L’association de ces deux courts films n’est pas évidente, d’autant qu’ils laissent une impression assez contrastée. Le premier suit un drôle de coach sportif qui cherche quelqu’un à entraîner au saut à la perche, et il semble si désespéré que n’importe qui fera l’affaire, même cette fille de 25 ans incapable de sauter plus haut que 20 centimètres en prenant de l’élan. Le second, « Yosemite & I », s’apparente à un documentaire mais n’en est pas tout à fait un, et suit la réalisatrice Kim Ji-Hyun (dont « Mountain in the Front » avait été présenté au Festival en 2009) dans la relation qu’elle entretient avec son vieil ordinateur des années 90. Les films ont cela en commun que leur style rappelle le documentaire sans franchir complètement la ligne, mais l’aspect doux et dingue de « Dr Jump » séduit plus aisément que le laid « Yosemite & I ».
Pourtant à mesure que le récit progresse, le réalisateur parvient à insuffler une force indéniable à ce drame contant l’arrivée d’un nouveau professeur dans un institut pour enfants sourds et muets, professeur qui va y découvrir de graves abus commis à l’encontre de certains des jeunes pensionnaires. C’est lorsque le film se transforme en suspense procédurier, et qu’il s’attaque à l’inertie de la société coréenne et de son système judiciaire, que le film s’emballe. L’injustice est un convecteur d’émotion, et celle qui a fini par envahir la salle était palpable. Les yeux de nombreux spectateurs étaient rouges lorsque la lumière s’est rallumée, bien que, s’il m’arrive de pleurer au cinéma, les miens soient restés secs. A l’écran, il fut agréable de retrouver Jung Yumi (en ce moment à l’affiche de « In Another Country » d’Hong Sang Soo), qui fut l’objet de toutes les attentions masculines l’an passé, lorsqu’elle était l’invitée du Festival.
L’un de mes plus vieux souvenirs du Festival du Film Coréen à Paris remonte à la découverte de « The Unforgiven » lors de l’édition 2007, la même année où j’y avais vu « Family Ties ». Qui eut cru à l’époque que le réalisateur de « The unforgiven », Yoo Jong-Bin, se retrouverait en 2012 aux commandes d’un des plus gros films de l’année, avec l’acteur principal de son premier film, Ha Jung-Woo, devenu depuis l’une des grandes stars du cinéma coréen, dans l’un des deux rôles principaux… Le même Ha Jung Woo vu quelques jours plus tôt au festival dans « Love fiction » (et quelqu’un m’a murmuré à l’oreille que l’acteur était à deux doigts d’être l’un des invités du FFCP cette année, mais que ses demandes de diva avaient refroidi le festival…).
Depuis le début du festival, j’avais passé les projections trop loin de la place de mon cœur, mais pour ce dernier jour marathon, seul, je suis retourné vers les premiers rangs que j’affectionne. Manque de pot devant « Nameless Gangster », je me suis retrouvé assis à côté d’un spectateur visiblement enrhumé qui passa tout le film à renifler bruyamment, et profitant même des séquences plus bruyantes pour me gratifier de véritables concerts de reniflements fort peu élégants. Pas grave, j’eus très vite la tête ailleurs, entre le film et ce petit pincement à réaliser que le lendemain serait déjà l’heure de la clôture…