Romance (à trois) inspirée

Par Borokoff

A propos de Like someone in love d’Abbas Kiarostami 

Rin Takanashi

A Tokyo, au Japon, Akiko, une étudiante en sociologie arrondit ses fins de mois en se prostituant, pardon en exerçant ses talents d’escort-girl. Un soir, son « mac » l’exhorte à se rendre chez Takashi (Tadashi Okuno), un vieil ami à lui et ancien professeur de sociologie à la retraite. Akiko (Rin Takanashi) refuse, prétextant qu’elle doit voir sa grand-mère, venue lui rendre visite. Malgré elle, Akiko se retrouve embarquée chez Takashi tandis que son fiancé inquiet Noriaki (Ryo Kase) la harcèle au téléphone…

Le nouveau film d’Abbas Kiarostami, co-écrit avec Mohammad Rahmani, est une chronique sentimentale douce-amère, plaisante à suivre comme les musiques jazzy qui l’accompagnent. Like someone in love raconte comment un trio amoureux (deux hommes amoureux de la même femme) improbable se construit autour de mensonges ou plutôt de malentendus, le fiancé d’Akiko croyant par exemple que Takashi est le grand-père d’Akiko.

Le grand lésé dans cette affaire, c’est, l’on croit, ce fiancé éploré et malheureux, éperdument amoureux et jaloux. Tout en ignorant les activités nocturnes d’Akiko, étudiante aussi jolie que paumée, Noriaki est persuadé qu’elle le trompe. Il n’a pas fait d’études comme elle mais cela ne l’empêchera de souffrir d’autant qu’il comprendra qu’il a été doublement berné.

Kiarostami reprend un des principes filmiques de Ten en multipliant les scènes en plans fixes et en caméra frontale dans la voiture de Takashi, où les trois personnages se trouvent réunis. Toute la saveur de Like someone in love tient à la fois dans les nuances du jeu des comédiens (Tadashi Okuno en tête, qui campe un vieillard roublard et malicieux à souhaits) et la capacité du réalisateur de Le Vent nous emportera et de Le goût de la Cerise à suggérer, à rester dans une forme de non-dit et de tension latente que permet le hors-champ, art subtil dans lequel il excelle.

S’appuyant sur un scénario solide et habilement construit, le réalisateur iranien parvient, par ses plans fixes, par la lenteur de sa mise en scène mais surtout l’art qui prévaut chez lui du hors-champ (et dont le cinéma iranien dans sa globalité semble s’être fait la spécialité) à raconter une histoire touchante comme la détresse de Noriaki, profonde comme la solitude de Takashi. Quant à savoir qui de ces trois là sera le plus grand perdant de l’histoire…

http://www.youtube.com/watch?v=LzaqPOgIuO4

Film franco-japonais d’Abbas Kiarostami avec Ryo Kase, Rin Takanashi, Tadashi Okuno (01 h 49) 

Scénario d’Abbas Kiarostami et Mohammad Rahmani : 

Mise en scène : 

Acteurs : 

Dialogues : 

Compositions :