Vous, mes frères
Récemment, la vie m’a conduit dans les vieux pays, les plus anciens pays, là où l’éphémère de l’existence frappe de plein fouet et nous rappelle la
Trop pour un peu
En Égypte, au Caire, pas de manifestation. Pourtant, à notre départ de la maison, à la télé, à la une des journaux, les drapeaux américains brulaient, là où McDonald, PFK et On the run participent à l’économie locale. À Athènes, le calme, des gens accueillants. Les manifestants des actualités ? Nulle part. L’œil du cyclone. Ils attendaient la venue de la chancelière Merkel. Nous venions de partir. À la télé, les mêmes endroits, si calmes durant notre séjour, envahis par les slogans et les casseurs. Des milliers de protestataires, ou des dizaines.
Éloge de la personne
Dans ce monde de conflits et de guerres, des miracles. Sur le bateau, des Italiens, des Anglais, des Canadiens (Albertains, Ontariens, Québécois…), des Américains (du Nord, du Sud), des Russes, des Français, des Belges, des Chinois, des Mexicains, des Grecques, des Allemands… Des Blancs, des Noirs, des Jaunes. Tous cohabitent, se parlent ! Entre gens de même origine, bien sûr, et entre peuples distincts. Mêmes espérances, mêmes inquiétudes, mêmes « Oh ! », mêmes « Bof ! ». Les conflits n’existent plus. Une même aventure. On se parle anglais, langue universelle, qu’on le veuille ou non. ─ En Israël, l’hébreu, une langue « morte », est la langue officielle. Et chacun doit maîtriser deux langues étrangères à la fin de ses études secondaires. Il n’y a pas que la distance qui nous sépare. – Donc, là-bas, des miracles. Un Juif discute et rit avec un Allemand. Un Américain trinque avec un Russe. Le guide israélien fait équipe avec le guide palestinien. Au pied du Mur des Lamentations, des chrétiens (arméniens, orthodoxes, catholiques), des musulmans, des juifs, vivent la même soif de transcendance, prient le même Dieu.
Pourquoi deux étrangers aux convictions différentes, issus de contrées en conflit, en guerre parfois, placés l’un en face de l’autre, fraternisent-ils
Le bien et le mal habitent l’homme. Dans l’individualité, dans l’intimité, le bon s’exprime, reconnait le bon. L’être est son propre témoin, son seul juge. Mais le bien est timide, et le mal aime la masse, là où l’individualité perd son sens, et le contrôle. Le mal est contagieux. D’un à l’autre, il broie le bon, le repousse aux confins de l’âme, parfois de génération en génération. Or, une fois seul, l’homme revient à sa petitesse, à lui-même. L’humilité reprend la place, et le bon ressuscite, enfin libre. Dans l’aventure, l’homme est seul. Il ne tue pas celui qui lui dit bonjour. Dans l’adversité commune, l’autre est soutien, l’ennemi est allié.
Parfois, o insanité, je rêve d’une invasion extra-terrestre, où la guerre aurait un sens, où les hommes seraient frères dans une humanité liguée contre son annihilation, échappant à son suicide.
© Jean-Marc Ouellet 2012
Notice biographique
(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche :https://maykan2.wordpress.com/)
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