La Ruche à Paris 15e : Saint-Pognon contre Saint-Frusquin…

Publié le 26 octobre 2012 par Paristoujoursparis

Ils s’attaquent à la Ruche! – Qui ça? – Mais les promoteurs!

Il faut vraiment disposer d’une belle dose d’inconscience pour s’attaquer à un endroit pareil, mythique, mondialement connu – autant que le fameux Bateau-lavoir de Montmartre! – Et pourtant il existe des hommes d’affaire (appelons-les comme ça) pour s’armer d’une pelleteuse et descendre un mur…

Un mur, me direz-vous? Mais ça se reconstruit! Bien sûr, à la seule différence qu’il s’agissait d’un vieux mur de briques, de la même couleur que les bâtiments environnants. Et la Ruche, c’est plus qu’un espace, un véritable lieux où tout est équilibré. On le reconstruira ce mur… en parpaings… Vous verrez, avec une couche d’enduit, ça sera très… Propre!

Les artistes qui vivent ici ne sont pas sales, mais ils s’en foutent comme de leur premier pinceau, de la « propreté » visuelle, de l’aligné. Pensez à Chagall, qui a vécu ici, et songez à la ligne droite bien propre… Vous voyez le problème!?

J’ai été reçu très amicalement à la Ruche par un de ses occupants, Philippe Lagautrière, artiste peintre, illustrateur, qui m’a accueilli dans son atelier-logement, l’une des « parts de gâteau » de ce curieux bâtiment rond, vestige d’une exposition universelle. Les artistes sont une soixantaine à pouvoir créer ici, dans ce jardin verdoyant et serein, passage de Dantzig, près du parc Georges Brassens. Il sont privilégiés? Oui, et alors? Moi, je trouve ça bien, de voir encore un lieu comme ça à Paris, où des gens peuvent exprimer leur art avec l’assurance de garder un toit au-dessus de leur tête…

Oui, peut être, mais « Saint-Pognon », qui règne en maître à Paris, veille…

Faisons table rase du passé…

« Vous ne vous rendez pas compte du prix du mètre carré ici », me disait un vieux monsieur chauve, rencontré à côté du parc… « Alors, vous savez, les artistes avec tout leur Saint-Frusquin, ils font pas le poids… »

Saint Pognon contre Saint Frusquin? Peut-être…  Mais je trouve que ce promoteur est bien maladroit. Il paraîtrait que ce mur était sur sa parcelle. Est-ce une raison pour se comporter ainsi, assurer dans un premier temps que ce mur serait conservé puis envoyer ensuite – à 7 heures du matin! – une pelleteuse qui a dézingué le vieux truc en deux coups?

On peut causer avec les artistes, vous savez, monsieur le promoteur… Ils sont capables de comprendre beaucoup de choses, et ne passent pas leur temps à rêver dans les nuages!

Moi, hier après midi, par contre, j’ai bien rêvé, en compagnie de Philippe, dans ce jardin extraordinaire, décoré de sculptures abandonnées, de mosaïques, de vieux bout de machin et de chat méditant sur le temps qui passe.

J’ai été ému, oui, terriblement, de tourner autour de cette Ruche si insolite et tellement belle!

Ils ont été nombreux les artistes à créer ici, et il le sont encore.

Cette Ruche, c’est un coeur battant…

Vous entendez ce coeur monsieur le promoteur?

Alors, de grâce, n’y touchez plus!

Le chat : « pfffffff, ces artistes….! »

Juste en face de la Ruche…