The Luyas - Valleys au Witloof Bar du Botanique, Bruxelles, le 25 novembre 2012

Publié le 25 novembre 2012 par Concerts-Review

Un Witloof configuration glacière, peuplée par une vingtaine d'esquimaux , non Annie, pas bonbons, caramels, esquimaux, chocolat, des du genre Inuits, pour accueillir deux confréries de Montréal: The Luyas et Valleys!

   ( The Luyas)

20:15 Valleys

Ni des apparentés à Jean "L’amour ça fait chanter la vie", ni les scénaristes de 'Qu'elle était verte ma vallée', mais un duo mixte, Marc St. Louis et Matilda Perks, se produisant naguère sous le nom de They Were Valleys et ayant sorti, en 2009, la plaque ' Sometimes water kills people', début 2013, cette rondelle devrait voir arriver une petite soeur, en attendant le groupe a sorti un ou deux EP's.

Du White Stripes québecquois?

Non, fiston: Marc St Louis chante et hante la guitare, mais tu chercheras en vain la présence d'une batterie,  Matilda Perks chante également et manipule keyboards, samplers et analog synthesizers.


Bonsoir, tout le monde ( euphémisme), we're from Montreal, we're Valleys, nous sommes heureux d'être ici...

' Us' deux voix hantées,  une guitare opaque, les synthés planants créant un climat lugubre, on nage dans un univers dark/lo-fi  indie énigmatique et voilé.

' Them' , us and them, merci le Floyd..., toujours aussi atmosphérique et froid avec de méchantes envolées shoegaze. 

Sur le EP ' River Phoenix', 'Dept Bondage', l'agréable mélodie spatiale, rehaussée d'un chant éthéré, se cabre lorsque la guitare noire du Saint Capétien entre en piste.

Bien foutu!

' Finnish', du  Sibelius ma cabane au Canada, entourée d'un immaculé tapis de neige.

 Lyrique, fragile et lancinant.

Amorcé par de gros beats, un nouveau soundscape tracé d'une palette glacée, le moody, ' John'.

 Marc entame le dark goth ' Hounds' d'un timbre caillouteux, à la Mark Lanegan, avant d'être rejoint par la frêle voix de sa compagne. La texture post- rock , les effets de distorsion, les rythmes fermes, les drones pervers avec en contrepoint des vocaux souvent soyeux contribuent à créer un univers énigmatique et intrigant.

' Miner Insight' termine ce concert captivant.


Préparatifs tirés en longueur avant le début de la seconde tranche de la soirée, 21:20, The Luyas!

Plongé dans un Jourdain québecquois en 2006, trois full CD's, le dernier 'Animator' en 2012.

Mené par la dynamique Jessie Stein ( faisant également partie de Miracle Fortress et, avant cela, de S S Cardiacs, avec un certain Owen Pallett comme membre..), vocals, guitare, claviers, moodswinger ( drôle de zither électrique), le quintette est complété par: Pietro Amato , un autre multi-instrumentiste talentueux ( Arcade Fire - Bell Orchestra e.a.) , keyboards, French horn, electronics  - Mathieu Charbonneau ( Ferriswheel, Torngat, Timber Timbre) au Wurlitzer et au cor - Mark Wheaton ( Land of talk)  aux drums et enfin, Mike Feuerstack ( Snailhouse, Wooden Stars) à la pedal steel, xylophone et guitare.

Avanti pour un des gigs les plus aventureux de 2012!

' Face' à l' orchestration sophistiquée sur laquelle glissent des  vocaux murmurés .

Un premier voyage fascinant dans un monde aux confins de l'étrange, essaye d' imaginer un Robert Wyatt fricotant avec Feist sur fond vaguement trip hop!

 Le tout aussi subtil  'Traces' suit la même piste, le timbre ténu, enfantin de Jessie te donnant l'envie de la protéger de tous les dangers pouvant la guetter dans cette jungle hostile.

Elle ramasse le moodswinger pour amorcer le psychédélique et étrange ' Moodslayer' .

Consciente de l'état de surprise de pas mal d'auditeurs, non préparés à une musique moins accessible, Jessie nous questionne en plein morceau, 'ça va toujours?'

Bruxelles semble acquiescer, le drummer lance one, two...  le collectif achève la plage, enchaînée sur le concis ' What mercy is', dominé par un cor omniprésent.

Petit problème technique vite arrangé, l'oiseau reprend son vol: ' Canary', un volatile asiatique, déplumé, squelettique, soudain déchiré par un riff  métallique auquel succède un cor en pleur, tandis que Jessie chuchote... I dream of drowning... sur fond Cousteau.

Fragile et angoissant!

Faut briser ce climat sinistre, Pietro s'en charge, t'as pas un ouvre- bouteille, cette Maes demande à être avalée?

Aucune réaction!

Mike, le sauveur: refile la moi, je l'ouvre with mon bottleneck!

Un rock touffu et déstructuré, le formidable ' Fifty-fifty' , le style de truc qui devrait plaire à Rudy Trouvé.

 Inspiré par l'épitaphe gravée sur la tombe de John Keats Here lies one whose name was writ in water, "Your Name's Mostly Water", bubbling sounds, jungle beats, escapade jazzy du French horn, et toujours ce timbre ingénue Lolita.

Etonnant mix Frank Zappa meeting Talking Heads, avec une pointe de Talk Talk.

La plage ouvrant le dernier CD, 'Montuno', superbe symphonie en plusieurs mouvements: un lento dominé par les cuivres, puis un bruitage amazonien précédant l'andante, un allegretto aux odeurs Gentle Giant, on saupoudre de quelques pincées psychédéliques et on obtient a masterpiece!

Passe-moi ta guitare, Barbe- Bleue!

Shit, qu'as-tu fabriqué avec cet engin?

I tuned it backwards!

C'est malin, bon je jouerai des claviers!

' Channeling', une sombre berceuse.

 Le saccadé 'Too beautiful to work',  titletrack du CD de 2011, clôture ce set élégamment  arty.

Bis

Après la lente introduction aux cors d'harmonie, ' The Quiet Way' évolue en gazouillis electro, le psyche blues '  Tiny Head', proche de certaines plages des Doors, mettra un terme à ce concert pas banal.