Pour tout vous dire, hier j’ai conduit plus longuement que...

Publié le 30 octobre 2012 par Mmepastel

Pour tout vous dire, hier j’ai conduit plus longuement que d’habitude, et j’ai ENFIN pensé à me munir d’un CD adéquat.

Au volant de mon petit bolide ridicule, j’avais vingt ans à nouveau car j’écoutais la compilation des tubes d’un des groupes que j’écoutais énormément à cette époque lointaine : Salad. Enfin, “tubes”, le mot est fort. Je ne sais pas trop si ce groupe britannique a jamais déchaîné les foules. Toujours est-il que moi, en 1995, j’avais acheté leur premier disque (dont est extrait la chanson ci-dessus Motorbike To Heaven), uniquement sur la promesse de la pochette :

Eh oui, l’association du nom Salad, de l’invitation “Drink Me” et des cheveux fous de la chanteuse avaient suffi à me séduire (On est pas sérieux quand on a 20 ans). Ma joie fut totale lorsque je compris simultanément que ces cheveux étaient ceux de Marijne Van Der Vlugt, mon héroïne de MTV, toujours si jolie, bien habillée et discrètement effrontée, et qu’elle et ses petits copains faisaient une musique parfaite pour ado attardée et énervée.

Car certes, si ces 4 dans le vent-là n’ont jamais rencontré un grand succès commercial, cela ressemble à un grand malentendu. C’était pourtant l’époque des groupes de rockeuses comme Elastica, et les compositions de Salad, plus pop, moins rugueuses, n’avaient pas à rougir de la comparaison. Le guitariste avait un son bien à lui, très rock mais très mélodieux, un peu à la The Cure, et l’ensemble fonctionnait à merveille : justement, c’était un groupe, un vrai ; comme en témoignaient les photos à l’intérieur de la pochette, trois gars et une fille qui s’amusaient bien ensemble et qui photographiaient ce qui leur passait par la tête pendant une tournée : petits matins après soirée arrosée, assiettes pleines de frites et de ketchup, moments creux entre deux dates, sans aucun souci d’esthétisme, probablement assez ravi même que l’ensemble soit assez laid donc un peu rigolo, le tout avec un esprit rock à peine saupoudré de touches punk.

Et surtout, ils avaient deux atouts imparables : un art de la composition assez rare, basé sur une parfaite adéquation entre les guitares énergiques et la voix de Marijne. Certes, rien de spécialement grandiose dans cette voix, mais un petit et joli filet qui DETESTAIT l’ennui et avait bien écouté ses classiques. C’est amusant d’entendre, bien des années après, comme aucune de leur chanson n’était ennuyeuse. Toujours une rupture de rythme, un pont inattendu, un dérapage (in)contrôlé qui faisait que ben, ça le faisait… Sautillante et malicieuse, Marijne savait, à point nommé, faire la tigresse et gronder dans le micro, comme toute chanteuse de rock qui se respecte sait le faire. Elle n’en avait pas les moyens vocalement ? Peu importe. Elle en avait l’envie. Et comme on le sait tous depuis Johnny, si t’as l’envie (et l’envie de), c’est gagné. Hop, le refrain vous emballait. Avec cette touche délicate de l’humour british, Salad était capable de finir un couplet par un délectable “Yes, indeed” qui vous lançait et vous poussait à secouer la tête dans tous les sens. On pouvait jouer à être rebelle et à se déhancher sur du gros son sans que tout cela ne soit bien sérieux. D’ailleurs, c’est probablement ce qui s’est passé pour eux. Salad a fait trois disques puis s’en est allé, dès qu’ils ont été lassés de la plaisanterie. Dommage, parce que, hier au volant de ma voiture, oui je riais, mais pas seulement.