Corporatisme médical et intérêt général

Publié le 15 novembre 2012 par Hmoreigne

Depuis lundi, la France connaît un mouvement de grève illimité des internes des hôpitaux publics et des chirurgiens de cliniques. Ces derniers contestent l'accord signé le 25 octobre portant sur l'encadrement des dépassements d'honoraires, et accepté par les trois principaux syndicats de médecins libéraux spécialistes et généralistes (CSMF, SML, MG France), et les mutuelles. Une grève jugée choquante et corporatiste par d'autres médecins qui relèvent que le pays est en pleine crise économique et sociale.

Les dépassements d'honoraire sont des sommes demandées en plus du tarif de base de la Sécurité sociale. La pratique qui devrait être restreinte tend à se généraliser car elle offre pour certains médecins la possibilité de contourner les tarifs des actes fixés par la sécurité sociale. Ces dépassements sont loin d'être négligeables pour le patient. Une enquête du Monde avait néanmoins montré que ces taux pouvaient atteindre parfois 4 à 5 fois le tarif de base de la Sécu.

Face à ces excès l'accord du 25 octobre dernier vise à limiter ces compléments à 2,5 fois le tarif de la Sécu. C'est ce que contestent une trentaine de syndicats de médecins encouragés dans leurs démarches par le succès des patrons pigeons. Si en dix ans, si les revenus des médecins généralistes (évalués en moyenne à 6 500 € net mensuels), n'ont que faiblement progressé, ce n'est pas le cas chez les chirurgiens ou les anesthésistes par exemple dont les revenus ont fortement augmenté grâce notamment aux dépassements d'honoraire.

Dans un contexte de crise des comptes sociaux de déficit des hôpitaux publics et de mise à contribution financière croissante des patients dont tous ne peuvent se payer une mutuelle,  les revendications des médecins plutôt vautours que pigeons interpellent. Un trouble qui touche le milieu médical lui-même.

Les professeurs des hôpitaux de Paris André Grimaldi et Jean-Paul Vernant, sont ainsi à l’initiative d'une pétition dans laquelle les signataires déclarent notamment "Nous, médecins de toutes spécialités et de tout mode d'exercice attachés à l'égalité d'accès à des soins de qualité sur l'ensemble du territoire, ne participons pas à la grève des soins initiée par certains syndicats".

"Certains syndicats" qui oublient la rente de situation dont bénéficient leurs adhérents. A savoir que la pénurie en praticiens est organisée par la profession elle-même à travers les numerus clausus pour garantir des niveaux de salaires élevés aux diplômés.