Caravan Palace – Live @ Le Toboggan (Lyon)

Publié le 11 novembre 2012 par Wtfru @romain_wtfru

 

Avec deux places pour leur concert à Décines (petite bourgade résidentielle située près de Lyon), c’est avec cette joie sans égal de la première soirée des vacances que nous décidâmes d’aller planter notre tente devant Le Toboggan pour swinguer au rythme des mélodies enivrantes des Caravan Palace – Jeu de mot pourri : level 26.

A 20h26 précises, nous arrivons devant ladite salle, complètement trempés, non pas à cause de la pluie, mais des huit kilomètres à vélo parcourus (survolés ?) à une vitesse avoisinant celle de la lumière. C’est donc encore haletant et légèrement brassés que nous retirons nos places, non peu fiers d’avoir économisé trente euros sur un concert qu’on ne voulait pas spécialement voir. Les deux bières de clochard qu’on avait pris dans nos sacs nous explosent à la figure, et l’on sirote gentiment toute la mousse qu’elles renferment en observant les spectateurs de la première partie sortir fumer leur joint clope.

A 20h45, après s’être pris deux demis d’une bière artisanale dégueulasse, nous voilà enfin face à la scène, avec devant nous un parterre de groupies tous plus pathétiques les uns que les autres, et derrière nous, des sexagénaires assis dans les gradins, près à se battre au moindre regard de travers lancé par un connard de jeune. On se place, un peu frustré de s’être fait virer du coin réservé aux handicapés, entre une grosse rousse et un géant barbu qui sentait la bière. A moins que ça ne soit la bière qui puait le géant barbu.

 

Les lumières s’éteignent, une énorme clameur s’élève de la salle au moment où les sept musiciens de Caravan Palace apparaissent sur scène, en beau costume d’époque, et déjà dotés d’une énergie hors du commun. Le show commence en douceur avec Queens, le premier morceau de leur dernier album, Panic, sorti en mars dernier. Cette mélodie bien rodée nous a permis de découvrir la très bonne acoustique de la salle, pourtant assez petite et composée en majeure partie de bois. On commençait à peine à taper le bout du pied par terre – la grosse rousse, elle, était déjà à fond – qu’arrive à point nommé Maniac, deuxième morceau de leur dernier album. Nos genoux commencent doucement mais sûrement à se dérouiller. On se surprend même à devoir contenir un déhanché qui venait machinalement. On était même pas bourrés, on allait pas danser, quand même.

La grosse rousse n’a pas eu le temps de ranger ses bourrelets dans son jean que Suzy et Bambous, deux morceaux incontournables des albums précédents, viennent mettre le feu, autant dans le parterre que dans les gradins. On commençait même à apercevoir quelques sexagénaires se lever, se supportant probablement les uns les autres dans cette épreuve physique.

Voyant lucidement un malheur arriver chez nos ascendants, la très sexy Zoé Colotis et ses six compagnons décidèrent de calmer un peu le jeu, nous offrant un ticket première classe pour le 12 juin 3049. Les riffs mélodieux à souhait qui s’échappaient de la contrebasse électrique de Charles Delaporte ont soigné notre audition pour le millier d’années à venir, à vrai dire. Sans aucune fausse note, l’instrument qui donnait du corps à chaque morceau des albums de Caravan Palace n’en finissait pas de faire presque à lui tout seul les morceaux sur scène.

La clarinette furieuse de Camille Chapelière et le xylophone rebondissant de Paul-Marie Barbier devinrent visiblement jaloux de leur collègue contrebasse, et décidèrent de nous régaler avec des solos tous aussi swinguant les uns que les autres. Avec Je m’amuse, nous assistons pour la première fois de notre vie à un solo de xylophone à quatre baguettes, ce qui a le don de nous mettre dans un état proche de la transe. C’est le morceau qu’a choisi Zoé Colotis pour descendre dans la foule, et pour passer par le coin réservé aux handicapés où nous étions précédemment – c’est aussi à ce moment précis que nous avons hésité à nous casser une jambe pour pouvoir arracher les porte-jarretelles de la chanteuse avec les dents. Nous nous sommes ravisés au dernier moment. Le passage ouvertement électro de ce morceau nous a rappelé que nous étions réellement face à Caravan Palace, et que ces gars-là ont quand même réussi à mélanger d’une manière incroyablement réussie jazz manouche, électro swing et dubstep (hé oui). Chapeau, les artistes.

Déboule ensuite une vague de morceaux du dernier album : le très électronique Clash, le très planant Cotton Heads, le très paniquant Panic, Glory For Nelly, The Dirty Side of The Street, sans oublier le titre présenté comme tube de ce dernier album, Rock It For Me, qui envoie franchement tes hanches valser quand tu l’entends en live. Un battle de scat entre Zoé Colotis et le violoniste Hugues Payen, des tonnes de solos enflammés d’instruments inconnus et trois infarctus dans les gradins plus tard, c’est avec l’explosif Brotherswing et le souvenir des belles années passées que Caravan Palace nous quitte (presque), dans une odeur générale de transpiration qui émane autant de la foule que de la scène.

L’ambiance de folie de la salle ne retombait décidemment pas, et c’est avec un bonheur qui semblait partagé que nos musiciens en chemise remontent sur scène, nous servant un Star Scat et un très attendu Jolie Coquine (assorti d’une épique démonstration de swing dansé) en guise de rappel et de coupe-faim. Le deuxième rappel, bien que très demandé par le public, n’a malheureusement pas eu lieu.

Nous repartîmes enfin, évitant de justesse le t-shirt trempé de la rousse, la tête vidée et les jambes en compote. Nous étions presque heureux de se balader en vélo sous la pluie tombante, après cette parenthèse magique de deux heures passée dans les années 3049. Un grand bravo à cette troupe de musiciens-comédiens-danseurs-chanteurs hors pair, pour le show qu’ils nous ont offert. On reviendra, c’est promis, mais en caravane, cette fois-ci.