L’honnêteté académique

Publié le 11 novembre 2012 par Scienceblog
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n se dit qu’en religion plus qu’ailleurs, l’honnêteté devrait primer sur tout le reste. Ok, mais qu’en est-il de la théologie, science qui étudie les religions, sans pour autant en épouser une thèse au dépens d’une autre, dont l’objet est de construire un corpus de savoir comme toute autre pratique scientifique ?

On imagine bien que comme dans toute autre discipline, crapotages diverses, directions mal assumées, promotions dites « par le haut » (c’est-à-dire se débarasser d’une personne incompétente en lui proposant une promotion qu’il ne saurait refuser), soumission à des choix politiques douteux, j’en passe et des meilleures font partie du dur chemin que chaque enseignant-chercheur subit durant sa carrière. Et aussi de chaque structure universitaire ou institution de recherche sur cette terre. Mais l’omerta est ici toujours amusante à constater, personne ne voudrait parler de cela, et je vous rappelle que si j’agis à couvert, c’est parce que je suis jeune, en bonne santé, et que je veux continuer parler dans une relative liberté, mais la plus importante possible.

Et bien, en théologie comme ailleurs, les pratiques les plus douteuses existent comme partout ailleurs ! Qui s’en étonnerait ? Il y a dans la structuration même de l’Université et dans son historique et conservatrice culture tous les éléments qui permettent à ces pratiques de perdurer. Mais, ô surprise, en théologie, on en parle. Pour preuve cet étonnant interview de Daniel Goppenstein qui raconte par le menu les erreurs de stratégie de personnes qu’il considère comme d’incompétents manifestement notoires. Ca tire à tout va, mais de façon très argumentée, et ça raconte par le menu petits arrangements entre amis, absences de choix politiques dans une faculté, positionnements et petits arrangements avec les autres structures d’enseignement et de recherche (ballets de changements de postes, choix non assumés, positionnements stratégiques derrière les bonnes intentions, …).

Réjouissant car, pour une fois, un homme apparemment à la retraite parle vraiment clair. Je me fous complètement qu’il règle (peut-être, pourquoi pas) ses comptes avec de vieux compères, qu’il tente par le fait de montrer l’inanité d’un petit monde universitaire, qu’il ait une position morale, ou quoi d’autre ? Mais ce portrait est tellement vivant qu’il n’est même pas nécessaire d’être dans ces facultés en Suisse pour s’imaginer que ce soit vrai.

Dans tous les cas, c’est la même chose ailleurs !