Les juges sont-ils « inhumains » ?

Par Patricia Goyenetche

Voici un article que je viens de publier sur le magazine participatif "Esprits Libres". Il est le premier d'une longue série où je vous présenterai mon domaine de spécialité ainsi que la découverte de nouveaux domaines de la psychologie autre que la psychologie clinique ou du travail qui sont les seuls popularisés ,et qui ne représentent qu'une faible partie de cette science. Je vous propose de découvrir cet artice ici.

Chantal Sébire s’est suicidée peut être à cause du rejet de sa demande d’euthanasie par la cours de justice. Les juges sont-ils « inhumains ». Rappelez-vous ses paroles : « Nous n’admettons pas de voir souffrir nos animaux et nous les tuons, pourquoi alors accepter de voir souffrir un être humain et lui interdire ce droit ». Chantal Sébire s’en est allée emportant avec elle cette lourde incompréhension de notre système législatif et ce sentiment de ne pas avoir été entendue.

Cette histoire nous a tous émue, et il est facile de s'imaginer que quelqu part, une autre "Chantal Sébire" attend que la loi s'améliore. Sans prendre partie, je vais vous présenter la même histore,mis sous l'angle de la psychologie sociale. Ce domaine de la psychologie est spécialisée dans l'étude de telle comporaison. Elle permet d'extraire les processus, ici le jugement, et ainsi de relever les différents facteurs pris en considérantion par chaque intervenant. Le jugement est un processus de comparaison et d'élimination des informations perçues. Le choix des valeurs retenus dépend des connaissances et des croyances de celui qui juge (et pas uniquement au sens de l'homme de loi). A présent, découvront cette histoire avec ces nouvelles données. La loi régit un pays dans les conduites citoyennes autorisées. Elle nous permet de mieux définir les limites sociales. Les « normes sociales »en sont la base. Par nos actions et nos remarques nous apportons une pierre à ce qui pourrait s’inscrire dans la loi. Comme l’a fait Chantal Sébire. Mais, il ne suffit pas d’apporter la pierre, faut-il encore qu’elle soit aux bonnes dimensions pour intégrer la structure support. L’architecture législative est complexe. Les textes s’appuient sur des règles de morale et de citoyenneté représentatives d’une vie en collectivité juste. Basé sur des faits, des expériences et des croyances, la loi nous protège. Un criminel est, par exemple, défini comme un individu ayant causé volontairement et consciemment la mort d’autrui. Cet acte est condamnable. Cet individu dangereux pour la société, ne discerne pas le bien du mal. Cette définition situe l’assassin comme un pervers et non comme un individu qui veut seulement aider un patient à ne plus souffrir. La demande d’euthanasie de Chantal Sébire s’inscrit en opposition aux processus de jugement spécifique à ces représentants. Les juges étaient « hors la loi ». Le « droit de mourir dans la dignité » est un droit individuel. Il n’a qu’une valeur personnelle et en aucun cas n’est inscrit dans la loi. Le jugement est une conduite sociale. Les juges procèdent par comparaison des faits (et uniquement les faits) avec les textes de loi. Les avocats mènent leur plaidoirie par rapport à ces mêmes références. C’est une garantie sur l’objectivité du jugement. Inclure les facteurs affectifs ou émotionnels comme dans ce cas, conduirait à être subjectif. Les arguments « pro-euthanasie » s’appuient sur un jugement social, non pas dans le sens de solidarité, mais des valeurs issues d’un groupe. Ces valeurs sont subjectives. Elles impliquent des émotions et des sentiments, tout comme l’a été l’argument de Chantal Sébire. Imaginez si les juges avaient accepté. Le médecin ou l’infirmière en charge de l’exécution de cette loi éventuelle, devrait à son tour renier le serment d’Hippocrate. Au lieu de sauver une vie, ils devront la retirer. Simultanément, ils deviendront des criminels tels que le définit la loi. Est-ce mieux ? La difficulté de cette affaire relève de nos valeurs émotionnelles qui vont guider nos conduites sociales, et le besoin que nous avons tous de nous protéger par des lois afin de vivre en bonne harmonie dans une communauté très importante.