Troublant univers

Par Carmenrob

Impossible de terminer ce livre sans prendre une pause, pour respirer, pour digérer, tant le texte est substantiel, plein d’âme à ras bord. Il est pourtant difficile d’en parler. Je reste paralysée devant mon écran, sans trop comprendre pourquoi. Rabattons-nous pour le moment sur la présentation qu’en fait la maison d’édition, XYZ.

« Dans ce roman, il y a d’abord une embaumeuse, un vrai cactus qui, pourtant, dorlote ses cadavres pour aider leur âme à s’élever en paix, alors qu’elle peine à garder la sienne qui ne tient qu’à un fil ténu. Il y a aussi un clochard qui s’accroche à la dépouille de sa vieille, puis à ses cendres qu’il expose sur la rue en déclamant des versets du Cantique des Cantiques. Il y a enfin le fils du loup, condamné pour parricide quinze ans plus tôt, qui n’a jamais fait son deuil de ce père qu’il jure avoir tué par compassion et qu’il cherche encore. Il faut dire que la dépouille, jetée à la rivière, n’a jamais été retrouvée.
Dans Le fil ténu de l’âme, l’amour est intemporel, les morts côtoient les vivants, et les âmes, le plus souvent tourmentées, prennent la parole pour réclamer la paix.[1] »

Bon, est-ce suffisant pour vous donner le goût de lire ce livre hors du commun? Que pourrais-je ajouter pour vous en convaincre? Que cette histoire, qui fait la part belle à la mort, est un véritable hymne à la vie, à la différence, à la filiation, interprété par une voix singulière et somptueuse. Trois êtres, marginaux chacun à leur façon, livrent le combat de leur existence, celui qui scellera leur sort. Le fil ténu de l’âme se rompra-t-il? Celle-ci trouvera-t-elle sa libération des fantômes du passé qui l’enserrent de toutes parts?

Andrée Laberge poursuit, avec ce dernier opus, la construction d’une œuvre solide et originale.

Andrée Laberge, Le fil ténu de l’âme, XYZ, 2012, 212 p.


[1] http://www.editionsxyz.com/catalogue/620.html