Philothée O’Neddy : Pathologie

Par Unpeudetao

J’enferme, quoique jeune, en mon corps tourmenté
Un mal latent et sourd, une fièvre punique,
Qui tarit lentement, comme un air volcanique,
Le réservoir profond de ma vitalité !

Cependant je parais plein de solidité ;
Mon embonpoint me donne un galbe monastique ;
J’ai le col d’un taureau, la carrure athlétique,
Toute l’hypocrisie, hélas ! de la santé.

Tant mieux. Par là j’échappe à la pitié banale.
Quand je dis que je souffre, un sourire signale
Le démenti formel dont je suis revêtu.

Ô bourgeois ! qui niez que sous le mal je rompe,
Mon masque de santé plus sûrement vous trompe
Que ne m’abusent, moi, vos masques de vertu !

Philothée O’Neddy (1811-1875).
Recueil, Feu et Flamme.

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