La fin du moi, quiproquo et peur.

Publié le 28 octobre 2012 par Paulpujol

 

  Lors d'un dialogue récent, en évoquant la fin du moi (lors d'une perception totalement silencieuse), nous avons constaté que cela provoqué une peur et une gène chez les personnes présentes.

  Je désirerais revenir sur ce point car il me semble qu'il y a de nombreux malentendus concernant "le moi" et sa "disparition". En parlant et en examinant la réelle nature du moi, on en vient très vite à remettre en cause sa véritable existence. Qu'est-ce qui en nous est totalement autonome de l'extérieur ? Ce qui est l'illusion du moi ou du je, nous avons le sentiment très fort que quelque chose en nous n'est pas dépendant des contingences du moment, que quelque chose en nous n'est pas touché par la pression de l'environnement, et donc n'est pas conditionné.

  On sait ce qu'est le conditionnement, on admet qu'en grande partie nous sommes conditionnés par la culture, la religion, la société Occidentale ou Orientale, la pression économique... Mais nous avons une croyance intime qui nous dit "Tu n'es pas que cela, au fond de toi par delà ces petits conditionnements, tu es libre et cela depuis toujours !" Donc le moi s'estime indépendant du monde extérieur, de qualité quasi divine, et par là évidemment il peut alors échapper à la mort. C'est d'un tel réconfort que personne ne s'interroge vraiment si tout cela est vrai, ou totalement illusoire.

   Donc nous nous sommes entièrement identifiés à cette conception, à cette croyance. Le moi n'existe peut-être pas, mais la croyance dans le moi est très réelle... Voyons-nous bien cela ? On peut croire à une illusion, croire profondément à quelque chose qui n'existe pas, c'est évident n'est-ce pas ?

  Verbalement, intellectuellement on voit que rien dans l'homme n'est autonome, nous sommes entièrement bâtie sur des échanges avec notre environnement, cela est un fait et non une théorie. Mais nous l'admettons juste verbalement, au niveau des mots. Un jour lors d'une conversation sérieuse, d'une exploration de l'esprit en commun, quelqu'un vient à dire "Dans une perception directe, la pensée et le flux, le mouvement des pensées s'apaise, et parfois il s'absente. Ce mouvement des pensées c'est le mouvement de l'esprit, donc quand le mouvement des pensées n'existe pas, l'esprit devient totalement immobile pour la première foi de sa vie...et là il devient totalement silencieux."

  Cette phrase crée une gène et une peur, mais pourquoi donc ?

  Quand le moi disparaît, vous êtes toujours là chers amis, c'est l'illusion du moi qui n'est plus là, mais vous, en tant qu'être vivant et sensible, vous être toujours là. Il n'y a pas quelque chose qui vient prendre votre place, quelle blague...Vous êtes bien plus présent, libre des mots et des croyances, utilisant la pensée mais n'étant pas utilisé par elle. Le moi n'est qu'une idée, à laquelle on est très attaché, mais un être humain est bien plus riche et complexe que cette petite superstition pseudo religieuse.

  En l'absence du moi, en l'esprit même existe une autre saveur, comme un réel sentiment d'éternité...