Un très beau texte d'Umar TIMOL (Île Maurice).

Par Ananda

Il y a des jours comme ça. Où rien ne va. Où on se sent vide. Où on ne souhaite qu’une chose, dormir. Fuir, oublier. Il ne demeure plus une once d’énergie en soi. Seulement une mélancolie doucereuse qui se répand dans tous les pores de son corps. Est-ce un jour de trop grande lucidité ? Est-ce qu’on se dépouille trop vite de ses fictions ? Est-ce le prélude à la nuit d’avant la mort ? Mais peu importe. Jour où tout est gris. Où même le soleil perd sa pesanteur. Où le monde devient un enfer. Il y a des jours comme ça. Pourtant on sait le bonheur. On y goûte, on le savoure, il nous suffit de l’éblouissement de la beauté de nos enfants. On le sait et nul bonheur n’est plus grand. On sait d’ailleurs tant de choses. Qu’il faut parfois saisir le temps et en faire des audaces dont il faut se délecter. Qu’il faut démêler ses cils pour entreprendre la quête de toute beauté. On sait  tant de choses.

Mais il y a des jours comme ça.

Je rêve parfois d’un autre monde. On dira que c’est le paradis. J’y suis avec ceux que j’aime. Que j’aime trop. Un monde baigné de lumières, sans souffrance, sans malentendus, un monde intemporel, un monde investi de pureté.

Et je veux être pur. Laver mon corps de tous ses stigmates. Être pur. Comme un enfant. Renaître à la vie. Renaître à l’innocence.

Je rêve d’un autre monde. Bêtement.

Il y a des jours comme ça. Où rien ne va.

Et c’est de ce lieu que les mots émergent. Lieu du malheur à tout va. Lieu d’un corps qui s’enfouit dans la fange. Lieu de la promesse du linceul.

Tu écris pour combler. Quelque chose. D’imprécis.

Qui n’a peut-être pas de nom.

Absence.

Vide.

Larmes.

L’écriture est l’âme-sœur de la mort. Une âme-sœur qui n’est que trop tenace.

Il y a des jours comme ça.

Umar Timol