[Critique] RESIDENT EVIL : AFTERLIFE

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Resident Evil: Afterlife

Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Paul W.S. Anderson
Distribution : Milla Jovovich, Ali Larter, Wentworth Miller, Kim Coates, Shawn Roberts, Spencer Locke, Boris Kodjoe…
Genre : Science-Fiction/Action/Horreur/Suite/Saga/Adaptation
Date de sortie : 22 septembre 2010

Le Pitch :
Armée de ses pouvoirs de télékinésie et d’une armée de clones, Alice attaque la nouvelle base d’Umbrella à Tokyo. Mais une confrontation avec le directeur en chef, Albert Wesker, lui dérobe toute sa puissance. Six mois plus tard, elle poursuit sa recherche de survivants, seule dans un monde ravagé par le virus qui transforme ses victimes en morts-vivants. Avec de nouveaux compagnons, Chris et Claire Redfield, elle se retrouve bientôt à Los Angeles, désormais infestée de milliers de créatures qui n’ont d’autre but que de les détruire. Alors que des réponses sur les complots d’Umbrella commencent à se dessiner, Alice voit surgir de nouvelles épreuves, et devra faire face à des menaces qu’elle n’aurait jamais osé imaginer…

La Critique :
C’est carrément effrayant de dire que les Resident Evil sont en train de s’améliorer, même s’ils sont encore loin d’être ce que l’on peut appeler de bons films, mais c’est bel et bien le cas. Après un premier opus désastreux et une suite d’une absurdité hilarante, le troisième volet était finalement assez solide. Jadis un véritable symbole des adaptations pourries de jeux vidéo (avant que la fonction ne soit remplie par l’épouvantable Street Fighter: La Légende de Chun-Li), il serait peut-être temps que la saga soit appréciée comme une institution de films de série B à part entière. Là où on en est, ce n’est plus vraiment la peine de prendre les choses au sérieux.

Chaque volet après l’original s’est avéré être un bon défouloir à un certain niveau, et le fait que tout ceux qui sont impliqués dans la production semblent plus ou moins s’amuser est toujours en évidence à l’écran. Désormais, les Resident Evil sont moins des films inspirés des jeux et plus des projets de vacances où Paul W.S. Anderson braque sa caméra sur sa femme ravissante et où tous les deux font « joujou » dans une série d’épisodes de science-fiction et d’arts-martiaux, qui deviennent de plus en plus abstraits, avec des personnages et des monstres tirés des jeux en guise de décors.
Parce que oui, il faut le préciser, Milla Jovovich est mariée à Paul W.S. Anderson, producteur-scénariste et réalisateur occasionnel de la saga. Ainsi, il est est difficile d’ignorer le sentiment que les épisodes 2 à 4 devraient avoir le sous-titre approprié Resident Evil : Ma Femme est Super Canon. Cela expliquerait pourquoi Alice doit commencer presque chaque film à poil.

Mais qu’en est-il du quatrième volet, Afterlife ? Pas plus mal que le précédent, pour le dire franchement. Après un début assez prometteur qui voit Alice et une armée de clones (non, vraiment) prendre d’assaut la nouvelle base d’Umbrella à Tokyo, c’est retour à la case départ et on retrouve la routine : un autre de ces foutus films de zombies où un petit groupe de rescapés doit repousser les morts-vivants et se barricader dans une planque fortifiée. Il y a un ou deux rebondissements qui sont censés être des révélations déchirantes, mais seuls les gens qui n’ont pas encore pigé qu’Umbrella joue le rôle du méchant seront surpris.
En cela, c’est encore Jovovich qui mène la charge, et on ne peut qu’admirer sa persévérance. Il y a longtemps, elle n’était connue uniquement pour son rôle provocateur dans Le Cinquième Elément. Depuis, la femme d’Anderson est devenue l’héroïne de série B la plus fiable du cinéma occidental : d’une beauté séduisante, elle s’est montrée à la fois actrice capable d’endosser les rôles dramatiques quand il le faut (comme dans Jeanne d’Arc), mais aussi de s’imposer physiquement et avec conviction dans des rôles d’action comme dans Ultraviolet (Oui, Ultraviolet n’était pas fameux, mais au moins il faisait un effort). C’est Jason Statham, version féminine.

Le nouveau méchant ne sera pas inconnu des fans du jeu : Monsieur Répliques-à-Chier Albert Wesker, qui ressemble tellement à Val Kilmer qu’on se demande pourquoi ils n’ont pas juste fait l’effort d’embaucher Val Kilmer. À la place, c’est le jeune Shawn Roberts qui s’en charge, avec une prestation misérable de mâchoires crispées et de petites grimaces. C’est peut-être l’Agent Smith qui lui donne des cours.

Ah, et en plein milieu du film, Chris Redfield déboule sur scène. C’est gentil de sa part de nous rejoindre après quatre films. Wentworth Miller aurait peut-être pu s’en sortir avec le rôle, si Paul n’avait pas eu l’idée complètement conne de faire une scène introductrice qui le voit derrière les barreaux, référence lourdingue à ses jours de gloire dans Prison Break. Du coup, ce n’est finalement pas Chris Redfield qu’on voit à l’écran, mais Michael Scofield qui fait une autre tentative d’évasion, cette fois, dans une ville infestée de zombies. Bizarrement, Wesker et les deux Redfield semblent se connaître, et puisque leur face-à-face ultime est quasiment calqué plan pour plan sur l’affrontement final de Resident Evil 5, doit-on en conclure que l’histoire des films se passe entre chaque jeu ?

Malheureusement, Paul W.S. « J’ai assassiné deux franchises d’un coup! » Anderson, est de retour derrière la caméra. Et quand il ne s’attarde pas longuement sur les costumes fétichistes de sa femme, il fait le con avec des effets 3D, qui sont apparemment filmés avec les mêmes caméras utilisés dans Avatar, au lieu d’être rétro-convertie comme la 3D du Choc des Titans. Et alors ? C’est comme si on avait le pinceau qui appartenait à Boris Vallejo : cela ne veut pas dire que l’on peut faire comme lui. Po-Paul a beau filmer son œuvre avec le matos de James Cameron, ça sera toujours le mec qui nous a fait subir Alien vs. Predator.

D’ailleurs, c’est clair que Matrix est son nouveau film favori, parce que non seulement il y a le numéro de Wesker, mais Anderson abuse tellement du bullet-time, qu’on se demande si ce n’est pas juste une excuse pour rendre le film un peu plus long. Et bien sûr, on a droit au scénario je-m’en-foutiste et à l’absence délirante de tout ce qui est logique : Alice survit à un crash d’avion qui percute une montagne de plein fouet, Alice sauve ses amis en jetant une grenade sur le toit d’un ascenseur pour faire exploser les câbles et envoyer ses potes en chute libre pour atterrir sains et saufs dans l’eau vingt étages plus bas, etc. Tout le monde dans le film devrait finir en hamburger à un moment ou à un autre, mais pas ici. On connaît la chanson.

Enfin, bref. Le pitch est basique : des jolis nanas qui massacrent du zombie avec des flingues et des armes ninja, avec toutes sortes de balles, de sabres et de sang qui volent vers l’écran en version 3D et une poignée de clins d’œil vulgaires à une série de jeux vidéo désormais à peine pertinente. Si c’est le genre de truc qui vous chante foncez. Si vous détestez la saga depuis le début et qu’elle représente pour vous une hérésie dans l’univers du septième-art ou du jeu vidéo, ce n’est pas avec cet épisode que vous allez changer d’avis.

Mais les fans de Resident Evil seront avisés de regarder le générique de fin jusqu’au bout, pour une scène finale qui prépare le terrain pour (encore) une autre suite, et qui a au moins l’obligeance d’inclure la réapparition amusante d’un personnage dont le retour n’était pas attendu. Comme cité plus haut, la série semble s’améliorer petit à petit, au fur et à mesure que l’on progresse. Reste à faire encore une douzaine de suites et peut-être aboutiront-ils à quelque-chose de réellement bon. Croisons les doigts…

@ Daniel Rawnsley

Crédits photos : Metropolitan FilmExport