Un tango des sentiments qui manque d'intensité...

Publié le 04 décembre 2012 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

Anne-Laure Teboul adapte et met en scène cette "Autopsie de l'Amour" du dramaturge mexicain Saul Enriquez. Soit, sur le plateau, la vie et la mort d'une passion entre les comédiens Myriam Kha et Alexis Desseaux. Le travail est ambitieux, il y a de l'idée, des talents sont réunis. Mais la réalisation se révèle parfois maladroite, et l'interprétation manque d'une certaine fougue. Dommage .

Le fil narratif balade le spectateur entre passé et présent. Le rideau s'ouvre tandis qu'elle et lui se disputent de chaque côté d'une porte close. L'incommunicabilité semble totale. La séquence suivante nous donne à voir leur rencontre. Ainsi, en parallèle, la flamme naît et grandit en même temps qu'elle s'éteint. L'histoire durera cinq ans. Un enfant en sera le fruit.

Ingénieusement construite et subtilement dialoguée, la pièce est efficace, prenante, émouvante. En dépit de scènes trop brèves à notre goût, l'auteur parvient à saisir, à décortiquer la mécanique des sentiments, du couple, de la vie à deux, de la rupture,  avec une vérité empreinte d'un léger et séduisant lyrisme que l'on aurait adoré entendre en espagnol. 

Les partis pris esthétiques d'Anne-Laure Teboul auraient tout pour convaincre. Afin d'accompagner le propos et ponctuer l'histoire, elle a commandé au musicien Fanco Perry des airs de tango (pas déplaisants) sur lesquels un couple en rouge et noir, dans un film projeté en fond de scène, danse voluptueusement. Evocation et prolongement de ces êtres qui se sont aimés et se déchirent sous nos yeux. Malheureusement force et ampleur font défaut à l'orchestration, la vidéo pour sa part se révèle bien rapidement conçue, quand la scénographie (elle aussi rouge et noire) n'est franchement pas des plus abouties. Frustrant.

La direction d'acteurs, enfin (et surtout !), va dans le bon sens. Les intentions sont justes. Pourtant là encore, à l'image de l'ensemble du spectacle, Myriam Kha et Alexis Desseaux jouent "petit" et peinent à nous faire partager la puissance, la violence , comme l'universalité de leur histoire. La peur de grossir le trait, de perdre en subtilité, bride la flamboyance si latine de l'état émotionnel des personnages et donne à ce tango des allures de gentille valse... Très, mais alors très frustrant.

Bon...

Photos : DR