Hse t1/3

Publié le 07 novembre 2012 par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Dans notre futur proche, l’économie de marché s’effondre. Pour contrer les vieux marchés agonisants, le PDG du HSE a une idée de génie : coter l’être humain en bourse.

Scénario de Dorison,dessin d’Allart, Public conseillé : Adulte, adolescent, homme ou femme

Style : Polar, Thriller

Paru chez Dargaud, le 26 Octobre 2012

L’histoire

Notre monde, dans un futur proche… Crises financières, petits porteurs ruinés, licenciements en masse… L’économie s’est effondrée et la misère gagne sur tous les fronts. Malgré cela, la société n’a jamais été aussi consumériste, mettant sur un piédestal les grands gagnants du système : les riches ! 
Félix Fox, petit vendeur de voiture par Visio est un quidam dans la moyenne. Vivement difficilement de son salaire bien gagné, il rêve de bonheur financier. Les rêves de richesse de sa femme, et la réussite de son beau-frère attisent ses envies. Avec beaucoup de volonté, et pas mal d’intelligence, Felix prend la seule voie express pour y arriver : se faire coter, dans le nouveau marche émergeant : le HSE (Human Stock Exchange).
Depuis l’effondrement régulier des bourses mondiales, les leaders, PDGs, sportifs de haut niveau, et célébrités en tout genre se sont fait coter en bourse. Intérêt majeur de l’opération : l’introduction en bourse s’accompagne d’un pactole de plusieurs millions. Comme de vulgaires produits, si leur cotation monte, ils entrainent profits, et dividendes à leurs actionnaires et à eux-mêmes. Mais si leur cote baisse, que se passera-t-il ?
A force d’effort, Félix rentre dans le cercle prestigieux des “Red Eyes” (les humains cotés), mais sa valeur personnelle en sera-t-elle augmentée ?


Ce que j’en pense

Dorison fait fort. Avec sa connaissance du monde de la finance, il nous entraine à la frontière de plusieurs genres. Entre anticipation réaliste et polar financier, il invente un monde ultra-cohérent, en exagérant nos dérives actuelles. Il place au centre du récit cette idée monstrueuse et si probable, que l’homme n’est qu’un produit.  Achetable, vendable, limité à de potentiels profits financiers, le “Red eyes”, l’homme coté en bourse est le summum de notre société consumériste et élitiste. Avec ce postulat de départ excessif, Dorison finit de déshumaniser nos rapports humains en les réduisant à un simple acte commercial, et nous fait réfléchir à la valeur de la vie humaine.


Un scénario centré sur l’humain

En développant une intrigue assez simple (description fine du monde, but du héros, moyen, et obtention), Dorison se concentre sur l’aspect humain. Tout en restant très accessible et pédagogue sur les concepts économiques (cela paraitra un peu puéril aux initiés), il choisit un personnage principal commun et banal. Son accession à ce monde de rêve nous permet d’observer à la loupe les transformations psychologiques de Félix. Quid des fantasmes liés à ce qu’il n’a pas (l’argent) ? Et quand enfin il obtient cette manne financière, que reste-t-il du Félix sympathique et simple qu’il était auparavant ?
 A travers cet album d’anticipation, il pousse un de nos travers et regarde le château de cartes s’écrouler. Mais c’est surtout Félix Fox, cet homme normal avec ses rêves et ses contradictions, que Dorison suit avec compassion. Difficile de ne pas se sentir en phase avec ce personnage si proche de nous et de nos espoirs de grandeur.

Au dessin

Alart remplit son contrat. Son dessin, moderne et classique à la fois, est bien maitrisé. A part quelques approximations dans les expressions des visages, Alart met en scène un monde froid et distant, limite clinique. Sa maitrise de la perspective et des paysages urbains bondés sert admirablement le propos de Dorison. Dans l’univers dessiné par Alart, la facilité n’a pas sa place. Chaque personnage, chaque détail est travaillé et renforce la crédibilité de l’album. A l’opposé du cadre fantaisiste d’une science-fiction onirique, Alart met en image une anticipation réaliste et froide.

Pour résumer

Album d’anticipation sociologique ou polar financier, Faites vos jeux. Dorison et Alart nous entrainent dans le premier tome de leur nouvelle aventure. Dans un monde à peine futuriste, en perdition économique, suivez Félix fox dans sa recherche du bonheur (et de l’argent). Petit vendeur automobile, Félix tentera sa chance en se faisant coter au HSE, la bourse de l’être humain. Encore faudrait-il qu’il n’y perde pas son âme…


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Cette critique fait partie de l’opération “la BD du mercredi” de Mango