Une histoire de thé – Exposition « le thé à Guimet »

Publié le 25 octobre 2012 par Mamiegateaux

Pour les amoureux du thé, ceci devrait vous plaire. Jusqu’au 7 janvier 2013, se déroule au Musée Guimet une rétrospective sur l’une des boissons les plus bues au monde. Petit aperçu de l’exposition, sans tout dévoiler non plus pour ceux qui ne s’y sont pas encore rendue et/ou comptent le faire bientôt…

www.guimet.fr

Une exposition riche aussi bien sur le fond que sur la forme. Avant même d’accéder aux salles, le visiteur est mis en condition avec une dégustation  de thé gratuite. Une attention délicate qui ne pouvait pas mieux tomber. Spécialement conçu pour l’évènement, le thé Guimet nous transporte en Asie avec un subtil parfum mêlant la fleur de cerisier au yuzu. Un mélange savoureux, qui donne le ton pour la suite…

En guise de préambule, le musée nous propose de s’intéresser aux multiples variétés de thés et à leurs processus de fabrication. Ainsi on apprend que ce n’est pas l’espèce d’arbre mais le traitement des feuilles de théiers qui délivre les différents arômes du thé. Le thé vert, par exemple, est torréfié et se présente en feuilles entières, tandis que le thé rouge est entièrement oxydé et fumé. Autant de procédés qui influent sur le goût de notre cher thé.

L’exposition se déroule en trois temps correspondant aux périodes importantes dans l’histoire du thé. Avant de parvenir à la méthode actuelle du thé, celui-ci est passé par deux autres modes de préparation plus élaborés. La première date du VIIème siècle et existe toujours en Mongolie: c’est le thé bouilli. Cela consiste à broyer les feuilles de thés en fines particules et à les faire bouillir dans une marmite prévu à cet effet. Ce thé est ensuite servi à la louche et se boit dans un bol, à l’image d’un chocolat chaud à l’occidental. Seconde méthode (à partir du Xème siècle): le thé battu. Un peu comme l’omelette, le thé vert réduit en fine poudre est battu dans un bol – rempli d’eau bouillante. Enfin le thé infusé comme nous le connaissons aujourd’hui, ne sera introduit qu’à partir du XIVème siècle. Le thé n’est alors plus conditionné sous forme de galettes compressées et les feuilles de théiers sont directement cueillies et séchées. Plus besoin de marmite ni de fouet, l’eau bouillante suffit à dégager les arômes du thé.

Bien plus qu’une simple boisson, l’émergence du thé va en intéresser plus d’un. D’un point de vue commercial, dans un premier temps, avec la mise en place de l’ancienne route du Thé et des Chevaux. À cette époque le thé étant devenu une monnaie d’échange courant, ce réseau routier aura permis de relier les montagnes du Yunnan jusqu’au Tibet. Ainsi, un porteur de thé pouvait échanger un cheval contre 60 kilos de thé! Parallèlement, ces ventes du produit brut vont encourager la création d’objets dérivés: c’est la naissance de la céramique et de porcelaine chinoise. Les fours se multiplient amenant à la fabrication de toute la vaisselle nécessaire à la dégustation du thé. L’exposition fait d’ailleurs un bel inventaire d’objets anciens: bols, verseuses, tasses et boites à thé…tout est passé en revue. Si aujourd’hui le thé peut aussi bien être chic que populaire, à ses débuts le thé n’était réservé qu’à une certaine élite – comme les artistes et les lettrés entre autres. Une source d’inspiration pour un grand nombre de personnes qui se sont essayées à l’art du thé. Sur le parcours de l’exposition, on retrouve notamment des manuscrits anciens, quelques fresques et une imposante œuvre d’Ai Weiwei mettant en avant cette boisson chaude.

Au cas où cela n’est pas clair, j’ai beaucoup aimé cette exposition (contrairement à celle des « séductions du palais » au Quai Branly qui m’avait plutôt déçue). Si je suis plutôt une fervente consommatrice de thé, je n’en connaissais pas pour autant son histoire. Aujourd’hui, je peux dire que j’en sais davantage. Il y a beaucoup d’informations à assimiler à droite à gauche – heureusement que le petit livret est là pour ne rien oublier! Coup de cœur pour le court métrage de Tran Anh Hung (le réalisateur qui a fait une interprétation cinématographique du roman « La ballade de l’impossible » d’Haruki Murakami) mettant Maître Tseng Yu Hui en scène en pleine cérémonie du thé. Gracieux, poétique et instructif. J’ai aussi aimé l’interactivé du lieu. Après le goût et la vue, l’odorat et le toucher sont sollicités à la fin de l’exposition. Des présentoirs avec des coupelles remplies de thé sont présents pour tester le nez des visiteurs, ainsi qu’une petite boite pour appréhender les différentes textures que peuvent prendre le thé. Quand le visiteur n’est plus qu’un simple spectateur… Guimet, je reviendrais!

Et vous, êtes-vous allé(e) à l’exposition? Vous a t-elle plu?