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Publié initialement sur 24hGold  - Achat d'or sur Goldbroker, partenaire de Contrepoints