Batho, Duflot : quelques grammes de brutes dans un monde de finesse

Publié le 04 décembre 2012 par Copeau @Contrepoints

Aujourd'hui, et pour faire plaisir à Najat Valleau-Belkacem, la passionaria de la féminitude millimétriquement égale, j'ai décidé de vous parler de deux femmes qui sont parvenues au pouvoir à la force du poignet (au moins), et dont l'importance dans l'actuel gouvernement ne peut pas être ignorée plus longtemps. Je veux bien sûr parler de mesdames Duflot et Batho, étroitement liées l'une à l'autre par une troublante symétrie puisque Duflot s'occupe du logement alors qu'elle est écolo, et Batho s'occupe d'écologie alors qu'elle est, intellectuellement parlant, complètement à la rue.

En effet, on découvre, au détour d'une de ces petites dépêches rapides et discrètes, que la Delphine n'est malheureusement pas endormie à son poste. Pour trouver à s'occuper (et, il faut bien le dire, faire un peu parler d'elle en ces temps médiatiques encombrés), elle a décidé d'ajouter un rationnement aux pénuries dont la France souffre déjà : notre pays est trop lumineux la nuit, cette pollution nocturne et toute cette énergie dépensée en pure perte ou presque sont un véritable scandale auquel il était nécessaire de mettre fin. On va donc obliger les commerçants à couper leurs bêtes enseignes lumineuses.

Pour cela, en parfaite petite socialiste, Delphine Batho a directement choisi d'utiliser la bonne vieille contrainte légale qui est au ministre et au député ce que la batte de baseball est au briseur de rotules de la mafia. Elle explique ainsi :

« Un projet de décret est actuellement soumis à la concertation du public qui vise à permettre l'extinction des éclairages, notamment des vitrines la nuit, pour faire des économies d'énergie. »

Voilà, vous voyez c'est très simple, pour soi-disant faire des économies d'énergie, on va couper les loupiotes ici et là et ce sera génial. Et bien évidemment, cette obligation s’appliquerait systématiquement. Pan. Le changement, c'est maintenant et ça va ressembler à ça :

Très manifestement, chez Delphine, les loupiotes ne se pas toutes allumées à la naissance et elle n'est probablement pas au courant que plus de 70% de l'électricité utilisée pour les enseignes lumineuses est produite à partir de réacteurs nucléaires. Ce qui veut dire, les réacteurs nucléaires étant ce qu'ils sont (c'est-à-dire pas tout à fait aussi souples qu'un interrupteur de salon) que la production d'électricité, la nuit, est à très peu de choses près la même que celle de jour. Et si l'on consomme moins d'électricité pendant la nuit, cette production est perdue (elle servira à réchauffer puis refroidir de l'eau, parce que regarder la pluie tomber, c'est poétique et probablement bisou-compatible). Bref : les enseignes lumineuses seront éteintes, on y verra moins bien dans la nuit, mais cela n'aura aucun impact sur la production électrique, ou si faible qu'il sera négligeable.

RTE - production d'électricité constatée au 02.12.2012

Du reste, l'éclairage de ces enseignes représente une charge pour les entreprises. Or, bien que soumises à une forte concurrence, tous les jours, toutes les nuits, ces entreprises choisissent malgré tout de laisser ces affichages lumineux tourner. Cela veut probablement dire que l'économie réalisée en coupant l'enseigne ... n'en est pas une. On peut spéculer sur la perte putative de chiffre d'affaire des entreprises qui n'allumeront pas leurs enseignes la nuit, mais il est en revanche certain que EDF et les opérateurs électriques, eux, vont voir leurs ventes s'effondrer la nuit. Comme rappelé plus haut, l'électricité sera, de toute façon, produite ; mais au contraire de maintenant où une partie trouve acheteur (ce qui permet de minimiser la perte), le décret Batho entraînera immanquablement un manque à gagner pour le producteur électrique.

Devinez comment ce dernier va se rattraper ? Très probablement, en revendant le reste de son électricité plus cher. Au final, cette "économie d'énergie" mal ciblée coûtera plus cher à tous les consommateurs. Merci Delphine, merci Batho, merci boulette.

Pendant ce temps là, Cécile, elle, a un vrai maroquin avec de vraies idées pour aider la population qui en a bien besoin : faire appel à la solidarité forcée sur les institutions qui n'ont jamais rechigné à faire preuve de la charité, cette solidarité si spéciale puisque spontanée, gratuite et sans l'intermédiaire étatique. Cécile, elle a bien noté qu'il faisait plus froid actuellement. Alors Cécile, elle a décidé d'offrir généreusement les lieux de cultes chrétiens qui ne lui appartiennent pas à tous ces malheureux que le socialisme produit par milliers. Pour cela, Cécile a pris son petit Mont-Blanc (cadeau du contribuable, livré avec le maroquin) pour mettre l'archevêché de Paris en demeure d'ouvrir ses bâtiments non utilisés aux SDF, et que si c'est pas fait rapidement, elle procédera à des réquisitions d'ici à la fin du mois, non mais. Notons que Cécile n'a pas demandé qu'il en soit ainsi pour les temples juifs (pas assez grands ?) ou les mosquées parisiennes (c'eut été facétieux puisqu'il en manquerait cruellement dans la capitale).

Bref : ce sont donc aux Chrétiens de s'y coller, sous les applaudissements de Notre-Dame du maire de Paris, Bertrand Delanoë, qui habite, comme chacun le sait, un petit studio d'étudiant rikiki et ne pourra donc pas apporter lui-même sa contribution à l'accueil de SDF ... Au contraire de Cécile qui, elle, s'est immédiatement proposée pour recevoir, dans son appartement de fonction qu'elle n'occupe quasiment pas, une petite brochette de malheureux que le froid ronge (mais oui, Cécile, nous savons que tu as le cœur sur la main et que tu n'hésites actuellement sur cette proposition que pour de pures raisons d'intendances : le frigo est-il rempli correctement et le pressing a-t-il nettoyé la petite robe de cocktail que tu mettras pour la réception que tu comptes - bien sûr - organiser pour ces pauvres hères ?) - Au pire, c'est Delphine (qui s'y connaît en HLM) qui peut s'y mettre aussi, non ?

Bon, foin diplomatie et disons les choses telles qu'elles sont : comme d'habitude lorsqu'elle a une idée, Cécile est la poire proie de lubies collectivistes et de ses vieux démons autoritaires, puisqu'elle demande bruyamment que l’Église fasse quelque chose qu'elle a toujours fait. Évidemment, les bénévoles paroissiens et les ecclésiastiques ne font, eux, aucune publicité de leurs actions, au contraire de nos deux donzelles dont les buts n'ont jamais été ceux qu'elles affichaient si ostentatoirement, mais bien, avant toute autre chose, de faire parler d'elles. D'ailleurs, plusieurs associations chrétiennes l'ont expliqué assez rapidement :

« Chacun agit depuis des années dans l'ombre mais dans l'efficacité, sans effet d'annonce. »

Le bling-bling inutile, c'est plutôt l'apanage des politiciens, Duflot en tête. D'autant que, non contente de demander stupidement une action de la part de gens qui agissent déjà, la minustre du Logement ne connaît pas bien les réels problèmes qui se posent en matière d'hébergement. Tout indique que ce ne sont pas, à proprement parler, les logements qui font défaut ; la capitale, du reste, est connue pour en arborer pas mal sans usages (à commencer par les permanences de certains partis, vides ou remplis de baudruches la plupart du temps, comme celui des Verts, qui pourrait donc faire l'affaire pour héberger des nécessiteux comme le suggère l'Hérétique). Et puis, question larges espaces vides, la cavité crânienne des égéries gouvernementales se pose là... Non, ce qui fait réellement défaut, ce sont plutôt les bras et les bonnes volontés, comme l'explique l'Archevêché de Paris :

« Mais la difficulté n'est pas dans la recherche des locaux, quoiqu'ils soient déjà largement occupés, mais dans l'appel des bénévoles. Il ne s'agit en effet pas seulement d'ouvrir des portes, mais aussi d'accueillir des personnes et d'être là avec elles. »

Mais le pompon est atteint lorsque Duflot déplore vocalement que "l’État consacre des centaines de millions d'euros à loger des gens des gens dans des hôtels alors que c'est ruineux et socialement néfastes" ; ce disant, c'est un véritable camouflet à l'action bénévole et gratuite des associations caritatives, notamment de l’Église, qui, sur les paroisses parisiennes par exemple, offrent gracieusement le gîte et le couvert à 120 personnes, toutes les nuits d'hiver, nuitées qui ne coûtent pas un centime à l’État et dont la péronnelle devrait au moins avoir la décence de ne pas se foutre (sans invoquer le handicap certain que procure un crâne vide).

Magie du socialisme qui produit des pauvres et des SDF par milliers par empilement de lois et décrets idiots (celui de Batho n'étant que la partie émergée de l'iceberg de conneries incapacitantes). Magie de l'autoritarisme gouvernemental qui permet d'imposer à certains (et pas à d'autres) des mesures de solidarité là où la charité fait déjà bien mieux sans coercition. Magie de la médiatisation, des paillettes et de la fanfreluche qui poussent irrésistiblement les cuistres et les imbéciles à s'exposer lorsqu'ils disent et font des bêtises...

Plus ça va, et plus ce pays est un concentré de magie ! Il est décidément foutu, mais franchement magique.
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