[Critique Cinéma] Comme des frères

Par Gicquel

Depuis que Charlie n'est plus là, la vie de Boris, Elie et Maxime a volé en éclats. Ces trois hommes que tout sépare avaient pour Charlie un amour singulier. Elle était leur soeur, la femme de leur vie ou leur pote, c'était selon.


"Comme des frères" de Hugo Gélin

Avec : François-Xavier Demaison, Nicolas Duvauchelle, Pierre Niney

Sortie Cinéma le 21/11/2012

Distribué par Stone Angels

Durée : 104 Minutes

Genre : Comédie

Film classé : -

Le film :

Trois copains, dont on ne sait pas grand-chose. Sinon que le chemin qui les mène vers la Corse est un chemin de deuil. Ils accompagnent les cendres de Charlie, leur amie, dans la maison où le quatuor avait promis de se retrouver un jour. Ce même chemin que  le réalisateur  Hugo  Gélin, emprunte à contresens, à rebrousse poil d’une histoire qui commence par la fin .

Elle remonte le cours du temps, dans des flash-back qui n’en sont pas vraiment. Plutôt des rappels de la vie quand Charlie ,Boris, Maxime et Elie, étaient amis à la vie à la mort, et puis quand ils se sont aimés, après une rencontre aussi particulière que fortuite.

Le procédé, un rien casse gueule, fonctionne quasiment sur le mode de la persuasion de la part d’un cinéaste qui sait nous mettre en confiance. Si l’on adhère très rapidement à son point de vue, malgré un épilogue qui n’en finit pas (*),  c’est que sa caméra côtoie des gens de tous les jours, de la rue ou de la société civile , des personnages auxquels l’on  s’identifie rapidement.

J’ai personnellement eu plusieurs fois un coup de blues sympathique en revoyant cette virée de copains, qui entre soirées de fête et virées du petit matin, ont soudé une amitié profonde. Au milieu, Charlie qui les a aimés, très certainement, tour à tour et qui rayonne d’un bonheur éteint.

Elle sait son mal, mais le cachera le plus longtemps possible, pour que l’histoire puisse continuer à s’écrire. Entre trois garçons qui ne semblent avoir guère de points communs ; ce sont avant tout les comédiens qui leur donnent une réelle et véritable épaisseur,  qui les unit dans la gravité d’un moment qu’ils vont rendre léger, et d’une extrême sensibilité.

En écrivant cette phrase, j’ai encore quelques picotements, quelques frissons rétroactifs à un film jamais larmoyant, souvent bouleversant. Et aussi très drôle dans la composition de ses personnages, au bavardage savoureux. Si François-Xavier Demaison  et Nicolas Duvauchelle  confirment tout le bien que l’on pouvait penser d’eux, j’ai personnellement découvert Pierre Niney, le plus jeune de la bande, et le plus déluré aussi .

Avec en point d’orgue l’extrême beauté dans  l’interprétation  de Charlie par Mélanie Thierry  qui de film en film sublime toujours dans le vrai, la composition de ses personnages. Aidée, c’est une évidence ici, par la caméra de Xavier Gélin qui n’hésite pas (et c’est assez rare de nos jours) à quêter le grain de la peau . Il la filme de très très près, comme pour mieux  déceler le mystère rayonnant qui l’accompagne. Un bel accomplissement.

(*) Très modestement, j’imaginerais bien le film se terminant sur la scène de l’escalator de l’aéroport, quand le quatuor reconstitué, se fond dans la foule. Il s’agit alors de retrouvailles «  jusqu’à la mort » dit l’un des garçons, souriant, et insouciant

En bref

Le film

Sur un sujet plutôt convenu ( le deuil d’une amie très chère ) , Gélin signe un premier film intuitif , qui entre le drame et la légèreté que confère l’amitié, donne le change d’une narration qui prend à revers les codes habituels du scénario. Les interprètes adoptent une même ligne claire ,et le reste suit dans la mélancolie bienheureuse des années d’autrefois .