De l’obscénité démocratique au populisme démagogique

Publié le 22 février 2012 par Xylophon

Il avait commencé son mandat en parlant d'aller faire une retraite. Au lieu de cela, on eut droit au Fouquet's et au yacht de Bolloré. Sarkozy voulait rompre. Alors oui en 5 ans de mandat, il a rompu. Pas sur le fond, non: népotisme, corporatisme, et affairisme ont finalement vécu sans ambages le quinquennat.

Non la rupture s'est faite dans le style, mais aussi dans la remise en question des Institutions de la cinquième république.

N'assurant pas son rôle d'arbitre, le Président a surtout marqué les consciences par son interventionnisme: un comportement décomplexé avec le modernisme en programme.

http://lexilousarko.blog.fr/2007/07/14/le_dicours_d_epinal_la_trahison_des_inst~2632870/

A l'étranger, ses homologues, et la presse étrangère n'ont jamais cru à cette façon grandiloquente de faire de la politique.

http://lexilousarko.blog.fr/2010/09/20/la-france-honte-de-l-europe-9424482/

Les français, également ont vite été agacés par ce président bling-bling qui portait Rayban et Rolex et qui s'amusait à invectiver ses compatriotes lorsque ceux-ci n'étaient pas d'accord. On parla de monarchisme élective pour évoquer ce positionnement tronqué de chef d'Etat à la dérive.

http://lexilousarko.blog.fr/2008/05/01/why-french-lost-their-faith-in-the-peopl-4119426/

On évoqua l'obscénité démocratique pour décrire une façon anachronique de gouverner.

http://lexilousarko.blog.fr/2008/06/11/l-obscenitaeacute-daeacute-mocratique-de-4303762/

Face à un bilan médiocre et de désillusions nombreuses, le candidat Nicolas Sarkozy a choisi désormais de faire campagne sur un autre axe, celui du populisme démagogique.

Il sera le candidat du peuple contre une élite et des corps intermédiaires qui confisquent le pouvoir aux petites gens. De nouveau en place, il supprimera ces bons à rien qui coupent la population de leurs représentants.

Pourtant pendant cinq ans, le Président de la République a lui-même creusé cet écart entre les français et les Institutions. En faisant de sa présidence une cour, en intervenant sur les pouvoirs de nomination, en révoquant plusieurs préfets, ou en nommant le Président de France Télévision, ou de Radio France, Nicolas Sarkozy a lui-même accentué ce déficit démocratique dont il dénonce aujourd'hui les méfaits.

http://lexilousarko.blog.fr/2008/09/06/a-terra-corsa-a-i-corsi-4691235/

Pour être proche du peuple, Nicolas Sarkozy érige désormais le référendum en remède miracle. On peut se demander pourquoi le Président se rappelle maintenant à ce mode de consultation populaire. La réponse est simple: sans doute au cours de mandat, le risque était grand de de voir la question transformée en plébiscite et donc en désaveu.

La Suisse fonctionne depuis longtemps avec ce système de démocratie directe et cela ne rend pas ce pays plus démocratique qu'un autre: leur référendum sur les minarets et les étrangers ne font envie à personne, la progression de l'UDC, peut-elle aussi interroger.

http://lexilousarko.blog.fr/2009/12/09/la-boite-de-pandore-est-ouverte-7542627/

Mais en plus d'être une entrave à la démocratie, le référendum peut être un danger. Bourdieu disait que l'opinion publique n'existe pas, la figure mythique d'un peuple non plus.

Il suffira de questionner les français sur la peine de mort pour voir réapparaître la guillotine dans les murs des prisons.

Ce moyen de vouloir passer par la population pour faire des choix pose aussi la question de la déresponsabilisation de la chose publique.

En octroyant une légitimité à un peuple démiurge, le politique semble se désavouer: à quoi servent alors les députés qui doivent être les porteurs des revendications des citoyens.

De "roi élu", le candidat Président de la République veut désormais être "l'élu du peuple"

Les promesses n'engagent que ceux qui y croient...