"3:10 pour Yuma" : un bon western à l'ancienne

Publié le 31 mars 2008 par Buzzline
 Pitch : Revenu blessé de la guerre de Sécession, Dan Evans a établi sa famille dans un ranch. La sécheresse a ravagé ses terres, décimé son troupeau et miné la considération que lui portent sa femme et ses enfants, en particulier son aîné Will, âgé de 14 ans. A la suite d'une attaque de diligence, le célèbre bandit Ben Wade passe par la ville de Bisbee où il est arrêté avec le concours fortuit de Evans. Recherché pour ses hold-up et ses meurtres répétés, Wade doit être convoyé vers Contention, à trois jours de cheval, pour embarquer sur un train à destination de Yuma, où se trouve le tribunal fédéral. Contre une prime qui peut sauver son ranch, Dan Evans s'engage dans l'escorte qui doit accompagner le dangereux criminel. Il est bientôt rejoint par son fils Will, fasciné par l'aura du tueur. Tandis que son gang organise son évasion, Wade engage, sur le chemin de Contention, un bras de fer psychologique avec ses gardiens, usant à la fois de la peur qu'il leur inspire et de la séduction qu'il exerce sur eux... Notre avis : Joli et bon western à l'ancienne, cette nouvelle version de 3:10 pour Yuma s'impose comme une réussite, principalement grâce à son duo d'acteurs et sa narration. Manque juste ce souffle lyrique et cette puissance qui en auraient fait un chef-d'oeuvre... Les bons western se font si rares qu'il ne faut faut surtout pas en manquer un lorsqu'il est réussi. Mis en scène par James Mangold, ce 3:10 pour Yuma, remake (dans les grandes lignes) du film de 1957 réalisé par Delmer Daves commençait à se faire attendre (voilà plusieurs mois que le film est sorti en DVD, après une jolie carrière ciné outre-Atlantique). La surprise n'en n'est que meilleure, puisque le film est pleinement réussi dans son ensemble.

Construit sur une trame classique comme tout bon western (un homme est chargé d'escorter un criminel jusqu'au train de 3h10 pour la ville de Yuma où il sera placé en détention), le film de James Mangold sort du lot grâce à la beauté de son histoire autour de la "relation père / fils", brodée entre le personnage de Dan Evans et Mark, son aîné. Un film qui sent bon l'émotion des relations humaines, la douceur dans un monde de haine et de violence où la corruption et les hors-la-lois sont rois.

Car 3:10 pour Yuma, c'est avant tout une formidable histoire d'amour entre un père poltron, rongé par un handicap autant physique que moral, et son fils qu'il ne veut pas décevoir. C'est aussi l'histoire d'un homme, devenu icône du grand banditisme, chargé de jouer le rôle de modèle et de mentor à un homme qui n'a rien à perdre mais tout à gagner.

Dans les rôles principaux, Christian Bale et Russell Crowe sont géniaux, donnant au film son intérêt principal tout comme ils brossent le scénario dans le sens du poil. Un duel entre deux monstres du grand écran, prenant forme sur les plaines désertes de l'Ouest américain, là où le danger rôde et où les hommes deviennent des héros en risquant leur vie.

Un face-à-face brillant, oscillant entre détresse, férocité, violence et confrontation psychologique passionnante. Si l'humour n'est pas tout à fait absent de ce genre de cavale et road movie, c'est surtout ces longs moments de silence ou ces chevauchées entraînantes qui captivent.

Afin de complémenter ce duo de luxe, Peter Fonda assure ce qu'il faut, tout comme la prestation bluffante de Ben Foster. 

Mis en scène avec panache et poussière par James Mangold (toujours aussi en forme, film après film), 3:10 pour Yuma brille par ses moments et ses acteurs, notamment lors des accalmies laissant place à la parole, et surtout par son très joli final où tout prend son sens en un minimum de dialogues, même si, c'est vrai, les "enjeux" auraient peut-être mérités plus et mieux...

Malheureusement, si le film décolle et qu'il s'avère passionnant, il lui manque cette puissance et cette envolée lyrique qui aurait pu le faire passer de très bon à grand film. Une certaine répétition et quelques rares défauts, concernant les enjeux notamment, torpillent le film l'essoufflant avant de le faire repartir...

Quoi qu'il en soit, 3:10 pour Yuma demeure une réussite, à qui il manque ce petit je-ne-sais-quoi pour prétendre trôner sur les podiums des chefs-d'oeuvre du western.

Il n'est qu'un excellent western... Ce qui reste très bien. 

    

Pourquoi y aller ? 

Pour Christian Bale. Pour Russell Crowe. Pour le scénario assez passionnant. Pour le final assez touchant à défaut d'être bouleversant. 

Ce qui peut freiner ?

Le manque de prises de risques, les redites et le manque de souffle lors de certaines séquences.