C'est la 5è édition des enquêtes menées depuis 2002 par Sida Info Service, sur les discriminations à l'encontre des personnes vivant avec le VIH (PVVIH). Cette 5e édition, menée de juillet à octobre 2012, menée auprès de 301 participants, à 74% des hommes, diagnostiqués depuis 10 ans en moyenne, s'est intéressée plus particulièrement à la question de la « dicibilité » de la séropositivité à la famille et aux proches : le dire ou pas, à qui, pourquoi.
Pensez-vous avoir déjà été discriminé/e du fait de votre séropositivité ? Près de la moitié des participants répondent encore par l'affirmative, mais c'est 10 points de moins qu'en 2005. Ce résultat est-il réellement qu'une bonne nouvelle ?, s'interroge l'Assocation, qui constate que
plus de 7 participants sur 10 (72,4 %) se souviennent d'au moins 1 situation précise de discrimination. Et pour plus de 7 personnes sur 10 le dernier évènement discriminatoire s'est produit, récemment, soit depuis 2010. En moyenne, les personnes discriminées l'ont été dans plus de 2 domaines différents : Depuis 2005, le domaine de la santé est toujours le plus signalé (46,6 %).
La santé est le seul domaine dans lequel les discriminations progressent car tous les autres domaines enregistrent un recul par rapport à 2009, le plus important étant observé dans le milieu professionnel (–14,7 points). L'ensemble du milieu médical et paramédical est mis en cause et les dentistes demeurent les professionnels de la santé qui refusent le plus souvent d'effectuer les soins nécessaires. Les indiscrétions et la non-confidentialité autour de la séropositivité sont mal vécues, le secret médical est parfois tout simplement violé. Des discriminations particulièrement traumatisantes et ressenties violemment, notamment parce qu'il y a une vulnérabilité spécifique au moment de la consultation ou du soin et parce que ces patients attendent peut-être encore plus des personnels soignants.
La « finance » aussi : Une personne vivant avec le VIH va ainsi rapporter une discrimination en lien avec les assurances et les banques, et cela malgré le dispositif AERAS qui permet d'emprunter, même malade.
Comment parler de sa séropositivité ? Car seule une minorité de personnes n'a jamais ressenti le besoin ou l'envie d'en parler (7,6 %) et pourtant, moins de 2 participants sur 10 indiquent parler de leur séropositivité lorsqu'ils en ont besoin ou envie et les 3 quarts ont déjà renoncé à le faire.
4 participants sur 10 ont déjà regretté d'en avoir parlé. Si parler de sa séropositivité au conjoint peut sembler pour beaucoup une évidence, le faire reste une épreuve. Ainsi, 27,7 % des participants indiquent avoir déjà été discriminés par leur partenaire et parfois jusqu'à la rupture.
La crainte d'être discriminé contribue donc toujours et autant à l'isolement et à la précarisation des personnes vivant avec le VIH et nuit considérablement aux efforts de prévention et à l'accès aux soins de santé.
Source : 5e enquête SIS sur les discriminations à l'encontre des personnes vivant avec le VIH – 2012 Rapport complet (Vignette Fil Santé Jeunes)